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Les tout débuts de la laïcité

Publié le 29 mai 2015 par Rolandbosquet

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       Assisté à un récital de guitare en l’église paroissiale de mon village. Pour cet évènement, les bancs de bois sont pris d’assaut par un public manifestement peu habitué à fréquenter ce genre d’endroit. En attendant les artistes, ce ne sont que nez en l’air et regards dressés vers le ciel pour tenter de découvrir d’aussi magnifiques sculptures que dans la cathédrale de Strasbourg, d’aussi beaux vitraux que dans celle de Chartres et d’aussi grandioses voûtes que celles de Notre-Dame de Paris. Combien, parmi ces néophytes, ont un jour subi les affres du catéchisme ? Peu sans doute. Qu’ils se croient athées ou qu’ils se disent agnostiques, ils ignorent pour la plupart l’histoire et les bases du christianisme et se revendiquent avec ferveur de la laïcité. L’histoire du christianisme leur apporterait pourtant de précieuses informations au sujet de cette nouvelle religion du XXIe siècle. 2300 ans avant que Ponce Pilate ne fasse crucifier un certain Jésus de Nazareth pour trouble à l’ordre public, un long poème mésopotamien de 1200 vers chante l’épopée d’Atrahasis. On y trouve, entre autres révélations, comment fut fabriqué le premier homme. À cette époque reculée, les dieux qui régnaient sur la Terre et dans le ciel étaient divisés en deux catégories sociales. Il y avait ceux qui ne faisaient rien et ceux qui les servaient. Ces derniers se mirent un jour en grève, allant même jusqu’à saboter leurs outils de travail. Scandalisés comme il se doit par cette action sacrilège, les divinités oisives se réunirent en congrès pour délibérer sur la marche à suivre. Leur roi, furieux de n’avoir plus son café noir chaque matin au réveil, se montra partisan d’éliminer purement et simplement les grévistes. La colère est souvent mauvaise conseillère, même pour le roi des dieux. Son frère argumenta en faveur de la constitution d’une nouvelle race dont la fonction essentielle serait précisément de lui servir son café du matin, de balayer sa terrasse et d’assurer les repas du soir pour tous les dieux. Décision fut prise de pétrir de l’argile afin de façonner ce premier exemplaire à l’image de ses créateurs, de lui donner le sang de l’un d’entre eux de modeste condition et immolé pour l’occasion et de tenter d’insuffler un peu d’esprit dans son cerveau grâce au divin crachat de la déesse-mère. Cette nouvelle créature qu’ils appelèrent "homme" n’étant pas immortelle, les dieux estimèrent n’avoir plus de soucis à se faire. Le travail reprit en effet sans tarder. La suite révélera cependant qu’ils n’en avaient pas fini pour autant mais c’est une autre histoire. Quelques siècles plus tard, des poètes akkadiens reprirent les aventures d’Atrahasis pour écrire celles de Gilgamesh. 1000 ans s’écoulèrent ensuite avant que les auteurs de la Bible ne s’octroient sans vergogne ce récit haut en couleur. À ceci près qu’ils attribuèrent la fabrication de ce premier homme et de sa compagne à un seul dieu, ce qui était parfaitement compréhensible de la part d’une religion monothéiste. Et afin que tout un chacun comprenne bien, ils passèrent rapidement sur les épisodes de la création du monde et portèrent toute leur attention sur celle d’Adam et Ève. Or que lit-on au sujet de la fameuse disgrâce divine tombée sur eux à la suite d’une "faute" qu’ils auraient commise ? À l’instigation de sa compagne, Adam aurait consommé un fruit de l’arbre de la connaissance ! Aucun dendrologue n’a encore, à ce jour, identifié un tel arbre. Pas le moindre buisson, pas le moindre arbuste, pas le moindre baliveau ne répondent aux critères. Tout laisse donc à penser qu’il s’agit d’autre chose. Quelque chose que les auteurs de la Genèse préféraient passer sous silence. À savoir que dès son origine, l’homme n’hésita pas à prendre ses distances avec la divine autorité de son créateur. Préparant ainsi sans le savoir la séparation de l’Église et de l’État. Et posant de fait les bases même de la laïcité. On voit par-là que rien ne peut arrêter un monde en marche sur les chemins de son futur.

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