Inès aurait pu demander à tout un chacun de reprendre sa voiture, de déguerpir, de regagner ses pénates, de s'éloigner d'elle à tout jamais. Elle préféra gérer la crise à sa manière. Elle conduirait les événements à sa guise, emmènerait ses hôtes et leurs arcanes où bon lui semblerait, pour une fois, elle régirait en maître sans avoir à se soucier des états d'âme des uns et des autres ; ils étaient à sa merci, ils n'auraient plus à la plaindre, à se lamenter sur son triste sort.
Elle s'affala plus qu'elle ne s'assit sur le nouveau canapé en rotin. Paul vint la rejoindre. Ils se taisaient. Elle alluma machinalement une cigarette et tout aussi machinalement pianota un sms à Monsieur-son-amant ; laconique, mais pas lapidaire, il exprimait sa décision de rompre une relation dépourvue d'intérêt. Elle ne l'envoya pas, elle estima que c'était secondaire, dérisoire. Elle savait qu'il n'y aurait pas de drame, pas de crise de larmes et c'était l'essentiel.