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Entretien avec Paul Greveillac, auteur des Fronts clandestins

Publié le 27 mai 2014 par Thebadcamels
Entretien avec Paul Greveillac, auteur des Fronts clandestins
A l’occasion de la sortie en librairie réelle et virtuelle des Fronts clandestins, nous avons eu le loisir d’interviewer Paul Greveillac. Disons de lui que c’est un jeune auteur (il n’a pas trente cinq ans) qui tient déjà pas mal, on le verra, du Sage. Les Fronts clandestins : estampillé coup de cœur littéraire des Bad Camels.
Matthieu Gredain : Paul Greveillac, merci d’avoir accepté notre invitation. Le sérieux de votre projet, Les fronts clandestins, dont nous allons parler, tranche assez franchement avec le potache des mauvais chameaux… Paul Greveillac : Merci à vous. J’aime bien vos critiques de cinéma. Vos articles sur le fil de l’absurde.
MG : Ah vraiment ! Un article en particulier vous vient à l’esprit ?PG : Attendez. (Sort son téléphone. Navigue un instant sur la version mobile de votre blog camelin préféré.) Ah oui. Grâce à vous j’ai découvert le magnifique Mindgame. Et surtout, vous avez réussi à me faire lire un S.A.S. 
MG : Pouvez-vous rapidement nous présenter Les fronts clandestins ?PG : Ce livre est un recueil de nouvelles inspirées d’histoires vraies. Des histoires vraies ayant chacune pour personnage central un Juste parmi les nations. Quinze hommes ou femmes comme vous et moi qui ont choisi la désobéissance et la clandestinité pour tenter de sauver des vies. En l'occurrence, des vies juives.
MG : N’a-t-on pas déjà beaucoup dit sur le sujet ? PG : Je ne pense pas. J’étais pour ma part incapable de citer un nom de Juste avant d’entamer Les fronts clandestins. On dirait par ailleurs que l’homme a la mémoire courte. Avez-vous les résultats des dernières élections européennes ? On envoie des révisionnistes - sinon pire - au parlement de Strasbourg.
MG : Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire sur les Justes ? PG : Le Juste qui sommeille en chacun de nous. Nous oublions souvent que nous valons plus que ce que nous croyons. S’en souvenir aujourd’hui est peut-être plus important que jamais.
MG : Vous pouvez nous parler un peu de quelques-uns des Justes que vous avez choisis ?PG : Il y a là notamment un champion de tennis de table croate, un directeur de cirque allemand, un docker letton, un consul japonais, un pharmacien polonais, un ancien champion de football suisse... Plus de vingt-mille Justes sont aujourd’hui "reconnus". Partie émergée de l’iceberg ? La semaine dernière, la grand-mère de ma femme me racontait qu'à treize ans, elle transportait des vivres et parfois des armes dans le panier de son vélo. Que dans le cabanon familial, on hébergeait réfugiés et maquisards sans faire dans le détail, ni poser de questions.
MG : “Dans nos ténèbres, il n'y a pas une place pour la Beauté. Toute la place est pour la Beauté.” En exergue de votre recueil, vous citez cette phrase de René Char qui, résistant, choisit de voir la Beauté dans les ténèbres. Quel sens donnez-vous à cette citation ? PG : Cette phrase est lourde de sens. L’image que nous nous faisons du monde est produit de notre perception. René Char, dans une hauteur de vue qui ne perd pas de vue la finalité de son combat, voit la grandeur de son quotidien de Résistant. On trouve également des exemples de ce type dans les récits de vie de camp. Pensons par exemple au Aliocha de Soljenitsyne (note de MG : personnage du roman Une journée d’Ivan Denissovitch, condamné à vingt-cinq ans de bagne en raison de sa religion baptiste). On peut choisir de voir le verre à moitié vide, ou à moitié plein. On peut choisir de voir ce qui nous sépare, ou ce qui relie. Les Justes, obstinés, choisirent, comme René Char, de voir la Beauté.
MG : Paul Greveillac, merci. PG : Merci à vous. (Il ajoute après une pause.) Vous venez chez moi ce soir ? Je regarde Nashville.

Le recueil Les fronts clandestins est disponible chez Amazon, la Fnac (en magasin également), La Procure (en magasin également), Decitre, votre libraire. Pour découvrir un extrait, vous pouvez par exemple vous rendre sur Google Books.

On retrouvera par ailleurs avec plaisir Paul Greveillac le vendredi 13 juin lors d’une séance de signatures à la librairie (que nous aimons beaucoup) Les Cahiers de Colette, 23-25 rue Rambuteau.

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