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Restavec - Milk Coffee & Sugar

Publié le 10 juillet 2014 par Pestoune

 [Couplet 1 - Suga]

Je suis un restavec, poussière de vie au destin écrit

J'suis pas pro-Aristide, moi j'meurs de vivre en Haiti

Un restavec slave, esclave, la bouche en bec

Ma chair, ma mère m'a vendu pour becqueter des insectes

J'suis l'dernier "zouaille" un jouet, un oiseau sans ailes

A mes aieux, une question : pourquoi avoir vogué vers les îles?

Je n'ai pas de maîtres blancs, que des négriers, négrillons

Je hais l'Haitien quand il cause comme un colon

Christophe, ce n'est pas mon nom, mais eux ils me parlent d'Hispaniola

Je suis un restavec, c'est ce qu'ils disent alors je reste là

Toujours à portée d'voix à les écouter, tendre l'oreille

Quand ils chantent que je suis comme un mauvais disque que l'on raye

Un sous-fifre rendu muet affamé

Voyant tout sourire comme une fleur disparue ou fanée

J'ai trop vite grandi pour pouvoir croire aux chimères

Haiti, la France t'as prise hier, aujourd'hui l'Amérique t'incarcère

Indépendante, non ! T'es comme moi, négresse

T'es qu'une restavec et non un vers de René Depestre

Moi je voulais fuir, mais j'ai sur l'dos des Staline

Qui m'empêchent de quitter le mal de l'empire Dessalines

[Refrain x2]

Les yeux éteints, mes paupières tombent mes cils

Et je rêve et je rêve et je rêve d'exil

Mes doigts courent sur une terre rouge, je m'évade

Mon béton est armé de mes rêves de ballades

[Couplet 2 - Suga]

Gonaives, il pleut du déboisement, je mange des ordures

Près de chiens errants qui confondent baisemains avec morsures

Aucun danger, j'ai le choléra en cholestérol

Quand ils me mordent, ils sucent mon sang, ça fait office de formol

J'entends leurs crocs et l'écho de maisons qui émettent en créole

Une radio interne, un son inter, la voix perçante d'une idole

Qui me pousse à croire en moi et que j'suis une légende en mini

Taille pygmée, indigène ami des paroles de Jean Dominique

Mais ça ne dure que l'temps d'une onde et quand elle finit

Je redeviens un restavec à qui l'espoir n'est pas permis

Un restavec : poucet, poussin, mauvaise pousse pour ceux

Qui ont dû oublier la passion de liberté de monsieur Toussaint

[Refrain x2]

Les yeux éteints, mes paupières tombent mes cils

Et je rêve et je rêve et je rêve d'exil

Mes doigts courent sur une terre rouge, je m'évade

Mon béton est armé de mes rêves de ballades

[Couplet 3 - Gaël Faye]

J'ai décrété : le monde est flingué selon mes critères

Pour survivre sur cette terre, j'ai dû maîtriser l'art de la guerre

J'ai les mains moites, un goût de métal dans la bouche

De l'essence et du sang des pneus qui fument et des cartouches

Jean-Bertrand, j'ai l'Koutla et l'sourire berbère tranche

Mon coeur s'perd, peine, penche vers la fureur parce que nos vies étanchent

C'est le marasme, ils veulent massacrer ma race

A mes trousses, à mes traces, j'ai les chimères Lavalas

La vie lasse harrasse, passe, les rastas la fréquentent

C'est la révolte à Port-au-Prince, y a du Marley sur la fréquence

"Get up Stand up", moi, j'mate les cohortes et les meutes

Le berceau des insurgés est un taudis, cuve d'émeutes

Ente Toussaint Louverture et Jean-Jacques Dessalines

Les mots, les dates s'alignent et puis le peuple s'allie

Haiti, première République, impasse du temps qui passe

La basse tabasse, y a du champagne dans la calebasse

[Refrain x2]

Les yeux éteints, mes paupières tombent mes cils

Et je rêve et je rêve et je rêve d'exil

Mes doigts courent sur une terre rouge, je m'évade

Mon béton est armé de mes rêves de ballades

https://www.youtube.com/watch?v=fys0BoO4WGg

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