Magazine Journal intime

Christine Fersen

Publié le 28 mai 2008 par Dk
Hier, j’ai appris par quelques lignes sur le net que Christine Fersen était morte la veille, à l’âge de 64 ans. Christine Fersen était la doyenne de la Comédie-Française, où elle avait été admise en 1965 – 43 ans de maison, c’est pas rien. La nouvelle de sa disparition m’a rendue triste. Pas parce que je l’avais admirée sur scène, car je n’aurais malheureusement jamais eu l’occasion de la voir jouer. Non, c’est dans un cadre un peu différent que j’ai rencontré cette dame.

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Un soir de l’an passé, je devais rejoindre Petite Femme dans un café, après son cours de théâtre. Elle m’a dit qu’elle y serait sûrement occupée à faire répéter son texte à une comédienne, de bien vouloir patienter si elles n’avaient pas fini, et que nous irions ensuite au spectacle que nous devions voir ce soir-là. Très bien. Je me rends donc dans ce petit bar de quartier du 20e, pas branché pour deux sous, juste un de ces lieux où viennent les gens du coin car le patron est sympa et les coups pas trop chers.

Petite Femme est effectivement toujours occupée, je me glisse sur la banquette à côté d’elle, et elle me présente la comédienne à qui elle fait dire et redire ses lignes : Christine Fersen. Ce qui me frappe, c'est sa voix, incroyable, une voix qui a traversé du temps, des épreuves et des pièces. Elle a l’œil qui brille et elle tempête si Petite Femme n’est pas assez dure avec elle en la faisant répéter. Elle offre une tournée de porto à tout le monde. Elle nous raconte combien ça l’emmerde de devenir doyenne de la Comédie-Française, et insiste sur le fait que cela ne veut pas dire que c’est elle la plus vieille, mais qu’elle est celle avec le plus d’années de service.

Christine Fersen avait l’habitude de venir dans ce bar régaler les aspirants théâtreux de ses histoires et de porto. Pendant quelques mois, elle s’est prise d’affection pour Petite Femme et en fit sa répétitrice hebdomadaire. Cela faisait un moment que Petite Femme ne l’avait plus vu. La dame du Français avait disparu. Maintenant, nous savons que c’est pour de bon. Et c’est moche.


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