Valparaiso et Pablo

20.11.07    Pour les fidיles randonneurs sur mes chemins de traverse, cet article ne leur sera pas inconnu... " En prךt sur le blog de christine : "Les cinq sens selon christian" depuis le 02 novembre ,et aprיs l'avoir prיsentי par un rיcent article : " Dיtour de chemin vers le monde libre " je le rapatrie pour ceux qui n'ont pas pu faire le "voyage"..

   Quel personnage est mieux placי pour explorer en sa compagnie une ville portuaire du Chili, dont le parfum colportי au grי des escales par les marins du monde entier reste vivace toute leur vie, quece cיlטbre יcrivain poטte : Pablo Nיruda… Tout au long d'une vie marquיe par les voyages en tant que diplomate (Colombo, Calcutta, Java, Singapour, Barcelone, Madrid, Paris, Rangoon, Batavia, Buenos-Aires…) puis un exil momentanי pour raisons politiques, il garda par ses יcrits une place de choix pour l'expression de son pays :

   « Ainsi toute ma vie, je suis allי, venu, changeant de vךtements et de planטte »

   Danse du soleil couchant sur la baie

  Pablo Nיruda avait toujours une valise prיs de lui, compagne fidטle de vies d'errances aux quatre coins du monde…Parmi ses effets personnels un inיvitable « nיcessaire d'יcrivain » lui permettant de tenir dans des carnets de voyage sa mיmoire א flot… Revenu en faveur avec le rיgime de son ami Allende alors prיsident du Chil,i il revint dans son pays :

  « Je prends congי, je rentre chez moi, dans mes rךves, je retourne en Patagonie oש le vent frappe les יtables oש l'ocיan disperse la glace. Je ne suis qu'un poטteet je vous aime tous, je vais errant par le monde que j'aime »

   Nocturne sur les " Cerros" ( les 45 collines de Valparaiso)

   Parmi ses autres lieux de rיsidence א Santiago et Isla Nיgra, Valparaiso par sa simplicitי et sa prestance tenait dans son coeur une grande place. Aprטs le renversement en 1973 du rיgime socialiste, sa destinיe le fit suivre de prטs l'assassinat du prיsident dיchu, pour quitter ce monde, deux ans aprטs avoir reחu la reconnaissance internationale par un prix Nobel de littיrature…Trente ans aprטs la disparition de ce peintre des mots, Valparaiso  la « Vallיe du Paradis », f�t dיclarיe « Patrimoine de l'humanitי » par l'Unesco , grגce notamment א l'impact de son centre historique.  

     « Il meurt lentementcelui qui ne voyage pas, celui qui ne lit pas, celui qui n'יcoute pas de musique, celui qui ne sait pas trouver grגce א ses yeux… »

   « C'est lא que je voudrais mourir et si je devais naמtre cent fois c'est lא aussi que je veux naמtre prטs de l'araucaria sauvage, des bourrasques du vent du sud et des cloches depuis peu acquises ….»

   Rues en pente et escaliers se battent contre les ascenseurs pour mener ses habitants au sommet du bonheur....

    « Valpo » comme la surnomme les marins du monde entier est un concentrי d'odeurs qui flotte au grי du vent marin. Selon les lieux, les senteurs se dיplacent comme certains marins la nuit venue א la dיmarche incertaine. Toute l'annיe flottent dans l'air  « poiscaille» et sueurs salיes rejetיes par la flotte lיgטre du port de pךche, vapeurs de mazout et fumיes גcres vomies par les cheminיes habillיes de suie de ces cargos א la jeunesse passיe, effluves torrיfiיes de l'usine de cafי prיs du centre ville. L'יtי, c'est le parfum fleuri des haies de bougainvillיes qui prend le dessus sur les terrasses יtagיes des « cerros » : multiples collines qui font comme un berceau א la baie.  

 

   Voulant cacher leur misטre les murailles pleurent leurs larmes de couleurs....  

« Lא haut, sur les falaises, la misטre fleurit א gros bouillons frיnיtiques de goudron et de gaietי. En bas, les grues, les embarcadטres, les travaux de l'homme couvrent la ceinture de la cפte d'un masque peint par le bonheur fugitif. »

   « Si nous parcourons tous les escaliers de Valparaiso, nous aurons fait le tour du monde…. »  

   Ces quelques phrases de Pablo pour faire ressortir, le caractטre attachant comme dans une image collante, de cette ville « Valpo» … Au rayon illustration on peut comparer le Chili א une grande femme alanguie : la baie de Valparaiso par ses rondeurs est comme le corsage gonflי, d'une belle et fine ingיnue qui calme la chaleur de ses pieds de braise, la « tierra de fuego » dans les courants indomptables d'une eau sauvage et glacיe…..

Dans cette ville comme un cargo encalminי dans les souvenirs passיs avec ses יtages de pont , terrasses de collines sans cesse illuminיs, les nuits sont si riches que les marins voudraient qu'elles n'en finissent jamais, qu'elles s'engluent dans les dיdales des rues, qu'elles s'enlisent dans ces escaliers glissants qui vous brisent lorsque א bord il faut rentrer. Mais l'espoir que le temps oublie de passer, ce n'est qu'un rךve que chasse cette lueur rose, allumant les feux d'une nouvelle journיe, derriטre les croupes arrondies que les « cerros » sans pudeur exposent…De ce ventre du port oש les derniers marins en goguette se retirent, c'est une autre frange humaine qui vient prendre le relais, offrant par ses multiples mיtiers les besoins insatiables de la communautי....

   Cireur de chaussures , un moment pour se " dיlasser"....

   « Valparaiso , No me olvides » (Valparaiso , ne m'oublie pas !) Ce cri du coeur inscrit en lettres malhabiles sur des murs lיpreux que les restes d'une peinture habille de ses lambeaux est la plainte rיputיe et rיpיtיe par les matelots א chaque dיpart de leur bateau !

  un cargo sur l'encre colorיe de la baie en attente de lever l'ancre...

Mes vifs remerciements aux auteurs de clichיs qui m'ont permis par l'inspiration de leurs �uvres d'interprיter א ma maniטre les diffיrentes illustrations de cet article :

   Geludys del Rosario  ( Floride): « Cargo »

    Bertrand Coustou  (Chili) : « Cireur de chaussures »

    Florence Landriot (France) pour les autres sujets