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Tambov, le tombeau des lorrains

Publié le 29 mai 2015 par Legraoully @LeGraoullyOff

TAMBOV, LE TOMBEAU DES LORRAINSAlors qu’on signait l’armistice de juin 1940 et qu’une partie de la France était occupée militairement par l’Allemagne, le statut de l’Alsace et de la Moselle n’avait pas fait l’objet d’une négociation particulière

Une annexion de fait

Néanmoins , Hitler décida, sans que jamais le décret ne soit publié officiellement , que ces deux territoires (18 octobre 1940) seraient annexés à l’Allemagne une fois de plus.
Les protestations timides de Vichy restèrent vaines : peu à peu , l’annexion de l’Alsace-Moselle devint effective, en dépit de toute légitimité.
Dans un premier temps, le régime nazi, bien qu’encourageant l’engagement volontaire, se vanta de ne pas avoir besoin des alsaciens et des mosellans pour gagner la guerre et ils ne furent donc pas mobilisés. L’engagement volontaire ne rencontra pas un très grand succès , on estime à un millier le nombre de jeunes s’étant rangés derrière la croix gammée.

La mobilisation
Constatant en 1942 l’échec des campagnes d’engagement volontaire, le gauleitner de la région , Robert Wagner expliquait que les jeunes gens étaient réticents à rejoindre l’armée allemande car ils y étaient dissuadés par leur famille. Il convainc donc Hitler de mettre en place le service militaire ce qui qui équivalait à envoyer sur le front 130000 autochtones qui , selon Wagner , aimeraient y être forcés…quel admirable cynisme…

Le drame des malgré-nous

Les malgré-nous vont se retrouver pour beaucoup sur le front de l’est.
Ignorants leur condition, les russes ne font pas de différence entre ces soldats et les soldats allemands et ils subissent donc le même sort quand ils sont capturés.
Certains malgré-nous, ne souhaitant pas combattre sous l’uniforme allemand et pensant qu’ils seront bien accueillis par les russes, désertent : hélas comme leurs compatriotes capturés , ils connaitront les tourments de l’internement.

Le Tambov , ce mouroir

Le plus connu de ces camps d’internement est le camps de Tambov.Dans un compte rendu du colloque de Hambourg sur le retour des prisonniers de guerre après 1945[9] on peut lire :

retrouver ce média sur www.ina.fr

{Les Alsaciens en uniforme allemand furent concentrés dans le camp de Tambov et subirent le sort de tous les prisonniers de la Wehrmacht, avec des conditions de vie très dures, un taux de mortalité élevé et des campagnes de rééducation antifasciste. Libérés en grande majorité durant l’automne 1945, une partie des « malgré-nous » passe pourtant plusieurs années supplémentaires en captivité. Accusés de crimes de guerre par les Soviétiques, ils se sentent trahis par la France Libre, et utilisés comme monnaie d’échange dans les négociations diplomatiques. Certains iront jusqu’à évoquer l’intervention de dirigeants communistes français afin de retarder leur retour, tant le témoignage de leur expérience ternirait l’image de l’Union soviétique. }

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Il faut dire qu’il y avait de quoi sérieusement ternir l’image soviétique : maltraitance , malnutrition , conditions d’hygiène déplorables et même tortures seront le lot quotidien de cet enfer où mourront 6 à 8000 de nos compatriotes.
Eugène Riedweg, dans son livre {Malgrè-nous} nous livre ce témoignage :
{A Tambov, les conditions de détention sont effroyables. Les prisonniers y survivent dans une effarante promiscuité et dans une hygiène déplorable, à l’abri de baraques creusées à même le sol pour mieux résister au terrible hiver russe où la température descend en dessous de moins 30°C. Un peu de soupe claire et environ 600 grammes de pain noir, presque immangeable, constituent la ration journalière estimée à 1340 calories (en comparaison, en 1944, les détenus d’Auschwitz recevaient 2000 calories par jour). On estime qu’environ un homme sur deux mourait à Tambov après une durée moyenne d’internement inférieure à quatre mois. 10 000 Français terminèrent ainsi leurs jours au camp de Tambov.On ne peut qu’être atterré par le sort de ces hommes. Alors qu’ils auraient dû connaître un traitement spécial, conformément à leur statut d’alliés, ils n’eurent droit qu’aux plus atroces tortures. Le régime du camp de Tambov fut comparé par certains à celui des camps de concentration nazis. Privés de toute liaison avec leur pays et leurs familles, ces Alsaciens et ces Lorrains se sont retrouvés oubliés de tous}

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Un retour difficile

La guerre terminée, le calvaire n’était pas fini pour les malgré-nous.Pour une partie des français , ils ont été considéré comme des traitres (ceux qui comme le chantait Renaud , « à l’abri des bombes , (…)criaient Vive Pétain » ). Ces français oubliaient que l’armée allemande , en application de la loi Sippenhaftgesetz, n’hésitaient pas à commettre des représailles sur les familles des déserteurs, comme ces 123 habitants de Longeville-lès-Saint-Avold qui furent déportés.

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Un climat tendu s’établit également lors du procès du massacre d’Oradour sur Glane auquel prirent part 13 engagés de force , condamnés à des peines de travaux forcés avant d’être amnistiés.

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Le Parti Communiste français les critiqua également fortement , remettant en cause leurs témoignages sur leurs conditions d’internement.
Les derniers malgré-nous rentrèrent au pays en 1955.

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