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Pas de deux

Publié le 08 novembre 2006 par Alain Marc

bien sûr que j'ai vu cet écueil
Mais est-ce au fond si important [...] ? D'abord garder en tête l'idée que... ; ensuite intégrer petit à petit le tiers regard dans l'écriture comme témoin, non pas voyeur, mais témoin d'un dialogue en train de se construire autour de l'écriture, autour de la lecture, autour du rapport de la lecture, de l'écriture, de l'art avec la vie, autour plus généralement de ce qui advient, jour après jour et qui nous fait réagir l'un comme l'autre, et qui nous amène sur ce point précis vers le partage avec l'autre de ce questionnement, de cette révolte, de cette joie. Etc.

La publication de cette correspondance a sans doute une fonction conservatoire ou conservatrice, pour toi surtout, tu m'as souvent exprimé ton désir de la sortir de l'ombre, je m'y suis longtemps opposée, je n'en avais pas envie et puis un jour quelque chose a changé et je crois que ce quelque chose qui a changé c'est que j'ai compris cette correspondanSe [titre de la mise en ligne] aussi comme un travail d'écriture, un travail d'écriture à deux, une danse d'écriture, où l'écriture de l'un rebondit sur celle de l'autre, en adopte souvent transitoirement quelque chose (les mots coupés, les ponts suspendus, la ponctuation, etc.). Un pas de deux. Ce qui est mon fait plus que le tien, tu restes fidèle à ta manière d'écrire, tandis que moi parfois j'emprunte la tienne, je suis dans l'empreinte de la tienne quand je te réponds, comme s'il me fallait emprunter ta voix pour bien te répondre.
Donc correspondance en devenir & terrain d'expérience, dès que le projet de publication s'est précisé, je t'ai dit que c'était cela que j'attendais, l'expérimentation d'une correspondance portée à la vue d'un plus grand nombre, un passage du duel correspondant au tiers lecteur, voire au pluriel commentateur, ce qu'implique ce passage et en quoi cette forme contemporaine d'échange épistolaire qu'est le courrier électronique intervient dans cette expérience. Question du temps, de la réactivité, de l'interactivité, ricochets et rebonds rendus possible par le caractère instantané des choses. Est-ce que cela modifie quelque chose par rapport aux correspondances échangées dans des temps où les lettres mettaient des jours, voire des semaines à toucher leur correspondant ? Il n'y a plus de temps de latence, la lettre arrive tout de suite, à peine l'encre séchée et voilà que de plus nous avons cette idée particulière de la donner à lire à plusieurs, presqu'aussi vite (mais tu noteras que nous ne sommes pas (encore ?) passés à la publication directe dans le site, nous gardons la première étape, le...). Est-ce simple équivalent de la lettre partagée en famille, lecture des "nouvelles" de l'absent ou de l'absente ? Ou bien est-ce que cela va plus loin, je crois que c'est dans la composition ET la publication de la correspondance, à partir de maintenant, que se trouveront peut-être les réponses.

Voilà de quoi réfléchir, il me semble mais je crois aussi que c'est surtout dans la pratique, qui devra rester, sans illusions, aussi libre que possible, que se dessineront peut-être des lignes de force.


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