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Le jour J

Publié le 17 janvier 2015 par Kentin Spark @KentinSpark

Dans quelques minutes, enfin, quand je serai décidé, je vais apparaître. Je ne suis pas magicien, je serais prétentieux à mon age. Je me tourne pour faire face à l'entrée. Pourtant, je suis bien à cet endroit, c'est chez moi.

La douce voix qui me berce est agréable et rassurante. Je sens la gentillesse me cajoler quand ça caresse ma maison. Je suis fort conscient que je dois déménager par manque de place, mais j'y suis tellement bien ! Allez je les fais poireauter encore cinq minutes, juste le temps de savourer une dernière fois. Voilà il est temps que je me montre.

- Aie ! Mais qu'Est-ce qu'elle me veut celle-là ? Pourquoi elle me tape ?

Je pousse un cri de guerrier. Plus tard, j'apprendrai que c'était pour me stimuler. A peine sorti, je sonde déjà la violence qui règne ici mais je ne peux plus faire demi tour. Alors, son odeur, sa voix me rassure. Par la suite, je l'appellerai " Maman ". J'aime sa tambouille. Dès que c'est l'heure, j'ai juste à téter. Hum ! C'est trop bon ! J'ai trouvé l'astuce. Il suffit de pleurer pour en avoir.

Je me sens moins fier face à cette voix grave mais attentionnée. D'ailleurs il dormait quand je suis arrivé. Après il pleurait. C'est mon papa. Faible face à cet être, si petit, si fragile. ça joue les durs mais, au fond d'eux, ils sont aussi fragile.

Je me sens comme dans un zoo. Tout le monde vient voir la bête.

- Qu'il est mignon ! Il a de bonnes joues, ce petit !

Voila les phrases que je n'ai pas de mal à retenir vu le nombre de fois où je les ai entendues. J'ai rencontré toute la famille en peu de temps. Je suis devenu le chouchou sans rien faire. Enfin, ça ne durera pas longtemps.

Le temps passe. Tous les maux sont venus m'habiter. Les dents, oui rappelez-vous des dents. Quelle douleur quand elles viennent ! Et quand elle repartent elles nous défigurent pour nous en remettre d'autres. Donnez-nous en une seule fois ! Ce serait plus simple, non ?

Sans compter les boutons, varicelle et autres maladies de ce genre. Et ces boutons d'acné à l'adolescence qui nous repoussent des autres, car on est moches. Enfin tout un programme de 0 à 18 ans. On doit suivre, écouter, obéir, apprendre, etc...

Aujourd'hui je suis majeur. Ben franchement, c'est trop dur d'assumer, de faire face à ce monde ! Je croyais être libre de voler de mes propres ailes, d'aller là où bon me semble. Ben non ! Je me rends compte que c'est la même misère, mais en plus difficile, car je suis seul sans protection directe. Assumer encore et encore, dépendre de l'autre. La violence est partout et c'est vrai. Ce n'est pas une caricature. La peur de l'avenir est là. Que vais-je devenir ?

Alors, je vais te le dire mon garçon, me dit un ancien. Tu deviendras esclave pour gagner ta vie. Tu deviendras esclave de celle ou de celui que tu aimeras. Tu deviendras esclave de tes enfants, si tu en as. Les années passeront sans t'épargner les rides du temps.

Pour finir, tu deviendras vieux. Tu ne pourras plus te déplacer car tes jambes ne seront plus. Tu seras seul dans ta maison de retraite car tes enfants n'auront plus la force ni le temps de te garder. Tu seras drogué par les médicaments, car un rien te rendra fragile. Mais le pire, tu seras prisonnier de ce corps qui ne voudra plus. Il ne te restera que les souvenirs, mais pas forcement les meilleurs. Car le meilleur souvenir, c'est celui juste avant ta naissance. Mais depuis longtemps, ta mémoire l'a supprimé. Alors pour te consoler, profite de ta vie, respecte toi !


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