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Jacqueline Persini-Panorias | À l’ombre du figuier

Publié le 08 août 2014 par Angèle Paoli
Topique : Le figuier
« Poésie d’un jour

Dans la cuisine l’aïeule et la petite sont assises l’une près de l’autre.
Des cahiers, des lettres éparpillées sur la table.
La voix parle et chante


À L’OMBRE DU FIGUIER

Peut-être est-ce à l’ombre de cette voix que je m’appuie pour ramasser les mots, mes mots
Ils viennent, ils s’effacent, ils viennent, ils s’effacent
Dans un trou de terre, un alphabet s’est arrêté, depuis longtemps ne tinte plus la langue grand maternelle qui a rempli mes poches d’enfant de soleil et de sécheresse de ronces et de fleurs, de cailloux et de rivières
Appuyée à son ombre, je sarcle, élague, jette
Un peu rouillé le râteau
Entre le thym et le romarin, se promènent les limaces
Le mistral étripe les herbes
Mais s’étire le figuier jusqu’à mon jardin
Je ne sais rien de ce qui s’entremêle sous la terre, de ce qui par hasard pousse ou meurt, ni de ce qui traverse de bout en bout l’hiver
Si je vomis la boue et la poussière, vais-je régler son compte au chiendent et à l’ortie ?
Les sarments rouges de l’aïeule en moi font étincelles
Pour les recevoir je me tais.

Jacqueline Persini-Panorias, Tard je t’ai reconnue, Éditions Aspect, Nancy, 2011, page 54.





JACQUELINE PERSINI-PANORIAS

Jacqueline Persini-Panorias


■ Voir aussi ▼

→ (dans la Poéthèque du site du Printemps des poètes) une fiche bio-bibliographique sur Jacqueline Persini-Panorias



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