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L’hypocrisie pour tous

Publié le 06 octobre 2014 par Legraoully @LeGraoullyOff

10-06-Manif pour tous-GPA

Et voilà, ils ont remis ça, ces crapauds de bénitier ! Ils n’osent plus attaquer frontalement le mariage pour tous, qui est un acquis pour une majorité de Français, alors ils ont trouvé un nouveau cheval de bataille, à savoir la gestation pour autrui, qui n’est même pas dans les tuyaux du gouvernement.

Quand les braves gens entendent « mariage pour tous », ça ne les choque plus, ils pensent « Bah, il faut vivre avec son temps, chacun fait ce qu’il veut ! » Mais quand ils entendent « GPA », là, le français moyen, il monte sur ses grands chevaux, il pense « Argh, quelle horreur, on veut faire du corps humain une marchandise ! » Il aura suffi que Dame Justice décide que le recours à la procréation médicalement assistée n’est pas un obstacle à l’adoption pour ouvrir une brèche dans laquelle ces illuminés n’ont pas manqué de s’engouffrer : bien sûr, vous qui êtes intelligent et cultivé (sinon, vous ne liriez pas le Graoully), vous savez bien que PMA et GPA n’ont rien à voir, mais quand on a l’intelligence atrophiée par le JT de TF1 comme la majeure partie de nos compatriotes, comment ne pas avoir tendance à mettre spontanément dans le même sac toutes ces pratiques qu’on nous avait pas dit à l’école qu’on pouvait faire les enfants comme ça ? Alors puisque le mariage homosexuel ne fait plus peur, les intégristes agitent l’épouvantail de la GPA pour ameuter les braves gens non seulement contre le gouvernement mais aussi contre les « bobos bien-pensants » que sont forcément tous les partisans d’un soupçon de progrès moral en France…

Au nom de quoi refuse-t-on la GPA ? Au nom de la lutte contre la marchandisation du corps… Cet argument a l’air imparable. En fait, il est complètement hypocrite. Réduire le corps humain à l’état de marchandise, ça se fait déjà au quotidien, partout dans le monde, non seulement en toute impunité mais même dans la plus totale légalité : ça s’appelle le marché du travail. Qu’est-ce que c’est, entrer sur le marché du travail, à part mettre en vente sa force de travail pour gagner sa vie ? Et d’où vient la force du travail d’un être humain si ce n’est pas de son corps ? Celui qui réussit cette transaction va passer le gros de sa vie à user son corps à l’usine ou au bureau pour le profit d’un entrepreneur qui s’engraissera sur son dos : même s’il ne se tue pas à la tâche ou n’est pas emporté par quelque maladie professionnelle, il finira de toute façon complètement vidé, le corps irréparablement perclus de dommages irréparables. Vous me direz que ça ne provoque pas de drames familiaux ? Mon œil ! Combien de couples ne sombrent-ils pas dans la routine, quand ils ne se déchirent pas carrément, parce que la fatigue d’une journée de travail tue tout désir sexuel dans l’œuf ? Vous croyez que les enfants sont fiers de leurs parents quand ils les voient rentrer le soir exténués et abrutis par leur boulot de merde, tout juste bons à regarder la télé ?

Conclusion : si vous voulez vraiment lutter contre la marchandisation du corps, commencez déjà par essayer d’abolir cette abominable aliénation qu’on appelle travail salarié, ou alors reconnaissez que porter un enfant pendant neuf mois pour le compte d’une autre femme, ce n’est pas plus honteux que détériorer sciemment tout son corps pendant quarante ans pour le compte d’un infâme exploiteur. Et gardez bien en tête que la filiation, elle se construit par l’éducation et l’affection qu’on porte à un enfant et non pas par l’accouchement – je ne m’étendrai pas là-dessus car je l’ai déjà dit mille fois et j’ai horreur de me répéter.

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