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14 juillet 2015 : Périclès et la Bastille

Publié le 14 juillet 2015 par Fbaillot

14  juillet 2015 : Périclès et la Bastille

Au printemps 1789, il y a donc 226 ans, une grande agitation règne à Paris. Les Etats Généraux ont refusé de se dissoudre et se sont transformés en Assemblée nationale constituante. En juillet, le roi Louis XVI fait venir de nouvelles troupes et renvoie Necker, ministre populaire. Le matin du 14 juillet, le peuple de Paris prend des armes aux Invalides puis se dirige vers la vieille forteresse royale de la Bastille.

La prise de la Bastille est une première victoire du peuple de Paris contre un symbole de l'Ancien Régime. L'édifice est d'ailleurs intégralement démoli dans les mois qui suivent. La "fête de la Fédération", le 14 juillet 1790 célèbre en grande pompe le premier anniversaire de l'insurrection.

Notre fête nationale a survécu à trois guerres dont deux conflits mondiaux, et bien sûr, la France d’aujourd’hui n’a que peu de choses à voir avec ce qu’elle était en juillet 1790. Notre pays a traversé de nombreux cyclones. Il a notamment durant ces trois siècles connu la colonisation puis la décolonisation.

Mais notre fête nationale nous rappelle chaque année que la guerre c’est l’échec de la diplomatie, et que nous Français, nous avons depuis longtemps fait le choix de l’alliance et de l’amitié avec nos voisins pour construire notre souveraineté, notre indépendance, notre liberté.

Je voudrais rappeler aux plus jeunes d’entre nous deux événements qui se sont déroulés également au mois de juillet il y a 53 ans : le 3 juillet 1962, le général de Gaulle reconnaît l'indépendance de l'Algérie, quelques mois après les accords d'Evian qui mettaient fin à 130 ans d’occupation française et sept ans de guerre. Quelques jours plus tard, le 8 juillet 1962, le chancelier Konrad Adenauer rend visite au président de Gaulle à Reims et à Mourmelon. Le rendez-vous avait été soigneusement préparé par le père de la Ve République, sur ces terres qui avaient vu Français et Allemands s'affronter durement lors de deux conflits mondiaux. Cette première visite d’un dirigeant allemand à son ancien ennemi scelle la réconciliation entre les deux peuples et va permettre de lancer le grand projet européen. On voit bien aujourd’hui, quels que soient les dirigeants au pouvoir dans nos deux pays, que cette amitié, qui sera scellée en janvier 1963 par le traité de l’Elysée, constitue l'axe indispensable de la construction européenne, notamment dans les périodes difficiles.

La France et l'Allemagne, autrefois ennemis héréditaires, sont aujourd'hui deux alliés, capables de surmonter les désaccords pour préserver l'essentiel : la paix sur ce continent, et la condition indispensable à sa préservation : le développement harmonieux des populations, le respect des équilibres, la reconnaissance de nos différences.

Vous l’avez compris, je voulais profiter de cette fête nationale pour rappeler quelques éléments essentiels de notre histoire qui me paraissent prendre une couleur toute particulière ces jours-ci.  Vous le savez, l’unité européenne a été mise à rude épreuve avec les négociations sur l’avenir de la Grèce et la nécessité ou pas de maintenir ce pays qui nous est cher dans la zone euro et même dans notre espace européen. Rappelez-vous, la démocratie est née à Athées, sous Périclès, au Ve siècle avant Jésus Christ. Ce lundi, au bout de la nuit, les 19 pays qui constituent la zone euro se sont mis d’accord, à l’unanimité, pour engager un troisième plan d’aide avec ce pays qui traverse une crise économique et monétaire d’une gravité exceptionnelle.

Comme beaucoup d’entre nous, je pense que le plus difficile est encore devant le peuple grec et tous les pays européens vont encore devoir se mobiliser, mais je suis satisfait que nous ayons pu nous rappeler pourquoi cet espace européen a été créé. Je suis aussi rassuré de voir que les attitudes qui nous faisaient revenir à un passé douloureux aient été écartées, que ceux qui cherchaient à opposer les Français, les Allemands, les Grecs, qui laissaient ressurgir le spectre de l’implosion européenne, de la division, du chacun pour soi ne soient pas parvenus à leurs fins.

Notre fête nationale, ce n’est qu’une date symbolique, la référence à un passé qu’on peut estimer lointain. Mais profitons de ce retour à notre histoire pour en tirer les leçons qui nous permettent de mieux comprendre notre présent et notre avenir.


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