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La vie en solo, ou "on ne parle bien que de ce que l'on connait"

Publié le 05 juin 2008 par Newyorkaboul

20H45. J'arrive et la babysitter m'attend sagement. Mon fils dort déjà. Elle s'en va, avec cette discrétion qui la rend belle.

Sur le balcon, en compagnie de ma clope, la seule qui occupe mes soirées, mes pensées vagabondent, à propos de cet entretien. Peut être un job demain, peut être pas.

S'ils me disent non, je monterai une association pour les femmes seules. SOS Vie en solo.

Comme le dit Kauffman, dans La Femme seule et le Prince Charmant, la vie en solo est un phénomène de société. Je suis un phénomène de société. Tout comme toi, Little Sorcière, tout comme toi, qui lit mon blog derrière ton écran....

Alors je te livre quelques phrases de ce livre qui m'a ouvert les yeux, non pas sur mon handicap, mais sur un phénomène...

"Qui vit en solo, vit un déchirement identitaire, un dédoublement.
Ce dédoublement est, selon l’auteur, une donnée structurelle liée à la position, et il est absolument inévitable. « Qui est-on vraiment, celle qui se sent libre et forte, ou celle qui se sent aussi perdue qu’une enfant abandonnée ? Les deux à la fois. »

Bien qu’évoluant dans un contexte de familles recomposées, d’unions libres, la femme « solo » vit dans l’anormalité. Suggérée, en silence et à demi-mots. Un véritable « doigt accusateur » de la société, omniprésent et invisible, qui conduit à se sentir « bizarre ». La honte en est une manifestation : « Je sens ma solitude qui déborde de partout, cela attire les regards. Je crains les regards et la pitié, j’ai honte d’être seule. »

Le « solo » est atteint d’un « mal de l’infini », rien ne le contente, car il est libre, trop libre. « La vie est ouverte et l’avenir non encore enfermé, que des croisées ne cessent de se présenter entre chemins très différents ». Une infinie de possibilités déroutante.

Au quotidien, le solo est dans la réflexivité, il se pose maintes questions, sur lui-même, questions qui ne trouvent pas forcément de réponses. L’exercice mental est fatiguant, trop sérieux pour le prendre à la légère.

Une double réflexivité en fait : D’une part, des questionnements relatifs au Pourquoi ? Pourquoi suis je dans cette situation ? pourquoi moi ? pourquoi cette vie bizarre ?

Il est provoqué par l’extériorité à la norme, le décalage. Lorsqu’une personne se situe au cœur de la norme, elle s’interroge peu sur cette norme, mais plus il y a éloignement de la norme, plus il est nécessaire de s’interroger sur cette norme.

D’autre part, les questions concernant les choix, les décisions. La femme qui vit en "solo", parce qu’elle est plus libre, a plus d’options, et se retrouve avec de nombreuses alternatives, en face à face avec ses désirs, et les choix à opérer. « C’est cela qui est difficile dans une vie de solitaire, c’est qu’il faut sans cesse l’inventer. »

« Avec le Soi divisé de la vie en deux : la réflexivité est un dialogue permanent ».

Alors de manière assez naturelle, probablement pour se libérer un peu, la femme en « solo » écrit. Journal intime. Aujourd’hui, blog. Le journal/blog « se développe toujours en parallèle à des crises identitaires. Car il est l’instrument du dialogue avec soi. »


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