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Faire plaisir ou se faire plaisir…

Publié le 22 mai 2008 par Cameron

   La question du jour est liée à plusieurs préoccupations qui s’entrechoquent dans mon esprit, en ce moment. Je me demandais hier soir ce qu’il en était exactement du fait d’être mère, alors que la télévision me rappelait avec son manque de tact habituel de penser à la mienne, de mère, le week-end prochain. A dire vrai je n’aime pas beaucoup la fête des mères. Mais j’aime beaucoup ma mère, par contre, comme la plupart des gens. Ce qui nous a fourni un sujet de discussion idéale pour une soirée morose, si je veux être tout à fait honnête. J’ai un rapport assez fasciné au concept de maternité, mais j’ai longtemps pensé que je ne voulais surtout pas devenir mère (ceci expliquant sans doute cela). Je ne crois pas qu’on s’épanouisse par le seul fait de mettre un enfant au monde. On concrétise un amour, peut-être, on lui donne une forme absolument physique, appelée à durer, un témoignage vivant et actif, un peu de soi qui demeure dans un être qui n’est pas soi. Mais quand on est une femme, faut-il être une mère ? Y a-t-il un impératif biologique dans le désir d’avoir un enfant ? Y a-t-il davantage qu’un impératif biologique ? Ou plutôt devrais-je écrire : être une femme sans être mère est-il définitivement une incomplétude ?

   Je trouve que la question mérite réflexion. Je ne me sens ni l’envie, ni le courage d’envisager la maternité sous un autre angle que purement conceptuel, et pourtant, oui, admettons-le, cette pensée me taraude. Celle qui me chuchote discrètement qu’un divin (ou maudit, c’est selon) accident serait parfois bien pratique, parce qu’il détruirait de fait le poids de la décision. L’on m’objectera que même dans ce cas, le choix demeure possible, mais c’est précisément cette notion de choix qui me pose problème. Car enfin, faut-il faire un enfant pour soi, ou pour autrui ? Au bout du compte, c’est moi qui détermine la réponse, n’est-ce-pas ? Moi qui ai le pouvoir.

   Si c’est ça, la liberté de la femme, elle m’inspire aujourd’hui une certaine rancoeur. Toute liberté est une forme de violence, exercée contre soi ou contre son entourage, et tout choix suppose un renoncement. A l’heure où on nous rappelle de fêter nos mères pour ce qu’elles ont décidé de faire sans que nous ayons la moindre part dans leur actes, à l’heure où autour de moi se multiplient naissances et abandons, je ne peux penser qu’à une seule chose : être de quelqu’un le descendant me donne le droit, peut-être même le devoir, de vouloir durer. Y compris à travers des enfants. Pourtant, de désir il n’est pas question. Et je me demande à quoi on le reconnaît, ce fameux « désir d’enfant ». Parce que pour l’instant, il demeure hors de ma portée.


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