Interview clarens│«je m’attendais à rien du tout»

Si vous ne connaissez pas encore Clarens, vous allez très bientôt en entendre parler. Le bassiste du groupe rennais Juveniles a sorti chez PartyFine il y a quelques mois son premier titre, Trust, qui a rapidement fait le tour d’internet. Depuis, il a fait du chemin, sorti quelques nouveaux morceaux, jusqu’à se retrouver sur la scène du Parc des Expositions des 36e Rencontres Transmusicales de Rennes, le jeudi 4 décembre dernier. Devant un public conséquent pour un début de soirée, Clarens nous a offert un live réussi, nous emmenant avec finesse dans son univers de r’n’b électronique.

Vous étiez à Paris hier soir avec PartyFine, ça s’est bien passé?

Mortel, c’était super, je crois qu’on a même fait un léger meilleur concert qu’aux Transmusicales, plus en place, c’est assez marrant. Même si l’ambiance était moins… mais on était hyper dedans, pas trop fatigués. La fatigue est venue après, aujourd’hui, là maintenant.

À quel moment tu t’es dis que tu voulais faire le projet Clarens ?

Avec moi les choses arrivent un peu par hasard, grâce au feeling. C’est venu progressivement, il y a deux ans je me suis mis à écouter vachement de hip-hop et de musiques électroniques, ce que je n’avais jamais fait avant. Et ça m’a donné envie d’essayer de faire mes propres sons, étant donné que ce qu’il y a bien avec la musique électronique, c’est qu’on peut faire ça chez soi, sans studio, avec juste une petite carte son et un ordinateur. Donc je me suis lancé là dedans, je suis parti dans toutes les directions possibles avant de me caler dans un truc un peu plus r’n’b électronique comme ça.

Tu avais déjà ton projet Sorcery avant, pourquoi l’avoir abandonné pour Clarens ?

Sorcery c’était un peu du tâtonnement, le tout début, je commençais avec les nouveaux outils. Avant je composais juste avec la guitare et là je commençais à faire du synthé et à faire vraiment de la prod, donc ça m’a permis de tâtonner mais aussi de me faire repérer par J-S des Juveniles. Grâce à ce track que j’ai sorti sous ce nom là, J-S m’a demandé de faire un remix pour Juveniles, et c’est grâce à ça que j’ai fait des tests après pour finalement intégrer le line-up. Après c’était pas du tout réfléchi ni mûri comme Clarens, c’était un coup d’essai.

C’est allé plutôt vite, tu t’y étais préparé ?

Je m’attendais à rien du tout. Je savais qu’il y aurait une certaine puissance de frappe avec le réseau Yuksek et Party Fine, qu’il allait y avoir des retours. Mais je m’attendais pas à ce que le clip soit autant partagé par exemple, où que Trust fasse autant de lectures sur SoundCloud. Mais c’est bien, ça m’a motivé. Et ça m’a aussi mis la pression parce que quand j’ai sorti Trust j’avais pas encore beaucoup de morceaux. J’avais une direction globale mais je savais pas trop encore où je voulais vraiment aller. Je ne savais même pas que j’allais sortir Pray en single d’après. Mais ça m’a permi de me fixer, et de bosser plein de tracks dans cette direction.

Tu as sorti le clip quasiment en même temps que le titre. Comment t’es venue l’idée ? C’est super personnel, St Malo, ton frère…

Tout à fait ouais, c’était hyper important pour moi de faire ça à St Malo parce que c’est là que j’a passé la plus grande partie de ma vie. C’était important de le faire là bas et de mettre en scène mon petit frère, parce que de un il est trop beau, et de deux je trouvais ça assez cool que les gens puissent se projeter. C’est une manière de pas me mettre en scène directement, parce que j’aime pas trop ça. Et puis je voyais aussi les trucs que faisait Jungle, c’était un peu à la mode les petits gosses comme ça qui font du skateboard, donc ça permettait de joindre l’utile à l’agréable.

T’as toujours évolué dans des formations à plusieurs, notamment les Juveniles, mais tu as aussi toujours eu tes projets perso. Comment tu arrives à différencier les deux, prendre le temps pour chacun ?

Pour le moment c’est pas compliqué à gérer. Ce qui est pratique c’est que dans les Juveniles c’est J-S qui écrit les titres, moi j’interviens que sur le live, donc ça ne s’entrechoque pas. Moi j’ai le temps de faire mon propre truc. Tourner avec les deux en même temps risque d’être un petit problème mais je pense qu’on va s’arranger pour concilier les deux. De toute façon on fait tout ensemble, on vit ensemble, on joue ensemble, je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas tourner ensemble.

Pour le live tu as décidé de t’entourer, c’est une manière de vaincre ta timidité ?

J’aurai trouvé ça bizarre d’être tout seul, mes prods sont assez fournies, il y a plein d’éléments, je ne me voyais pas arriver sur scène avec un espèce de contrôleur, appuyer sur play et chanter tu vois. Je voulais que ce soit joué, qu’il y ait de la vie. C’était un peu le défi aussi de monter un live autour de Clarens parce que c’est de la musique de producteur, c’est ultra produit. Donc je voulais que ça joue un peu. Au début il y avait juste J-S avec moi mais il est bien trop occupé pour me suivre en live donc j’ai trouvé les deux musiciens. À deux ils peuvent jouer quasiment la totalité de ce qu’il y a à jouer et c’est ça que je voulais. Ils jouent tous les deux du synthé, de la gratte, les drums.. et moi je peux privilégier la voix. Vu que c’est moi Clarens, fallait que je sois en avant. Mais c’est un bon support pour vaincre la timidité, de les voir derrière moi, derrière leur espèce de bar.

Tu as eu le temps de prévoir ta scénographie !

Pas tellement au final, on a su ça cet été et on s’est décidé super tard. Il a fallu se grouiller et être efficace.

Yuksek a été le mentor de J-S pour l’album de Juveniles, qui a été le tien?

Moi c’est J-S mon mentor, il y a espèce de filiation là. Après Yuksek c’est un petit peu plus mon boss, il me permet d’avoir une certaine exposition. Il intervient aussi pas mal dans la prod, pas dans les compos mais surtout dans la prod, parce que je suis allé chez lui pour bosser les deux titres qui sont sortis. J-S a beaucoup son mot à dire, mais Yuksek aussi.

Jeudi c’était pas trop stressant de faire parti des premiers qui ouvraient le parc des expositions des Transmusicales ? C’était l’autoroute alors ? [L’autoroute fait référence à une interview donnée par Clarens pour Ouest-France]

Ah ouais, c’était grave l’autoroute. Il n’y avait pas 12 000 personnes mais c’était l’autoroute (rires). On avait juste trop hâte de jouer, il y avait la pression avant de monter sur scène, on a tellement répété, on a été accompagné par les Trans, on a eu l’occasion de faire des filages à L’Ubu, on a vraiment bossé la scène. Donc on était prêts au final, on avait plus qu’à foncer.

Alors après la promo, ça va être quoi le futur de Clarens?

Je vais me reposer un peu. Et l’année prochaine, surement lancer un nouveau single et ensuite l’album. Puis faire quelques dates, en France et ailleurs…