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Ne soyez plus des esclaves !

Publié le 10 septembre 2014 par Legraoully @LeGraoullyOff

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Ce n’est pas pour le plaisir de me répéter ni par crise de narcissisme, mais je vais tout de même vous rafraîchir la mémoire, ne serait-ce que pour vous montrer qu’il y a un fil conducteur qui relie mes articles de rentrée : hier, je vous disais en substance que le vote FN était non seulement dangereux mais de surcroît inefficace pour sanctionner les hommes politiques… C’est bien joli, mais ça ne nous dit pas quelle voie prendre pour espérer faire changer les choses. Voici donc une piste à explorer…

Que recherchent en priorité les hommes politiques, du moins ceux qui ne se soucient que de carrière et surtout pas d’idées ? Le pouvoir. On est d’accord ? Bon. Et le pouvoir, c’est quoi ? Grosso modo, c’est arriver à se faire obéir d’autrui. Donc, que redoute le plus quelqu’un qui désire le pouvoir ? Que les autres ne lui obéissent pas. Voilà : donc, pour sanctionner les hommes politiques, il faut commencer par leur désobéir. Attention ! Je ne dis pas qu’il faut se mettre à mépriser les lois au point de devenir un danger public qui met la vie d’autrui en danger : je dis seulement qu’il faut oser sortir des clous dans lesquels on cherche à nous faire traverser à tout prix, à commencer par les clous idéologiques qu’on cherche à nous enfoncer dans le crâne au quotidien. C’est pas clair ? Prenons donc un exemple précis et tout à fait actuel, celui de la fameuse et sacro-sainte « bataille pour l’emploi » au nom de laquelle on sacrifie tout, à commencer par ce que l’emploi serait censé fournir selon la vulgate capitaliste, à savoir le bien-être quotidien.

J’ai beaucoup réfléchi pendant les vacances et je vais vous dire franchement une chose : cette « bataille pour l’emploi » n’a plus aucun sens pour moi. En effet, quelle est son but, sa finalité ? Ce but, elle ne l’atteindra sans doute jamais en raison de nombreux facteurs que vous connaissez sans doute déjà, mais même sans ça, il n’en serait pas moins, en dernière analyse, absurde : il s’agirait en effet d’un retour à cette période que l’on a baptisée pompeusement les « trente glorieuses » où le chômage était un phénomène marginal ; les politiciens n’ont de cesse de nous promettre le retour à cette situation, au point de ne jamais poser LA seule question qu’il serait légitime de poser : les gens étaient-ils vraiment heureux en ce temps-là ?

Très franchement, j’en doute : il y a encore des gens qui travaillent en France et, n’en déplaise à Sarkozy, à part les rares qui ont la chance de faire un métier qui leur plait (et encore), j’en ai rarement vu aller au turbin avec une humeur radieuse qui confine à l’enthousiasme ; la « France qui se lève tôt », c’est la France qui fait la gueule, ce qui permet déjà de se faire une idée de ce qu’était la France au temps du plein-emploi et cette idée n’est pas franchement séduisante… Voilà comment on peut présenter la France des « trente glorieuses » : dès l’enfance, on était envoyé dans une école transformée en prison dans laquelle, sous prétexte de faire de nous un citoyen éclairé, on nous bourrait le crâne en vue de faire de nous un bon petit soldat, un bon petit ouvrier, un bon petit employé… Bref, on nous inculquait l’obéissance aveugle, à la suite de quoi, devenu adulte, on allait perdre huit heures par jour dans une usine ou dans un bureau à accomplir une tâche qui n’avait aucun sens pour nous et qui n’était producteur que de bidules inutiles ou nuisibles pour l’environnement ; quand je dis « huit heures », je suis optimiste : ajoutez à ça le déjeuner à la cantine avec des collègues fourbus et abrutis par une matinée pénible et les heures perdues dans les embouteillages pour aller au boulot et en revenir, et ça pouvait aller jusqu’à douze heures de perdues au bout desquelles, exténué, on n’était plus bon qu’à regarder la télé et à bouffer des saloperies surgelées. Tout ça pour pouvoir se payer un loyer dans une gigantesque cage en béton et un malheureux mois de vacances dans un bronze-cul où on s’emmerdait presque autant que dans son HLM ; et quand le boulot nous avait définitivement épuisé, on était envoyé à la retraite, bon pour la casse, citron pressé jusqu’à l’os, pauvre rebut que la société jette à la poubelle et qui n’a jamais connu qu’une vie d’enfermement…

Bref, en ce temps-là, nous étions les esclaves d’un système de production pour lequel nous sacrifiions notre santé, notre bien-être et même notre planète. Et aujourd’hui que ce système n’a plus besoin de nous, soit parce que les usines sont automatisées soit parce que ses patrons ont trouvé de plus pauvres à exploiter, voilà qu’on en redemande ! Nous sommes comme des forçats qui réclameraient des cailloux à casser ! Le capitalisme n’a plus besoin de nous, il se détourne de nous ? Dans ce cas, nous n’avons plus d’excuses pour continuer à nous conformer à son idéologie : si les patrons nous ont donné du boulot dans les « trente glorieuses », ce n’était pas pour nos beaux yeux, c’était pour se faire un max de fric sur notre dos, point barre. Demandez donc à tous ces fiers paysans, artisans et commerçants qui ont été réduits à l’état de prolétaires, littéralement sacrifiés sur l’autel du profit maximum… Le chômage n’est pas un dysfonctionnement du système production capitaliste mais au contraire sa conséquence logique en tant que ledit système réduit tout individu à sa capacité à produire le plus de richesses financières possible : à partir du moment où cette capacité est surclassée par celle d’un autre individu ou par celle d’une machine, alors l’individu est mis sur la touche sans aucun état d’âme…

Bref, il n’y aura pas de « sortie de crise » envisageable tant qu’on s’obstinera à vouloir rafistoler un système qui est déjà en bout de course, qui exploite les ressources naturelles jusqu’à épuisement et dont les principes sont les causes directes du chômage de masse : le moment est venu pour nous tous de réapprendre à vivre autrement qu’en étant les esclaves rémunérés du capitalisme, et c’est là que nous sanctionnerons vraiment les hommes politiques qui n’ont aucun autre avenir à nous proposer et qui ne veulent ne nous laisser aucune initiative, aucune maîtrise sur notre destin.

Et comment faire, me direz-vous ? Et bien restez attentifs, c’est de ça dont nous allons parler dans les jours à venir. À suivre…

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