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Jacques Abeille | Noirs

Publié le 04 mai 2015 par Angèle Paoli

NOIRS

I l y aura un ciel blanc trop grand

tu t'avances dans un monde

illisible - personne n'a dérobé

le nid des mésanges - et ses

nuages épais comme dans la

main d'un chêne

Le vent le vent

les corbeaux sont fous - une

aile noire te masque et le temps

passe - le moment venu tu n'as

pas su descendre - toutes tes

conquêtes tiennent dans une

boîte d'allumettes

Une bille une coquille de noix

trois points de nuit au blanc

de l'œil - la langue collée au tronc

de l'églantier - une épine sous

l'ongle - emporté par le mascaret

de son parfum - roulé - dans le

sommeil paradoxal

Les fleurs d'ail des cris derrière la haie

du gravier tes bataillons en

marche - la pluie revient et

te décolore - cloué à la porte

d'une grange


Jacques Abeille, " Ce qu'il reste d'un jeune homme qui maigrissait " in Petites proses plus ou moins brisées, Arfuyen, Collection Les Cahiers d'Arfuyen n° 222, 2015, pp. 29-30-31-32. Prix Jean Arp de Littérature Francophone pour l'ensemble de son œuvre.

Jacques Abeille |  Noirs


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