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Chapître 2 : les insulaires et la situation politique. Un guide spécial pour vous dissuader de passer vos vacances en Corse.

Publié le 11 juin 2014 par Cuicuinrv
Amie touriste, vacancier randonneur, chers envahisseurs continentaux.

Vous et votre petite famille, avez donc survécu aux menus tracas exposés lors du 1er chapitre. De surcroît, vous avez échappé aux ravageurs feux de forêts qui, à cause du vent,  se propagent par la cime des pins à la vitesse d'un cheval au galop. Ces incendies dégageant une fumée toxique qui vous asphyxie en quelques minutes.Je vous en félicite mais il va cependant vous falloir franchir l'étape suivante, autrement plus complexe et délicate : composer avec les habitants de cette île délicieuse - parce que Dieu, dans son infinie sagesse a souhaité équilibrer cette île enchanteresse par des habitants aussi pénibles que la nature est enjôleuse -


 2) Les insulaires.

Chers amis, lorsque vous observez les panneaux de signalisation routière, vous vous apercevez qu'ils sont constellés de gros trous... Interloqués, vous vous demandez naïvement quel insecte aurait le dard assez puissant pour percer le métal ? Et bien, vous n'y êtes pas ! La tradition corse veut que lors d'une partie de chasse aux sangliers, alors que vous revenez bredouille, vous tiriez sur ces panneaux pour bien vérifier que vous n'avez pas perdu votre "vista" au tir !

Chapître 2 : les insulaires et la situation politique.  Un guide spécial pour vous dissuader de passer vos vacances en Corse.


Mais il ne s'agit là que d'un détail.Le premier conseil que je donnerais à un continental en goguette, est avant tout la prudence. 

L'idéal serait de se crever les yeux pour ne rien voir de compromettant pour un autochtone et de se couper la langue pour ne rien dire aux autorités ni à quiconque alentour, pas même à vous. 
Il s'agirait bien entendu, d'un sacrifice bien trop lourd pour un vacancier moyen, aussi, la loi du silence devient-elle un gage de survie pour tout un chacun dans ce fieffé pays, que vous fussiez insulaire ou touriste.

Les Corses sont en général des gens charmants mais la passion et les accès de colère emportent fréquemment leur placidité. Il est donc préférable d'éviter toute discussion sur la politique, sur leur famille, sur leur charcuterie, sur la politique régionale, sur la cause des incendies et sur les attentats...En cas de début de dispute, esquivez l'escalade verbale et prétextez un rendez-vous urgent pour vous éloigner. En cas de différend routier, dû à une queue de poisson ou à un léger accrochage, restez surtout calme et détendu.


Parce qu'ici, en plus d'être très nerveux, presque tout le monde est armé comme un destroyer américain.

Mis à part ces petits désagréments, les Corses sont en général hospitaliers s'ils vous apprécient. Ils vous feront découvrir des moments intenses d'amitié et de partage, ainsi que de merveilleux vins et délicieuses charcuteries locales notamment dégustés au son de ces chants polyphoniques de bergers qui vous crispent tant.À moins, cher ami continental que vous soyez tombés sans le savoir - car ils ne vous le dirons jamais -  sur des autonomistes ou des indépendantistes.


3) Les forces politiques 

Même pour un Corse sous pseudonyme, il est particulièrement délicat de parler politique sans prêter le flanc à des rétorsions particulièrement vicieuses ou des reflux désagréables. En tout cas, les mouvements indépendantistes sont largement minoritaires, cachés sous des structures clandestines concurrentes, très actifs et animés par de vieux cadres autonomistes épaulés de nombreux jeunes.

Chapître 2 : les insulaires et la situation politique.  Un guide spécial pour vous dissuader de passer vos vacances en Corse.
La grande majorité des Corses est viscéralement à droite,  reconnaissant en Sarkozy dont les fils sont à moitié corses, une sorte de chef de clan. Rappelons hélas, que la gauche est assez peu représentée dans cette île ou le patriarcat règne en maître.Chaque famille, je puis en témoigner, est un mélange détonnant (si je puis me permettre) entre des membres dont les opinions sont aux antipodes les unes des autres. Il faut assister à certains repas de familles corses pour observer mi-interloqué, mi-inquiet combien la conception politique insulaire peut-être dévastatrice voire à la limite de la violence du combat de rue.

Cependant, en dépit de leurs dissensions ces familles resteront toujours profondément unies face à la force publique ! C'est une des constante des peuples méditerranéens, rebelles à toute autorité et difficilement gouvernables.


4) Force publique et répression.
Dans ce pays à l'identité affirmée, une certaine résistance au pouvoir central de la république ainsi que des aspirations à l'autonomie ont entraîné - comme chacun sait, divers mouvements de contestation violente (attentats) ou carrément meurtriers (règlements de comptes).
Aussi dans ce pays agité, j'ai pu constater de visu ou apprendre par des amis les méthodes employées pour poursuivre et attraper quelques fugitifs soupçonnés ou surveiller tout simplement certaines activités. 

Lignes téléphoniques espionnées, caméras autonomes posées sur des branches de sapins, micros canons, balises GPS de localisation, surveillance en plein maquis, envoi de touristes bidons pour repérer les lieux, surveillance incessante de chaque habitant de l'endroit suspect. 

Chapître 2 : les insulaires et la situation politique.  Un guide spécial pour vous dissuader de passer vos vacances en Corse.

IFF signifie i francesi fora : les Français dehors.


Jusqu'à la visite brutale à pied pour éviter le bruit d'une trentaine de gendarmes armés jusqu'aux dents, cagoulés et procédant à la fouille des maisons et bergeries d'un hameau dérisoire à la recherche d'un  ancien habitant soupçonné d'attentat.
Chacun, jeune ou vieux,  engagé ou non dans ce pays surprenant à compris qu'il faut se méfier des conversations téléphoniques, fussent-elles émises en langue corse.
La méfiance devient alors une habitude qui reste fichée dans votre comportement et dont vous ne parviendrez jamais à vous défaire.
Parfois quand je lis sur internet, les rodomontades de certains e-révolutionnaires, je ne puis m'empêcher d'esquisser un sourire moqueur sur leurs capacités à résister à une machine subtilement répressive de maintien de l'ordre établi mais redoutablement efficace malgré l'omerta qui règne ici.
Système terrifiant  qui possède encore des failles sur lesquelles il est inutile de s'appesantir.

Chère touriste, ami randonneur, continental bien-aimé.Pour votre bien, j'espère vous avoir définitivement dissuadé de passer vos vacances dans cette île paradisiaque qui aurait pu incarner l'éden sur terre si Dieu ou le Diable ou le hasard, n'y avait installé par mégarde un peuple de rebelles insoumis et caractériels.
On tente bien de se soigner mais  la convalescence risque d'être longue...
En attendant, mes compatriotes et moi-même, vous souhaitons de bonnes vacances à la Grande Motte, à Nice ou à Saint-Tropez !
PS : Un célèbre éditeur, appâté par l'idée lumineuse consistant à concevoir des anti-guides touristiques m'a joint pour réaliser des livrets sur la Bretagne ou la Côte d'Azur : j'ai fermement refusé, les guides normaux suffisant à dissuader leurs lecteurs d'un tel séjour.

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