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Si vous chercher la bagarre

Publié le 06 mai 2015 par Corboland78

C’était l’année dernière, en début de soirée avec des copains, nous sirotions nos bières en terrasse du café proche de chez moi. La conversation allait bon train, nous ne nous occupions guère de ce qui se passait alentour.

Soudain la porte du café s’est ouverte brusquement et deux hommes ont roulé sur le trottoir, à nos pieds. Stupeur et phrases laissées en suspens, l’étonnement nous laissait sans voix et les yeux grands ouverts. Ils se tenaient par le col, l’un sur la défensive et l’autre prêt à lui en mettre une bonne dans un combat silencieux. Quelques clients sortis à leur suite, regardaient la scène sans qu’on sache très bien s’ils approuvaient ou non cette bagarre dont nous ne connaissions pas la cause.

Dans ces cas-là, effectivement on ne sait jamais qui a raison ou tort. A supposer qu’on puisse avoir jamais raison de se battre. Ce n’est pas la gueule des deux types qui pouvait nous renseigner, l’un avait le masque de l’abruti, confit par l’alcool ou d’autres substances, et l’autre le rictus mauvais du gars qu’on devine habitué à ces situations pugilistiques. Impossible de se fier à l’habit pour désigner le moine.

Les secondes s’écoulaient, l’empoignade durait comme au ralenti, sans vrais gestes brutaux, comme une embrassade musclée et sans amour. « Retenez-moi ou je fais un malheur » me suis-je garder de dire, car si mon instinct me conseillait d’intervenir pour séparer les combattants avant que tout cela ne dégénère en drame comme on en lit dans les journaux tous les jours, mon intelligence me susurrait à l’oreille de me tenir coi, pour ne pas me prendre un coup perdu, pas pour tout le monde. Le combat physique sous mes yeux, se transformait en affrontement moral au centre de mon cerveau.

La tension était à son comble, chez moi comme pour les deux types qui maintenant s’écharpaient plus sévèrement, quand le gong sonna. Le patron, une grande carcasse qui avait du en voir d’autres dans sa jeunesse, s’interposa et sépara les adversaires. L’un fut déclaré persona non grata et banni à vie de l’établissement, l’autre calmé et renvoyé à ses foyers, c'est-à-dire dans un commerce proche de notre café.

L’attraction close, les consommateurs retournèrent à leurs consommations qui les attendaient au comptoir, tout en discourant sur l’incident ; quant à nous nous reprîmes notre conversation où nous l’avions abandonnée.

Donc vous êtes prévenus, si vous cherchez la bagarre quand je suis dans le coin, laissez-moi quand même le temps de réfléchir à la question avant que je ne me décide. A bon entendeur, salut !  


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