Magazine Journal intime

Savoir avant tout développer l’art de ne rien faire

Publié le 28 mai 2008 par Gilles Poirier
Il y a 22km entre le camp et le site ou la plupart des gens du camp travaillent. Enfin, ceux qui ne reste pas dans le camp, car il y a un nombre non négligeable de personnes qui travaillent au village, entre les services administratifs qui sont multipliés à l’infini avec des secrétaires à tous les niveaux (chaque dôme a ses bureaux administratifs liés aux projets et un bâtiment spécifique regroupe l’administration générale du village), les agents de sécurité, les flics et militaires et autres maniaques de l’ordre et la discipline, les agents de nettoyage, cuisiniers, serveuses, barmaids, gérants de magasins, maitres nageurs, femmes de chambres, jardiniers, et tous les autres que l’on ne sait pas vraiment ce qu’ils font et qui souvent ne le savent pas eux-mêmes, ça fait du monde, et ça représente à peut près 70% du personnel féminin sur le site. Tous les autres, prennent le bus. Il y a le premier service de bus à 5h20 du matin pour arriver à l’heure (6h) sur le site (4 bus pour le nouveau site depuis ce village, autant depuis le village du client final + tous les bus allant sur les autres sites), puis pour les retardataires ou ceux qui ne doivent venir que occasionnellement il y a un bus à chaque heure. Pour le retour, le départ officiel est à 18h mais il y a des minibus si on doit rentrer avant. Tout ça, pour une fois arrivé sur site, attendre très souvent 8h du matin avant que les choses commencent à bouger, et encore quand on est chanceux, que tout le monde est prêt, d’attaque pour travailler, que le boulot de la journée a été défini entre toutes les parties longtemps en avance et que l’on a réussi à avoir un permis de travail dans un temps record. Donc chaque matin, je regrette un petit peu de m’être levé à 4h30 du matin pour devoir attendre, alors que j’aurai préféré être dans mon lit, et me dit que peut être demain je pourrai me lever un peu plus tard. Mais, attendre fait partie intégrante du boulot et est même sa composante principale, donc si on veut rester zen dans ce boulot, il faut savoir avant tout développer l’art de ne rien faire. Ce que l'on remarque le plus ici, c'est que le chômage n'a pas encore fait ses ravages, peut être à cause des salaires extrêmement bas que touchent les locaux, mais on est encore dans la logique ou l'on emploie dix sept personnes pour mettre un pot de fleur sur une table, celui qui va acheter le pot, celui qui le transporte, celui qui va acheter la terre, celui qui la transporte, celui qui va acheter la fleur, celui qui la transporte, celui qui met la terre dans le pot, celui qui met la fleur dans la terre, celui qui agence le pot de fleur sur la table, celui qui nettoie la terre qui est tombée en dehors du pot, celui qui arrose, celui qui contrôle les opérations, celui qui écrit le rapport sur les opérations, celui à casquette qui contrôle que tout le monde a un badge, celui qui est stagiaire et qui apprend le boulot, celui qui s'occupe du café et le boss qui se la coule douce dans son bureau en train de boire son café et de regarder son pot de fleurs et qui se dit qu'il aurait peut être fallu engager plus de personnes pour avoir plus d'une fleur dans son pot.

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