Magazine Talents
Toutes mes origines en musique et dance ...
Quand je regarde et que j'entends,
Les larmes viennent, coulent doucement,
Parce que je me souviens.
De ces personnes partis un beau matin
Pour échapper à la haine.
Stupidité et vanité humaines,
De se croire meilleur que le voisin !
Des vieilles personnes qui ne sont plus là pour en parler.
Des vieilles personnes que je n'ai pas pris le temps d'écouter.
Dans les yeux bleus du vieux monsieur et de la vieille dame,
Petite fille étourdie et rêveuse, je voyais,
Une féérie merveilleuse de courage
De valeur, d’espoir, de volonté
Le besoin indicible de survivre
Et la force résignée et tranquille
De ceux qui n’ont rien à perdre.
Que peut-on perdre de plus
Quand on a déjà tout perdu,
Et laissé loin en arrière
Racines, souvenirs et terres ?
Il le fallait, les canons grondaient.
Pour vivre, ils l’ont fait,
Marchant droit sans se retourner,
Les yeux remplis de regrets,
Et la mémoire gravement blessée.
C’était simplement leur destinée.
Et moi, tu vois, j’en ai hérité.
Ça fait mal comme elle existe
Cette appréhension stupide
Désastreuse et imaginée
Du réfugié voleur, du non français !
Et des fantômes tristes, hagards
J’en ai plein mon placard !
Pourtant je n’ai plus peur d’ouvrir,
Les vieilles portes toute grinçantes.
Souvent, sans parler, ils m’ont dit …
Etonnée et apeurée, j’étais enfant.
Mais leurs yeux m’ont toujours dit,
Murés dans un curieux silence,
Ce que, bien plus tard, j’ai compris :
Née en France,
Tu as été, tu es et tu seras un avenir …
Pour nous, les étrangers trahis,
Tes grands-parents.