Magazine Journal intime

Je suis confused

Publié le 16 janvier 2015 par Insideamerica

J’aime les idées. Toutes les idées. C’est ma fierté d’être né dans un pays qui les défende. C’est ma fierté de vivre dans un pays qui les protège.  Les idées pour et les idées contre. Les idées justes comme les idées fausses. Les meilleures comme les pires. On ne peut pas trier les idées. Elles naissent de la controverse. Elles s’assèchent de la pensée unique.

Alors j’étais touché que des millions de Charlies défilent à Paris, et j’étais fier que ma nationalité me crédite de leur détermination à défendre la liberté d’écrire et de dessiner. Que les dessins fassent rire ou qu’ils fassent mal.

Et puis les idées contre ont émergé, comme il se doit. On les sait fausses, on les juge moches, on les trouve bêtes : mais elles sont là, toujours prêtes à offrir la controverse. La controverse qui fait grandir toutes les idées.

Trois jours se sont écoulés, et l’idée que l’on croyait défendre se retrouve déjà en boite. En plaçant Dieudonné en garde à vue pour apologie du terrorisme,  la France a enfermé la controverse et tué par la force l’idée même que l’on croyait protéger. Celle de défendre toutes les idées que l’on porte avec la plume et les crayons. Pour quatre mots —Je suis Charlie Coulibaly— proférés par un ‘humoriste’ minable. Quatre mots  suspectés d’incitation à la haine.

Ces lois qui régissent en France la liberté de penser sont étrangères aux américains (voilà que je radote : j’avais publié un article là dessus en 2008). L’Amérique est capable de bien des hypocrisies, mais pas de celle-là : si l’on doit défendre l’idée des millions qui ont marché ce dimanche, il faut aussi protéger l’idée du salaud qui marche tout seul ce mercredi.

Si la France ne défend plus que les idées défendables, c’est dommage.


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