Magazine Graphisme

Just talk with shift

Publié le 21 mai 2008 par Kanthos

Just talk with shift.
schift., un nom qui résonne comme une touche de clavier. Quoi de plus normal quand on fait de l'infographie ?
Entretien donc avec ce jeune artiste nantais de 22 ans :
Pourquoi shift. ?
Donc Timothée Mathelin aka shift. (s minuscule et le point à la fin…j’y tiens !)
Ça date d’un peu de temps…j’étais encore au lycée quand y’avait des potes à moi qui graffaient sur les murs de la ville et ils avaient tous des noms qui commençaient par des s. J’voulais rejoindre le groupe alors j’graffais plutôt mes cahiers et j’me suis trouvé un ptit nom dans le dico anglais…
De plus, cette touche du clavier, elle a la classe non ? Et surtout parce que j’aime la signification du mot. La notion de déplacement me plaît. Et pour le point, je trouve qu’un point derrière un mot accentue vraiment la signification de celui-ci.
Sorti d'un parcours plutôt commercial, tu te diriges ensuite vers la com'. Pourquoi ce changement, quel a été le déclic ?
Bien parce que tout simplement étudier le commerce de nos jours, c’est de la merde. Capitalistico-globalo-PROFITerolles et ©ompagnie, non merci. Ca m’ a ouvert sur plein de choses, notamment à m’intéresser au fonctionnement de la société humaine, mais le dégout de voir que c’est le monde du commerce qui dirige quasiment TOUT aujourd’hui m’a poussé à me barrer…
Je trouve que l’on enseigne mal le commerce.
J’me suis ensuite penché vers la communication. Le monde des médias, de la technologie et de l’art, c’est fascinant (parce que ça régule également pas mal l’activité humaine). Quand tu étudies la communication (culturelle), tu continues d’analyser le monde d’aujourd’hui, mais plus de la même manière. Evidemment en étant plus critique et puis surtout en étant beaucoup moins tourné vers le fric. Les deux sphères sont pour moi une grande source de création en tout cas.
Le déclic ça a été l’Angleterre.
Just talk with shift.
Le graphisme est venu à toi ou tu es venu à lui ?
j’sais pas trop… C’est plutôt lui qui est venu à moi je pense… société de l’image oblige. Y’en a de partout aujourd’hui… Après, on y est plus ou moins sensible.
Atouts - inconvénients du métier?
Atouts : pas d’horaire, je bosse quand j’veux, j’ai le droit de bosser en slip, moyen de rencontrer des gens cools, t’es pas énervé dans la file de la Poste, c’est une chance de faire une activité rémunérée qui te passionne.
Inconvénients : trop de PC, trop de café.
Tu bosses pour qui, quelles sont tes demandes les plus courantes ? (artistes, entreprises, perso....)
Principalement pour des gens issus du monde de la zik, surtout électronique. Mon univers s’adapte bien à cela j’crois. Donc ouais, notamment pour la Radio Prun’ à Nantes, je leur fais leur fly de soirées et d’émissions (Dubstep, Electronica, Hip Hop, Trance…), et aussi pour des artistes electronica qui vont bientôt tout niquer, allez donc écouter ce que fait Khronos…
Et peut être pour bientôt la pochette de l’illustre Phylum Sinter… parfois des trucs un peu plus « corporate » pour des magasins, les Beaux-Arts de Nantes, assos institutionnelles…
T'es installé sur Nantes donc...
Ouep. La cité de Jules Verne, de l’Elephant, et de Depth Affect !
Et on y chante Beirut quand on est ivre !
Tu bosses avec quel matériel ?
Windaube, un rephlex numérique, un giant screen, un pouf, des playlists immenses.
Penses-tu que le graphisme aujourd'hui soit accessible à tous? (notamment avec la démocratisation du Net, des outils comme Photoshop.....)
Ouais, et c’est à la fois très intéressant mais aussi assez effrayant. Le métier se déstructure, comme pour le journalisme… Je pense que oui, le graphisme devient accessible notamment de par son omniprésence mais aussi car cela fait partie de ce grand boom un peu trendy qu’est le monde de l’image et du son. Le net démocratise tout ça mais c’est un peu le bordel au final, c’est l’over graphisme qui fait partie de cette over communication…
Ensuite, on arrive tous plus ou moins à faire un petit peu d’art avec nos mains et un Photoshop qui arrive facilement chez soi, ça aide à trouver une manière de l’exprimer c’est sûr. Je fais évidemment parti de ce joli bordel rempli de doutes mais qui a des choses à dire…et donc au final pourquoi pas.
Le succès est au rendez-vous ?
Ca va, j’ai globalement toujours du taf à faire pour quelqu’un, mais j’attends beaucoup plus que cela et je suis dispo pour quiconque veut !
Just talk with shift.
Quelles ont été tes influences ? Tes artistes favoris ?
Premières véritables sources vers 12-13 ans: la série Wipeout, The Designers Republic, Akira, The Future Sound Of London.
Après c’est arrivé en masse. Dans le désordre, ça pourrait être :
Autechre, Chris Cunningham, Hecq, Clark, Chris Marker, The Ronin, Dstrukt, Diane Arbus, Scott Hansen, Terry Gilliam, Nickmeister, Darren Aronofosky, Noisia, Jean Lecointre, Anthony Kurtz, Tksh, Aldous Huxley, Albert Dupontel, Pink Floyd, Sebastiao Salgado, Pleix, Ez3kiel, Architect, Bernard Werber, Gaspard Noé, CocoRosie, Dorothy Shoes, Gunporn, Les Fils de l’Homme, Ghost in The Shell, le ciel, les arbres, les immeubles, la montagne, les oiseaux et les monstres. Ca en fait déjà pas mal non ?
Ton rêve le plus fou qui anime tes pensées de "graphiste"?
Le live.
Quels sont les arts qui t'inspirent (photo, peinture, musique..) ?
Surtout photo, photomanipulation et cinéma / vidéo. J’adore l’image photographique, réelle qui est ensuite retouchée derrière sans trop lui faire perdre son caractère originaire.
Musique évidemment. Beaucoup de choses ambient et atmosphériques. Les références du dessus illustrent bien ça.
Quels sont tes projets en ce moment ?
Des pochettes CD, des flyers, de nouvelles expos, explorer mon nouveau rephlex numérique, un label de musique en construction.
Et dans 10 ans ?
No idea. Pourquoi pas à Kyushu.
Lorsque l'on parcourt ton site internet, le mot "Futur" y est largement représenté, pourquoi?
J’suis obsédé par le futur. Je trouve tous les jours quelque chose qui me relie à cette thématique. Cela vient de mes influences, de ce que j’ai lu, vu, entendu. Mais aussi de choses plus intrinsèques, venant de mon enfance. J’ai cogité sur la question...
Tu es plutôt terre à terre ou tête en l'air ?
J’suis très terre à terre quand j’suis sur ma planète.
Un dernier mot ?
Néo. Merci d'avoir pris le temps de répondre
C’est moi.
www.futurorg.com
www.myspace.com/thefutureisbeautiful
Just talk with shift.

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