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La Frontière: étude littéraire, Chap 1

Publié le 08 juillet 2015 par Lucie Léanne @lucieleanne75

Cette étude littéraire du chapitre 1 de La Frontière, se fera en deux ou trois articles distincts.
Je montrerai ici thèmes les plus importants, du point de vue du fond (thèmes…) comme de la forme (les figures de style). Ces thèmes, on les retrouve tout au long du roman.

Le personnage de Miléna

Internée dans une cellule d’isolement, sans effet personnel, avec juste une blouse pour pyjama, la jeune femme souffre d’hallucinations .

Les manifestations de la folie

On note le champs lexical de la glace (champs lexical : ensemble de mots -verbes, noms, adjectifs-  se rapportant à un même thème.) Ce champs est récurrent jusqu’au chapitre 3.

frontière banquise
La Glace

Le mot banquise est répété plusieurs fois p3, p5 puis d’énormes glaciers p 3 , iceberg p 4,  plaques de givre p 5.

Ces métaphores, même si ce sont des hallucinations, symbolisent la solitude, le froid intérieur que ressent Miléna. La solitude, le mal-être atteignent leur paroxysme avec la phrase p5 : Je ne suis une banquise moi aussi, une banquise qui s’effrite.
Au début du texte, Miléna était assise sur une banquise ; là, elle est prisonnière de ce monceau de glace, autrement dit d’elle-même.

Les voix

Elles sont l’expression d’une maladie  mentale ou d’une profonde angoisse: p 3 J’entends des voix dans ma tête ; des voix tranchantes comme des lames de rasoir.

Ces voix que Miléna ne peut contrôler, sont dangereuses : notons le champs lexical de la coupure: lames de rasoir p 3 puis des verbes coupe et tue . J’entends des voix (…) des voix tranchantes comme des lames de rasoirs. C’est pour cela qu’on m’a placée dans cet hôpital. Pour éviter que je  me coupe ou que je me tue.

Les voix qui hantent l’esprit de la jeune femme comme tout autre bruit dans l’hôpital, sont forcément fortes et destructrices  ainsi :  Le ciel essaie d’y entrer mais elle le repousse avec une telle hargne, une telle cruauté que parfois entre deux entrebâillements, je l’entends ricaner. p 3
La personnification de la  fenêtre (ricane) accentue la puissance des voix, des sons. La folie de Miléna raisonne dans toute la cellule.

Les écrevisses

Le mot écrevisse évoque un pincement, un raclement, une déchirure. Il est important de noter pour la suite du commentaire, que les écrevisses se nourrissent de matière organique qu’elles prennent des sédiments*.

Miléna se bat contre elles, contre ses hallucinations : Les écrevisses ont attaqué toute la nuit. Leurs pinces griffaient ma peau et leurs gros yeux noirs fouillaient mon cerveau.p 3
Miléna ne peut pas lutter contre ces crustacés qui la dévorent peu à peu : notons p 7 les verbes se jettent (sur moi), grignotent (ses membres), puis l’engloutissent . Chaque soir, elles reviennent l’attaquer, surgissent des murs de la cellule.

Le gouffre

frontière carnet
Tout dans l’hôpital psychiatrique de la Frontière, représente un gouffre, une structure qui détruit les patients en les avalant.
Quelques exemples : 

L’hôpital : Dans cet hôpital, le jour, la nuit m’avalent, me vident de mes dernières forces p 5

Mme Cuvier : (…) elle a des yeux méchants comme des gouffres avides qui vous aspirent et vous avalent. p 3

La plaquette de beurre : Est-ce qu’elle sait que la plaquette de beurre, si petite soit-elle, va lui sauter dessus et l’engloutir ?(…)qu’elle dévorera son  visage ? p 6

Les écrevisses : (…)c’est sans appel : elles ont déjà avalé la nuit.p 7

Ainsi Miléna en proie a des hallucinations, n’est plus qu’un corps sans vie. Pour le milieu hospitalier, elle n’est qu’un pion.
Avez-vous remarqué que son prénom n’est dévoilé qu’à la page 10 ? Et c’est elle, qui le dit, en évoquant un souvenir d’enfance  Tiens, voilà Miléna la tocquée!
Un an que je suis dans cet hôpital et jamais personne ne  m’a appelée par mon prénom.
p10. Le corps médical l’appelle Mademoiselle, comme bon nombre de patientes. p 10.

Mais Miléna lutte, résiste, malgré les apparences.

Photo à la une : Nana Saila Törnebladh, ma fée finlandaise


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