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Lettre ouverte à S.E M Paul Biya: A propos de l’affaire de l’assassinat du colonel Nnanga Abo’o Pétain

Publié le 08 septembre 2014 par Menye Alain

Madame veuve NnangaPar Mme veuve Alice Nnanga

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Madame veuve Nnanga

Madame veuve Alice Nnanga

En ce jour, triste anniversaire de l’assassinat de mon mari le colonel Nnanga Abo’o Pétain, cela fera exactement huit (08) ans que l’affaire de sa froide exécution par un escadron de la mort figure en bonne place dans les rôles et plumitifs d’audiences du tribunal militaire de Yaoundé, sans que pour autant, une quelconque lumière soit apportée relativement au rendu de la justice notamment : l’identité des commanditaires, les complices et les mobiles. Il n’en faut point déduire que cette juridiction soit incapable. Monsieur le Président de la République, Je sais que votre entourage à travers ses déformations habituelles tentera une fois de plus d’infantiliser ma démarche en vous disant parfois sans connaitre les faits de la cause « c’est une manipulée ou tout simplement une opposante au régime ». Non monsieur le Président, ma démarche n’a rien de malsain. Je suppose que dans un Etat de droit, la justice n’est pas instituée pour essuyer nos larmes, encore moins pour servir d’instrument de chantage dans les batailles fratricides de positionnement politique. Elle est constituée en tant qu’institution pour dire et juger le droit en assurant un meilleur rendu de la justice. C’est ce que je demande dans l’affaire indiquée en objet.

Lettre ouverte à S.E M Paul Biya: A propos de l’affaire de l’assassinat du colonel Nnanga Abo’o Pétain

Lettre ouverte à S.E M Paul Biya, Président de la République, chef de l’Etat

Objet : Levée des immunités dans l’affaire de l’assassinat du colonel Nnanga Abo’o Pétain

Monsieur le Président de la République,

En ce jour, triste anniversaire de l’assassinat de mon mari le colonel Nnanga Abo’o Pétain, cela fera exactement huit (08) ans que l’affaire de sa froide exécution par un escadron de la mort figure en bonne place dans les rôles et plumitifs d’audiences du tribunal militaire de Yaoundé, sans que pour autant, une quelconque lumière soit apportée relativement au rendu de la justice notamment : l’identité des commanditaires, les complices et les mobiles. Il n’en faut point déduire que cette juridiction soit incapable, puisque par ailleurs, elle dispose d’éléments probants. Bien sûr, le tribunal a condamné deux tondus à une peine capitale et a pris soigneusement la peine d’ignorer les commanditaires et leurs complices. On ne commente pas les décisions de justice. Tout de même, cette décision rendue mardi le 02 septembre 2014 pose problème du point de vue du droit. Car, en reconnaissant les exécutants coupables de l’infraction d’assassinat avec port d’armes à feu, un minimum de cohérence juridique aurait amené le juge à révéler les mobiles ainsi que les commanditaires. On ne sera pas surpris d’apprendre dans les prochains jours qu’on a organisé l’évasion de ces condamnés pour fermer la page de ce procès.

En fait, on ne pouvait s’attendre à mieux d’un tribunal aux ordres, présidé par un magistrat partial, exclu, par Dénis Ekani, du corps de la police à la veille de sa sortie en 1984 dans la promotion des commissaires de police, au motif que cet individu devenu magistrat militaire aujourd’hui a détourné des biens appartenant aux putschistes du 06 avril 1984 perquisitionnés par les services de police.

En procédant à cette clarification, je n’ai pas envie d’écourter ma vie, encore moins de mettre en danger celle de mes enfants, et des témoins de l’accusation qui ont gardé leur honnêteté et dignité devant le tribunal en évitant de se rendre complice d’une parodie de justice, seulement en cas de mort suspecte de ces personnes, que les responsabilités soient clairement établies.

Monsieur le Président de la République,

Je sais que votre entourage à travers ses déformations habituelles tentera une fois de plus d’infantiliser ma démarche en vous disant parfois sans connaitre les faits de la cause « c’est une manipulée ou tout simplement une opposante au régime ». Non monsieur le Président, ma démarche n’a rien de malsain.

Je suppose que dans un Etat de droit, la justice n’est pas instituée pour essuyer nos larmes, encore moins pour servir d’instrument de chantage dans les batailles fratricides de positionnement politique. Elle est constituée en tant qu’institution pour dire et juger le droit en assurant un meilleur rendu de la justice. C’est ce que je demande dans l’affaire indiquée en objet.

Dans cet élan, je suis écœurée par les démonstrations de force innombrables et sans répit du tribunal militaire de Yaoundé, avec un certain bonheur, sur lesquelles il est temps de s’interroger, surtout au moment où cette juridiction vient de servir à l’opinion publique, au terme d’un procès kafkaeen, un verdict de la honte.

Il est surprenant de constater qu’au moment où ici comme ailleurs, le droit protège la vie des espèces animales et même végétales, que la vie humaine soit ainsi banalisée, bafouée, méprisée et non protégée.

Devant le tribunal militaire, j’ai affirmé qu’un soir, précisément le 04 septembre 2006 à minuit, rentrant de ses balades, feu mon mari m’a appris qu’il avait eu une chaude altercation avec des officiers missionnaires, proches de M. Ze Meka, lesquels lui ont demandé de s’associer à eux pour une conspiration visant à déstabiliser les institutions républicaines. Mon époux a refusé de souscrire à cette démarche moyenâgeuse par fidélité à son serment de servir avec honneur et fidélité son pays, les institutions et celui qui les incarne en l’occurrence votre Excellence.

Même un enquêteur en phase d’initiation ne peut manquer d’établir un lien de causalité entre la réunion et l’exécution précoce le 05 septembre, lendemain de cette altercation, ainsi que l’implication des occupants du domicile où fut commis cet assassinat odieux, perpétré par d’abominables scélérats pressés d’ôter la vie à mon mari pour ne pas être dénoncés par ce dernier.

L’invitation téléphonique de mon mari par une vielle maîtresse bien connue à plus d’un titre par les commanditaires tapis dans l’ombre, à se rendre en urgence dans son domicile n’aura été que l’appât pour pêcher le poisson. Il s’agit bien d’un guet à pans classique dont tout contournement ne vise qu’à étouffer la manifestation de la vérité. D’autant plus que dans le procès-verbal de clôture de l’enquête préliminaire qui sert de support à l’accusation et même à l’information judiciaire, dame Elomo Marie épouse Nko’o Nyatte Archangelo a déclaré n’avoir pas eu de nouvelles de mon mari depuis deux mois. Une exploitation du listing de ses appels téléphoniques a prouvé qu’elle avait appelé mon époux deux fois le jour de l’assassinat à 15h56 et à 16h01.

Comble de parodie, dame Archangelo a déclaré n’avoir pas suivi la détonation du coup de feu ayant tué le colonel Nnanga. Alors que la descente effectuée par le tribunal a démontré qu’elle ne pouvait ne pas avoir entendu cette détonation, en raison de la proximité de la pièce dans laquelle elle se trouvait avec le salon où le colonel a été assassiné.

Monsieur le Président de la République,

Au cours d’une enquête administrative prescrite par votre excellence, enquête dont le fond du dossier se trouve sur la table du Secrétariat d’État à la défense encore en fonction, la lumière a été faite sur les mobiles de l’exécution ainsi que les éventuels commanditaires puisque le colonel Ndam Bayard en service à l’inspection générale de la gendarmerie désigné pour conduire l’enquête spéciale, dira après avoir reçu nos dépositions : « je comprends pourquoi M. Jean-Baptiste Bokam le SED en nous transmettant votre dossier pour enquête a pris le soin d’introduire subrepticement ces deux lettres anonymes dont je vous livre la teneur…». En fait, les deux lettres confirmaient que mon mari a été exécuté pour avoir opposé un refus catégorique à une stratégie de prise de pouvoir par la force, alors en préparation au moment des faits. D’après les auteurs de ces courriers, les commanditaires de cet acte odieux n’étant autres que Akame Mfoumou et les membres de son réseau dont Abah Abah Polycarpe, Ako’o Silenou, Mbiame Emmanuel, Etonde Ekoto, Titi Pierre, Olanguena Awono Urbain.

Tous ces boucs-émissaires apparaissent dans les fiches de renseignement frelatées de M. Ze Meka, destinées à la consommation du président de la République depuis l’affaire de la poudrière.

Ayant pris connaissance du contenu de ces lettres, nous avons sans hésitation signifié au colonel Ndam que nos avis convergeaient quant au mobile de l’exécution, mais que les commanditaires présentés sont malheureusement une fausse piste créée par messieurs Ze Meka encore Mindef au moment de l’enquête administrative et le colonel Meka Meka chef de légion du littoral que nous soupçonnons d’être les inspirateurs intellectuels de ces notes de renseignement. Nous l’avons d’ailleurs consigné dans le rapport.

Le lieutenant-colonel Benjamin Ndongo Ndongo, OPJ ayant mené l’enquête, après avoir démontré avec pertinence les manœuvres de monsieur Ze Meka en symbiose avec son neveu Meka Meka Emmanuel (gendre de mme Elomo Marie épouse Nko’o Nyatte Archangelo ) alors commandant de la légion de gendarmerie du littoral concluait en audience publique que c’est pour avoir refusé l’orientation de la falsification des faits que lui avaient suggéré messieurs Ze Meka et son gendre (il lui avait été demandé de conclure comble de mascarade à une mort par accident) que cette coterie a décidé de porter atteinte à sa carrière. Monsieur Benjamin Ndongo Ndongo est vivant ; il peut reprendre ses propos qui curieusement ne semblent pas retenir l’attention du tribunal.

Aussi, avons-nous fait tenir au tribunal en audience publique, le certificat de genre de mort produit par l’hôpital militaire de Yaoundé avec la très curieuse mention AVP « accident sur la voie publique ». La fiche confidentielle de l’OPJ monsieur Damdja Gallimard, alors en service à la compagnie de gendarmerie de Yaoundé 3 (Emombo), laquelle établit la complicité active de dame Archangelo qui bénéficie de la protection de Monsieur Ze Meka dans ce dossier.

En outre, une perquisition a été effectuée dans la voiture utilisée par mon mari le jour de l’assassinat, et ceci sans la présence d’un membre de la famille du colonel Nnanga, une pseudo perquisition qui aura sorti comme d’un chapeau de prestidigitateur, une note d’information par laquelle le colonel Nnanga dénonçait à l’attention du Chef de l’Etat, un complot visant la déstabilisation des institutions de la République à l’attention du chef de l’État. Ce qui étonne c’est que cette perquisition n’a pas révélé la présence du pistolet automatique qui se trouvait dans la boite à gants et que j’ai retrouvé et remis aux autorités compétentes lorsque le véhicule nous a été rétrocédé.

Ayant pris la mesure de toutes ces insuffisances qui ont ruiné l’information judiciaire, j’ai sollicité et obtenu au forceps un supplément d’information judiciaire afin d’éviter une justice expéditive. Car au-delà de l’assassinat, il y avait matière pour une action additionnelle visant la tentative d’atteinte à la sécurité de l’Etat. A coup sûr, la conduite impartiale de cette procédure que j’appelle de tous mes vœux, devrait aboutir à l’inculpation de nouvelles personnes y compris le vrai commanditaire qui semble faire peur à toute la République, parce que dit-on, ce dernier n’hésite pas à recourir à l’assassinat dès lors que ses intérêts sont en danger. Il semble craint aussi du fait d’une proximité déclarée et affichée avec la première dame qu’il brandit comme un manteau de protection.

Le supplément d’information a duré un (01) an, délai anormalement long pour ce type de procédure. Lorsque je m’en suis plainte, il m’a été notifié par téléphone que l’affaire serait (re)enrolée pour janvier 2014. J’apprendrais par ailleurs du président dudit tribunal que M. Ndam, colonel à la retraite dont l’audition était nécessaire n’est plus au Cameroun, alors qu’il était bel et bien et vit d’ailleurs à Yaoundé.

Autre curiosité, nous apprendrons à l’audience que le tribunal a été saisi par transmission administrative et non par une ordonnance complémentaire de clôture d’instruction comme l’exige la loi. Aussi, le réquisitoire intermédiaire du commissaire du gouvernement nous fera savoir que le supplément d’information judiciaire n’a pas relevé d’autres éléments justifiant l’inculpation d’autres personnes. S’appuyait-il sur une ordonnance de renvoi fantomatique ? et pourquoi ?

 Feu le colonel Nnanga Abo’o Pétain

Feu le colonel Nnanga Abo’o Pétain

Le débat technique entre les conseils et le tribunal sur ce vice de procédure amènera le président Mvondo Akoutou à dire que le juge d’instruction dans le respect des procédures devant la justice militaire a adressé ses conclusions au parquet militaire qui les a transmises au Mindef, et que ce dernier en tant qu’autorité de poursuite n’a pas instruit d’autres inculpations.

D’après des sources concordantes, les conclusions du juge d’instruction donnaient raison sur : la complicité active de dame Archangelo protégée de monsieur Ze Meka comme nous l’avons démontré, les tentatives de falsification des faits du colonel Meka et de monsieur Ze Meka, ainsi que les mobiles politiques de l’exécution de mon mari.

J’ai attiré l’attention de l’actuel Mindef sur ces manquements en m’offusquant du peu d’intérêt accordé à la vie du chef de l’État, au-delà même de celle d’un officier de l’armée camerounaise ayant servi dignement son pays durant toute sa carrière. Il est depuis lors devenu indifférent à mes sollicitations pour que la lumière soit faite sur cette affaire.

Il est donc logique de chercher à savoir si ce dossier a servi de bouclier à monsieur Edgar Alain Mebe Ngo’o qui s’en serait servi selon des sources concordantes pour obtenir un pacte de non-agression de la mafia pouvoiriste et arrogante de M. Ze Meka, dont le rapprochement date depuis la publication par des journalistes proches de M. Ze Meka des dossiers sur « l’enrichissement illicite du Mindef en poste », antérieurement à la réunion secrète de réconciliation tenue par quelques patriarches de Zoatélé au cours de laquelle le président de la République aurait été identifié comme celui qui sème la zizanie entre les élites.

C’est aussi d’après les mêmes sources, ce qui semble justifier la mutation de l’ancien commissaire du gouvernement qui avait voulu lever toutes les immunités qui empêchent la manifestation de la vérité, et le retour en grâce des hommes de monsieur Ze Meka auprès du Mindef. Ou alors le Mindef a peur d’aller au bout par crainte des représailles de la première dame qu’on dit soutenir Ze Meka.

Non pas dans une attitude tranchée, je me contente d’interrogations dont vous jugerez de la pertinence ou non, sur cette attitude qui contraste violemment avec l’enthousiasme débordant de départ lors de sa prise de fonction.

Le rejet de l’exception de nullité soulevée par le conseil suite au vice de procédure que constitue l’absence de l’ordonnance de renvoi complémentaire, nous a amené à interjeter appel contre le jugement avant dire droit (ADD) rendu par déclaration contre l’appel du 11 avril 2014 notifié au président du tribunal à travers une lettre recommandée du 17 avril 2014. Vous n’en croirez pas vos oreilles mais le tribunal a ordonné une fin de non- recevoir et instruit le greffe de ne pas enregistrer cette demande.

Monsieur le Président de la République,

Les faits sont têtus. Il y a certainement dans cette affaire, une volonté du Tribunal militaire dans sa composition, de ne pas dire et juger le droit en toute impartialité. Il y a également des immunités qui empêchent la manifestation de la vérité. C’est la raison pour laquelle je vous implore de recevoir ma requête, vous qui êtes le protecteur de la veuve et de l’orphelin, afin que ne s’institutionnalise cette justice des hommes forts dont l’égo surdimensionné et les positions de prébende qu’ils occupent dans l’appareil d’Etat.

Pour honorer la mémoire de défunt lâchement assassiné, j’ai interjeté appel de la décision rendue en premier ressort par le tribunal militaire de Yaoundé.

Excellence, Monsieur le Président de la République,

Vous êtes le garant de l’indépendance du pouvoir judiciaire et responsable en chef de la justice, ce faisant, vous avez le pouvoir de donner une suite favorable à ma supplication. En vous remerciant d’avance, veuillez croire, Monsieur le président de la République, Excellence, en l’expression de ma très haute considération.

PJ :
 Déclaration d’appel de l’ADD que le tribunal militaire refuse de recevoir
 Certificat du genre de mort portant la mention AVP (accident voie publique)
 Fiche confidentielle de l’OPJ Damdja Gallimard établissant la complicité active de dame Archangelo.

Mme veuve Nnanga Alice

Tél : +237 77 68 26 64 / + 237 99 94 45 56 / +237 22 22 51 52

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