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Commémorations

Publié le 18 septembre 2014 par Rolandbosquet

11septembre

   Le bourg et ses hameaux sont en effervescence. Dans quelques jours, sous l’œil fébrile de l’échotier du quotidien local, le maire et ses conseillers vont inaugurer la renaissance d’un dolmen à demi écroulé et perdu dans les broussailles depuis près de 6000 ans. Inaugurons, commémorons, il en restera peut-être quelque chose. C’était sans doute ce qu’attendaient nos dirigeants des innombrables cérémonies médiatico-télévisuelles dont ils ont abreuvé les programmes de télévision depuis le début de l’année. C’est aussi pour rappeler au monde ce 11 septembre qui vit une bande d’obscurantistes abattre les symboles orgueilleux de nos sociétés occidentales, les fameuses tours jumelles du Word Trade Center à Manhattan, que le président étasunien a rappelé combien son pays et ses alliés sont déterminés dans leur combat contre leurs héritiers. On croyait que la "civilisation" avançait vers la perfection. Elle patauge toujours dans la barbarie. Pierre Teilhard de Chardin doit être bien marri, là où il se trouve, de constater que l’Homme n’a toujours pas atteint le sommet de la Création. Mais quels en seraient les critères les plus déterminants s’il existait ? L’intelligence ? La débrouillardise ? Le courage ? La pugnacité ? La perspicacité ? La combativité ? L’homme peut-il même y parvenir ? Il n’est jamais que le représentant de l’une des innombrables espèces qui vivent, se reproduisent et meurent chaque jour, chaque seconde sur notre planète. Les scientifiques affirment qu’elles disparaissent de plus en plus rapidement même s’ils avouent n’en connaître guère plus du dixième. Combien ont été emportées par les bouleversements qui ont secoué la Terre depuis quatre milliards d’années ? Combien seront éliminées au cours de ceux à venir ? Par la pollution produite par son industrie, l’homme participe probablement à accélérer ces changements qui perturbent les climats tels qu’il les a connus depuis plusieurs siècles. Plus froid ici, plus chaud ailleurs, montée des eaux, dégradations des sols, de l’air, de l’atmosphère. L’homme a essaimé jusque dans les recoins les plus inhospitaliers de la planète mais saura-t-il s’adapter aux nouvelles conditions qui se profilent. Pour l’heure, sans s’inquiéter outre mesure de cet avenir incertain, il continue de vivre et de mourir comme il le fait depuis que le hasard, la nécessité ou Dieu, selon les certitudes ou les croyances, l’ont fait Homo sapiens. Il continue, imperturbable ou presque, à tuer allègrement son prochain pour un plat de lentilles, à lorgner sur la femme de son voisin, à envier son bœuf, son âne, son champ, sa voiture, son compte en banque et à prétendre être le plus fort, le plus riche, le plus honoré. Nul doute que si, un jour, l’humanité parvenait à poser le pied sur l’Himalaya de l’excellence, se trouveront dans le sillage des premiers arrivants un maçon et un ferronnier d’art pour édifier une statue et l’inaugurer en grandes pompes. Hélas, sauf à réapprendre la bonté envers lui-même et envers ses semblables, comment l’homme parviendrait-il à échapper à ses tendances suicidaires ? Et ce ne sont probablement pas quelques commémorations de plus qui aideront le monde à courir enfin joyeusement vers son avenir radieux ?

Attention, les chroniques du vieux bougon vont prochainemenrt émigrer vers la rubrique inclassables.


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