Magazine Journal intime

Lille était une fois...

Publié le 28 mai 2008 par Thierry

Je suis très branché nouveautés : je ne fais pas les friperies, je ne suis pas fan du vintage, je n'achète rien dans les brocantes ou les braderies, je n'aime que le contemporain, que ce soit en Art ou en Design. Je ne suis pas nostalgique en Mode.

Et pourtant j'ai toujours eu beaucoup de mal avec les périodes de ma vie qui se terminent, les pages de mon livre qui se tournent. Nombreuses sont les colonnes qui en témoignent sur ce blog.

Ce soir je suis allé voir Sex and the City, the Movie. Je sais, pour y avoir baigné pendant que j'étais à Lille et pour en fréquenter plus d'un maintenant que je suis sur Paris, que c'est le genre de film qu'il est bien de détester dans les milieux hype et branchés. Mais moi, je l'avoue sans honte, moi j'ai beaucoup aimé. Parce que j'ai retrouvé des vieilles copines, parce que j'ai retrouvé ces filles qui m'ont accompagné pendant plusieurs années, ces phrases avec lesquelles j'ai grandi, ces vies qui ressemblent parfois à la mienne, ces doutes et ces problèmes auxquels je me suis parfois identifié. Parce que c'était drôle, aussi. Triste, parfois. Parce qu'on en prend plein la vue grâce au fabuleux travail de Patricia Field, et parce que je suis allé le voir sur Lille.

Je suis allé le voir sur Lille parce que ma pote L. avait besoin que je sois là. Parce qu'elle était la seule à être partante pour le voir en VO. Et parce que Sex and the City, c'est là-bas, pour moi.

Après le film, L. et moi avons déambulé dans les rues de mon village. Il faisait doux, la nuit était belle, et on avait besoin de ne pas rentrer tout de suite. Nous avons parlé d'elle, de boulot, de la ville. Cette ville qui a tellement changé. Que l'on aime toujours mais qui, comme nous, a évolué. On a parlé de ce sentiment que l'on a tous deux ressenti, en revoyant ces filles se retrouver, comme au bon vieux temps, pour déjeuner, pour un verre le soir, pour errer dans leurs rues. Et nous, on a revu tout ça. Et réalisé que ce n'était plus possible. L., O. et moi à Paris, elle et A. à Lille mais sans contacts, M. si loin, O. qui va partir à Nice... Et un nouveau changement qui approche. La fin d'une nouvelle ère. Encore.

C'est là que je me suis rendu compte que nos vies n'était plus les mêmes. Les vêtements, les lieux, les rapports, les jobs... tout a changé. Accrochés à nos téléphones et à nos sacs, pendus à nos e-mails et à nos jobs ou nos études, nous n'en avions même pas encore pris conscience.
Mais là, ce soir, par cette nuit chaude et sans nuages, après ce film madeleine proustienne, l'électrochoc a été radical. On parle du coup boulot. C'est toujours moins douloureux, de se réfugier dans le pro. Tu réhausses ton sac, tu échanges quelques contacts, quelques tuyaux et tu ne penses plus, pendant quelques instants, qu'une certaine partie de ta vie a littéralement disparue.

Après quelques bises et quelques ciaos de rigueur, j'enfonce mon iPod sur mes oreilles, allume une clope et décide de repasser par mon passé. Je reprends le train pour Paris demain matin, tôt, mais qu'importe. Je ne suis pas fatigué, de toute façon. J'emprunte la rue Basse, tourne rue Lepelletier, et me retrouve devant le Bar Parallèle. Mon bar. Il y a un monde de dingue. Des hommes barbus et des filles frangées ont envahi la rue. Je vois O., le patron des lieux, au loin.Je m'arrête. Je souris. Ironie du sort, je porte pour la première fois depuis des lustres, mon vieux et fétiche jean Armani. Je me revois assis à ces tables, dans le même jean, avec mes potes, des chaussures hors de prix aux pieds et une autre paire flambant neuve à mes côtés, un cosmo sur la table, et les cendriers pleins. Je revois K. nous faire la bise quand on arrive, et savoir ce que tu vas prendre sans avoir à te le demander. Je revois mes plus grands éclats de rire, des tenues improbables, des conversations douloureuses, des disputes, des retrouvailles. Je revois une vie qui me semble aujourd'hui à des années lumière. 

Quelques visages inconnus s'interrogent de voir un gars, seul, regarder au loin des choses qu'il ne peuvent pas voir. J'envoie un message à L. : "je suis devant le Bar Parallèle. Tout ça me semble tellement loin...

 "Une époque révolue. D'autres bandes de pétasses ont pris la relève. On grandit. On évolue. On change. Comme Lille et ses bars. Vivement Paris..."

C'est vrai. C'est triste. C'est la vie...


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