Magazine Journal intime

Le travail c’est la santé

Publié le 07 octobre 2014 par Insideamerica

everwell

Et voilà que ça recommence. C’est la saison des benefits. Un faux ami en vérité. La première fois, on est tenté de traduire par « bénéfices » (on va partager du pognon ?). Et puis on se rend vite compte que c’est plus proche d’une corvée, une dîme, une gabelle, ou les trois à la fois.

Au départ, c’est vrai, les « benefits » sont considérés un complément de rémunération en nature. Aprement négociés dans les entreprises qui ne manquent pas d’employés qualifiés, ou généreusement offerts dans d’autres qui s’en servent pour attirer et retenir les meilleurs talents, les « benefits » consistent en une série d’assurances et d’avantages totalement ou partiellement financés par l’employeur. On y trouve en vrac des jours de congés en sus du minimum légal, des remboursements de frais de formation ou universitaires, des participations aux frais de garde d’enfants, des clubs de gym, et surtout, des assurances santé et retraite complémentaires.

C’est un lieu commun que de dire que les programmes sociaux américains sont peu généreux. Malgré quelques avancées, la nouvelle couverture universelle instituée par l’Administration Obama laisse les Américains extrêmement dépendants des assurances privées, et donc de la contribution des benefits offerts par leur employeur.

L’ennui c’est que chaque année, on remet tout sur le tapis. Les polices d’assurances changent au gré des bonnes et des mauvaises années. La contribution des employeurs augmente ou diminue en fonction des profits et de la politique sociale des entreprises. Et il faut refaire l’exercice de choisir son assurance santé et son plan retraite des douze prochains mois… Ou changer d’employeur

;-)
 Il est loin le pays où notre seul souci était d’écouter débattre du concept de « trou de la sécu », avec la moindre nuisance de quelques jours de grève annuels pour s’assurer qu’il reste toujours de quoi creuser pour tout le monde.

Pour équilibrer leurs comptes —ou augmenter leurs profits ?— les assureurs privés adaptent « leurs conditions de vente » chaque année. Il leur est désormais interdit de refuser de couvrir certaines personnes à risque (c’est une des avancées de la nouvelle loi), mais ils restent libre d’en ajuster les conditions. Par exemple, il est possible que les fumeurs payent leur assurance santé plus cher que les non-fumeurs.

Cette année, outre la traditionelle révision de ses tarifs, notre assurance s’est lancée dans un programme de discrimination positive. Une nouvelle idée de médecine préventive inspirée par les techniques de marketing pour encourager la responsabilité individuelle. Une sorte de médecine du travail à la carte (la médecine du travail n’est pas obligatoire dans ce pays) et à l’envers : l’idée est d’en consommer davantage, pas moins.

Le programme, baptisé « Everwell » (toujours en forme), marche comme un programme de fidélité : plus on consomme, plus on gagne des points. Plus on a de points, moins on paye d’assurance. L’avantage peut être substantiel : gagner 1000 points avant la fin du mois de Septembre, c’est faire une économie de 25% sur la cotisation de l’année prochaine.

Pour gagner des points, les petits génies du marketing —pardon, « les médecins »— nous ont concoctés pleins de petits challenges très intéressants. Un check-up sanguin et un questionnaire de santé : 400 points. Se remettre au vélo : 20 points par semaine. Arrêter de fumer: 50 points. Le programme est riche de petites et de grandes rétributions. Et les rétributions sont à la hauteur de l’effort demandé. Il faut du courage et de la détermination pour arrêter les sodas et boire de l’eau (20 points par semaine), pour diner à la maison plutôt que chez Arby’s pendant une semaine  (20 points), ou pour respirer au grand air pendant au moins 10 minutes chaque jour (20 points également) !!!

Il m’en a coûté quelques gros efforts, mais à force de challenges, je suis fier d’être parvenu à 1050 points avant la fin du mois. Chi-ching! 25% de bonus. Ouf. Jusqu’à l’année prochaine, on peut refermer les fenêtres, mettre la clim et regarder la télé tranquille en mangeant des pizzas et des ailes de poulet. Et comme, Papa John’s et Wingstop livrent à domicile, on mérite sans doute nos 20 points de « diner à la maison ». Non ?

Vous faites quoi vous pour mériter une bonne santé à pas cher ?


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Insideamerica 892 partages Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog