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Danièle Faugeras, Paroles obliques   par Michel Ménaché

Publié le 18 novembre 2014 par Angèle Paoli
Danièle Faugeras, Paroles obliques,
édition numérique,
Recours au poème éditeurs, novembre 2014.


Lecture de Michel Ménaché

Dès ma première lecture, arbitraire, de Paroles obliques, les télescopages d’images insolites, les tableaux elliptiques composés de notations énigmatiques, parfois morbides, me font penser à des illuminations rimbaldiennes d’aujourd’hui. Sans tomber dans l’imitation... Comme si des convergences se tissaient à travers les glissements sensoriels, les surimpressions, jusqu’à l’hyperbole symbolique : « l’apocalypse d’un sens surentendu. » Voisinage renforcé par l’effet d’images baroques : « la tortue chamarrée qui desservait l’oracle ramait sur la lumière en éclats du gravier… », « l’aisselle des nuages », « essaim qui nous foisonne… », « l’alchimie des braises… » Ailleurs, surgit une référence quasi-directe sous forme de question : « pour la pensée enfouie quelle illumination ? »
L’expression « rimbaldienne » de l’ennui dans le repli familial ou l’artifice des conventions sociales, fait-elle aussi écho aux fugues perpétuelles rêvées ou vécues pour échapper à « la lourde tenture des dimanches empêtrés… », fuir les « danseries factices… » ? L’invention verbale en tout cas est ici réussie et sonne juste.
Un aphorisme s’insinue parfois dans le poème, joue sur la sensation immédiate et la postulation philosophique dans la manière d’un René Char : « Donne une chance au frisson » — L’image produite en est particulièrement heureuse.
Derrière la méditation, la tentation métaphysique, l’esprit ludique est aussi à l’œuvre avec des mots-valises à la Queneau : « funambulatoires », « obliterrifiantes » (écho au titre ?). Ailleurs, avec des allitérations syncopées, appuyées même, sonne à nos tympans le glas martelé de notre finitude : « autothanatographie… » !!!
Enfin, la référence récurrente par l’illustration et les connotations technico-culturelles à l’échelle, celle de Jacob notamment, un rien ironique ou cynique quant aux « derniers qui resteront les derniers… », en guise de colonne vertébrale métaphorique, décalée et modulable, tient aussi l’ensemble de ces paroles obliques…
Conjuguant légèreté et gravité, Danièle Faugeras donne à lire un recueil à facettes diverses sur le plaisir ambivalent et l’exigence impérieuse de l’écriture…

Michel Ménaché
D.R. Michel Ménaché
pour Terres de femmes

Paroles obliques
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■ Voir aussi ▼

→ (sur Recours au poème éditeurs) la fiche de l’éditeur consacrée à Paroles obliques
→ (sur Terres de femmes) Alexandre Hollan & Danièle Faugeras | [La clématite amère]



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