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CAMEROUN. Loi antiterroriste: de l’intellectualisme abscons à l’émotivisme abject

Publié le 04 décembre 2014 par Menye Alain

CamerounOn peut tout reprocher au pouvoir de Yaoundé mais, il y a un fait indéniable, le Cameroun est en guerre contre Boko Haram. Une loi antiterroriste est donc d’actualité. Si l’intention des autorités est louable, il faut néanmoins éviter de prendre, au nom de la lutte contre le terrorisme, des mesures susceptibles de fragiliser l’état de droit. Ceci dit, face à l’éjaculation intellectuelle et la mauvaise foi de certains, il faut rétablir la vérité, d’autant plus que la loi n’est pas encore voté mais elle passera. Il est aussi légitime de s’inquiéter, sans pour autant passer par l’invective…

Mais au juste, que dit la fameuse loi et surtout son fameux article 2 ? Elle énumère certaines infractions. On peut dire qu’il s’agit de condamner l’incitation à la haine, à la violence et la discrimination. En gros, c’est ça et rien de plus. Elle n’interdit à personne de se réunir. Elle demande simplement que certaines choses soient respectées. De voir des éminents juristes tomber dans le panneau de la manipulation, est triste. Sans être un défenseur de la peine de mort, il est étonnant que ceux qui mettent en avant ce volet vivent pour la plupart aux Etats-Unis. Dans ce pays, grande démocratie s’il en est, qu’ils vantent tant, la peine de mort est bien appliquée, surtout quand il s’agit des…noirs. Pourquoi n’en parlent-ils pas ?

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Au Cameroun, visiblement, l’abécédaire de la politique n’est pas connu. On s’appuie généralement sur du vide, un vide sidéral pour se donner une importance en faisant du copier-coller grossier voire outrancier. Pierre reprend Paul qui reprend Oumarou. Comment tenter d’interpréter ce que ne dit pas un texte ? Alors que la loi n’est pas encore votée que des apprentis-sorciers, qui avaient sans doute un projet nauséabond pour le Cameroun, crient au loup en amalgamant tout et son contraire. Les cris d’orfraie ont dépassé nos frontières. Où sont donc les juristes ? Ce sont les thuriféraires de Boko Haram qui semblent s’émouvoir. Raison de plus pour que la loi soit restrictive à souhait…

Quand on a rien à se reprocher, bien outillé pour faire changer les choses, pas besoin de procéder par la falsification pour y arriver. Et que dire de l’invective, ultime syncrétisme de la faiblesse même des « critiqueurs » obsessionnels dont l’apport constructif pour notre société n’est jamais apparu nulle part ? C’est le bal des faux-culs. Il bat son plein sur les réseaux sociaux devenus l’exutoire des losers en mal de sensation et dont le côté métaphysique laisse à désirer. Socrate croit que si l’on connaît le bien, on l’accomplit. On ne fait le mal que par ignorance, « nul n’est méchant volontairement ». Fichtre.

Le Parlement français a adopté en début du mois de novembre une loi de « lutte contre le terrorisme ». Cette dernière attaque l’individu même, ce qui n’est pas vraiment le cas au Cameroun. Nous qui aimons bien, par mimétisme, croire que tout ce que fait l’Occident est bien, il faut donc saluer cette loi. Le texte crée un « délit d’entreprise terroriste individuelle » qui sera un nouvel outil contre ceux qui se radicalisent individuellement, le plus souvent sur Internet, et passent à l’action sans contacter quiconque. L’intellectualisme éthique serait le bienvenu si et seulement s’il était assorti de probité morale. Or, au Cameroun, ce n’est point le cas.

En France, entre autres, il faudra que le projet criminel soit caractérisé par la détention d’objets ou de substances dangereuses (armes, explosifs) mais aussi par un second élément matériel (repérages, formation au maniement des armes ou aux engins explosifs, consultation habituelle de sites internet faisant l’apologie du terrorisme, etc.). Peut-être que le gouvernement camerounais devrait s’en inspirer pour améliorer cette loi qui a toute sa place au vu de l’extrême dangerosité que crée la secte islamo-terroriste Boko Haram. L’accepter, c’est aussi ça le patriotisme. La critiquer comme nous allons essayer de le faire en relevant les écueils, est constructif et positif, sans être un blanc-seing pour le gouvernement camerounais. Bref, il,s’agit d’éviter les dérives.

Dire que la loi camerounaise est mal ficelée, d’accord. Il fallait un volet sur l’injure et la diffamation raciale compte tenu de ce que nos frères du Grand nord vivent actuellement. Il y a notamment un vide juridique sur le plan tant national que sur le plan de la coopération internationale ainsi qu’une définition claire du terme terrorisme. Mais, quant à vouloir dire qu’elle ne dit pas ce qui est mentionné noir sur blanc, c’est, soit de la manipulation, soit de la mauvaise foi caractéristique. De quoi ont peur les « critiqueurs » convulsifs aux indignations sélectives, et qui n’ont jamais rien proposé de probant pour faire avancer les choses dans notre pays ? La sécurité nationale est un impératif pour chaque pays. Elle ne se négocie pas et le nombrilisme loufoque de certains, qui ne pensent qu’à leur petite personne, est inquiétant…


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