Le billet amer #3

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  Le Billet Amer #3  

Par L’Aigre Doux

Dernière minute :

La prise d’otages spectaculaire qui se déroule depuis plusieurs heures en plein centre de Sydney, dans un lieu, Martin Place, bien connu des Calédoniens en déplacement dans la plus importante ville d’Australie, met en relief le caractère universel du danger que la mouvance intégriste islamique a le pouvoir de provoquer.
La France, après l’affaire Merah et les violentes manifestations antisémites parisiennes et la Belgique avec la tuerie de la synagogue de Bruxelles, se trouvaient déjà sur une ligne de front informelle qui rend difficile la parade contre un adversaire déterminé et prêt au sacrifice suprême.
La distance géographique n’épargne plus aucun État, l’ennemi étant dans la place et disposant de tous les droits et libertés que lui octroie sa qualité de citoyen du pays qu’il veut terroriser.
Il s’agit d’un paradoxe jamais rencontré auparavant qui laisse les dirigeants de toutes les nations concernées, désemparés et englués dans des réglementations et un arsenal législatif qui constitue un véritable filet de protection pour les « nationaux » dont on ne peut ni interdire le départ vers les champs de bataille du djihâd , ni le retour auquel a droit tout citoyen bien qu ‘ayant combattu dans les rangs d’une entité terroriste coupable des massacres les plus affreux.
La multiplication de ces actes criminels sur nos territoires, leur cruauté inhumaine va contraindre nos sociétés à changer le logiciel de gouvernance tout empreint de compassion, de repentance, de laxisme , de laisser- faire et de laisser- aller qui caractérise la gestion de nos États démocratiques depuis des décennies. Une révolution morale qui implique la prise en compte de ces réalités sociales qu’une grande majorité de citoyens subit, dont elle dénonce régulièrement le poids insupportable dans les urnes. Sans que, jusqu’ici, les élites qui gouvernent n’aient réellement pris la mesure de l’ampleur d’un mouvement sur le point de déclencher un véritable tsunami, électoral pour le meilleur, dans la rue pour le pire.

(NDLR : la prise d’otages s’est terminée maintenant par l’assaut des forces de police et un bilan très lourd)

Le retour de Sarkozy

Résoudre la quadrature du cercle…Depuis son installation au siège de l’UMP, Nicolas Sarkozy s’essaye à relever cette gageure. Sa démarche s’apparente à celle d’un nageur entouré de crocodiles, qui doit éviter de tous côtés les mâchoires féroces qui le menacent. Sa chance, c’est d’être lui-même un super saurien de haute volée, habitué à survivre dans ce marigot politique où il patauge depuis des décennies. Force est d’admettre qu’il a plutôt bien réussi la première phase de sa reconquête de l’appareil du mouvement.

Faisant effort sur lui-même, violentant sans doute sa nature profonde et ses sentiments personnels, il a su trouver les équilibres subtils, délicats, fragiles qui ont, du moins sur le papier, mis le mouvement en ordre de marche. Le plus difficile reste à venir. Faire avancer d’un même pas une cohorte dont les membres ont passé ces deux dernières années à se combattre, à se déchirer, à se détester reste un pari hautement problématique. Plusieurs éléments permettent de penser qu’il n’est cependant pas impossible à tenir.

D’abord, le besoin de remise en ordre que tous, militants et responsables, même ceux qui génèrent les conflits, ressentent ardemment. En donnant à chaque faction une représentativité, en attribuant à chaque personnalité un rôle, Sarkozy a calmé, sans doute superficiellement, le jeu. Mais il a quand même déblayé le terrain pour que chacun puisse travailler aux échéances de 2015, cantonales et régionales, plus facilement porteuses d’unité, qui occulteront un temps la bataille présidentielle. L’Annus horibilis , si elle doit survenir, sera 2016, avec cette primaire en perspective qui libérera toutes les passions jusque -là contenues. Mais, comme disent les footballeurs milliardaires dont tout le monde apprécie la qualité d’analyse et la capacité de réflexion, il faut prendre les matches l’un après l’autre, le contexte politique national pouvant évoluer fondamentalement très rapidement suite à des échecs électoraux prévisibles, trop pénalisants pour la gauche au pouvoir.

Un effet indéniable est à retirer de cet emballement médiatique qui a entouré l’élection du président de l’UMP : la remise au centre du jeu politique de Nicolas Sarkozy, un rôle qui convient à merveille à l’ancien chef de l’Etat sachant mieux que personne, monopoliser la lumière de l’actualité et la mettre à profit pour arriver à ses fins. Ses rivaux n’ont qu’à bien se tenir. Le désormais, comme tout un chacun, candidat à la primaire de l’UMP, va emballer la machine et foncer vers son objectif sans un regard en arrière, sans se préoccuper de ceux qui passeront par -dessus bord. Attachez vos ceintures, ça va décoiffer.

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Avis de tempête

Avis de tempête maximale sur le CGS, le Contrat de Gouvernance Solidaire… Cet accord de gouvernement entre les trois sensibilités loyalistes, conclu après les élections provinciales du mois de mai dernier, plus par raison fortement influencée par l’opinion publique que par affinité, bat dangereusement de l’aile. Déjà mis à mal à plusieurs reprises, notamment sur le dossier Prony-Pernod en particulier et la politique minière en général, il se trouve désormais confronté à une opposition forte entre les différentes tendances sur les mesures fiscales envisagées pour équilibrer le budget 2015 de la Nouvelle-Calédonie : 10 milliards à trouver… dans la poche des Calédoniens.
Les accusations qui fusent de part et d’autre, les menaces évoquées quant aux conséquences d’un refus de vote d’une partie de la majorité, laissent entrevoir la fragilité d’un processus qui suscitait, dès l’origine, quelques légitimes inquiétudes sur sa pérennité. Le plus petit commun dénominateur et pourtant le plus essentiel, le maintien de la Nouvelle-Calédonie dans la République, fil conducteur de cette entente, est malmené par l’épreuve des faits. L’approche économique et sociale des trois groupes, la philosophie politique qui prévaut chez chacun d’entre eux, portaient en germe dans leur disparité la discorde mettant en péril cette unité tellement souhaitée par les Calédoniens loyalistes. Il semble qu’en la circonstance on se dirige inéluctablement vers le point de rupture qui devrait se situer lors de la séance du congrès, lundi prochain. Un joli cadeau de fin d’année pour nos concitoyens…
Si l’union est un combat, comme le disait justement Georges Marchais qui en connaissait un bout sur la question, elle semble vouée chez nous à une consternante fatalité d’échec. Ni la tentative post-législative de partage des responsabilités en 2007, ni le pacte républicain conclu après les élections provinciales de 2009, ni, semble-t-il, le CGS de 2014 n’ont pu durablement assurer l’unité de la mouvance anti-indépendantiste. Qu’en sera-t-il dans les mois à venir ? Les effets de manche du débat politique peuvent –ils obérer les enjeux essentiels de la fin de la mandature ? Gardons l’espoir que non puisqu’en politique le pire n’est jamais certain. La preuve : le budget de la Province Sud, malgré les critiques sévères et les réticences fortes a été adopté par l’ensemble des groupes signataires du CGS. Bien sûr, une hirondelle ne fait pas le printemps mais elle peut, avec de la bonne volonté et de l’imagination, en symboliser l’espérance.

L’Aigre Doux

*** Attention ce texte est une TRIBUNE LIBRE qui n’engage que son auteur ***

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