Ll2t 19

Depuis tant de passages de sable ou d’aiguilles,
Tant de trajets gobés par des soifs et des faims,
De filets balancés revenus sans résilles,
Et de chairs débattues et de vides parfums ;
Fragments d’anges en pièces les sacrées ampoules,
S’empilent dans un ventre de terres cryptée,
Chiffrées sans millésime, une habitude saoule,
Distillant des oublis.
Des écailles recouvrent des mots enkystés
Et poissons remontant le long sens qui s’écoule,
Ils cherchent le début de leurs yeux hébétés,
Pleurant dans les replis.
Un doux sel se mélange à des cendres profondes,
Où une plume vient tremper ses réservoirs,
Quand, réseau dérivant de son travail de sonde,
Le courant va creuser dans les aubes du soir.
Il ne se peut d’aurore que je ne décide,
Un visage lavé dans l’ombre de midi,
Ma main qui en découvre la fièvre livide,
Emerge d’une nuit ;
D’un sommeil inversé de songes alourdis,
Je déduis les chimères aux huiles acides,
Je souffle sur le code et tout abasourdi
Il remonte du puits.
Témoins refigurés d’une franche omerta,
Preuve d’avoir vécu et d’avoir traversé
Tant d’abrupts penchants, de pénibles états,
De pas décidés, d’autres à tergiverser.
Les choses évaporent finement usées,
Des prismes par lesquels parle tout ce qui vient.
Dialogues sibyllins, ignorance rusée,
Ressource de dédales.
Pour y perdre cent fois un périssable bien,
Pour y être cent fois séduit et abusé,
J’y capture un présent fait du sublime rien
Du beau sentimental.
Et pour me glisser nu, blanc, froid, et resserré,
Dans le lit volatile où la raison m’évite,
Je plonge dans mon peuple de vie avérée,
Où mes récoltes toutes croissent et méditent.