Magazine Journal intime

récit de saison

Publié le 26 juin 2014 par Leptitlu
souvenirs du déménagement montréal-nantes en 2000... pardon à ceux qui l'ont déjà lu. mais je ne résiste pas... pour les autres ! "Mon déménagement est arrivé hier. Notez qu'on s'y attendait bien un peu, car il avait été annoncé le 18, puis le 21, puis le 26 après-midi (ça se précisait), puis le 27 à 7h30 (un peut tôt). Il est donc arrivé le 27 à 14h30. Bien entendu c'est grâce à la réduction du temps de travail que j'avais, chaque fois, pu être sur le pont, prête à l'accueillir. L'Administration, bonne fille, n'avait pas tiqué aux dépôts successifs et intempestifs de mes jours de RTT. Bref le jour dit et à l'heure de leur choix mes déménageurs sont arrivés. Ils n'auraient pas fait tâche à une partie de boule nantaise. L'un, tchatcheur émérite de l'Algérie Française (po, po, po, dis...), le cheveu long, gris et gras ; l'autre la ligne et le teint alcoolo, plus de dents, mais la clope vissée aux gencives, les deux l'haleine avinée de ceux qui ne sucent jamais de glace, et arrivant du PMU du coin où ils venaient de déjeuner, boire, fumer et jouer (nous avons, sur leur insistance, noté l'adresse de ce délicieux et prometteur estaminet, je vous la communiquerai avec plaisir). Des préliminaires savoureux sur l'opportunité de remonter les meubles démontés par leurs collègues québécois suivirent : - ils n'avaient pas, à l'évidence, franchement envie de s'y coller - pas le temps de le faire, non plus, un emploi du temps de ministre les attendant - et aucune instruction dans ce sens,
Nonobstant le fait que j'avais payé pour, et que la moutarde commençait à me monter au nez (et forte de mes expériences passées, avec, en vrac, le bois, les parquets, Sears, le ramonage...), je fis un effort pour prendre sur moi (il y a un temps pour tout, vous le savez, et là ce n'était pas celui de prendre ses aises), et dus leur montrer mon contrat pour que la légitimité de ma demande leur saute aux yeux... Ambiance... Leurs couteaux et cutters étant malheureusement introuvables, c'est donc avec notre rudimentaire matériel de cuisine qu'il se mirent néanmoins à l'ouvrage. Ils voulaient tout mettre dans le garage (pour me simplifier les choses bien sûr, sortir les bouquins un à un à mon rythme, transbahuter la vaisselle avec mes petits bras musclés, monter les vêtements au premier pour muscler mes petites jambes...). Donc discussions pour chaque paquet (52 fois). Mes arguments, les leurs, tout ça... 52 cartons plus tard et déballage des meubles faits (difficilement, avec des petits couteaux de ménage), arrive donc le moment du remontage, ils se mettent à chercher la trousse à outils. Le tchatcheur l'avait chargée la veille, mais l'alcoolo ne trouvait pas. L'alcoolo s'est donc mis à bouder, en fumant, assis sur le trottoir, pendant que le tchatcheur, du haut de son camion, le couvrait de jurons. Le tchatcheur (qui en avait dans la tête) et commençait à penser qu'il l'avait peut-être oubliée, trouve la solution.  Il sonne chez le voisin : - qui est là - qui est sympa - qui est outillé et prêteur.
C'est donc avec le matériel du voisin qu'ils se mettent à l'ouvrage (moi aussi, pour plus de rapidité, avec Quentin, madame mère enfermée dans la cuisine, goûtant modérément mes relations d'affaire). Le tchatcheur en tchatchant, l'alcoolo pas trop mal. Les deux en fumant (dans les chambres). Odeurs de transpiration. Jurons. Mégots sur les radiateurs. Envie de pisser ? Un petit tour dans le jardin. Cendres sur les parquets... Moment inoubliable... Bon, vers 21 heures l'affaire est péniblement bouclée, les meubles encore un peu branlants (ce con de voisin n'avait pas les outils vraiment adaptés...). Un doigt tendu (mais avec le sourire...le bois, le ramoneur, Sears...) en guise de pourboire, au grand dam de madame mère. Epuisée... jurant mais un peu tard, qu'on ne m'y prendrait plus. Bises à tous. Survivor Ptit Lu"

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