Magazine Journal intime

Alors j'ai eu envie de fumer une clope, de pleurer un peu...

Publié le 14 août 2015 par M.

Alors j'ai eu envie de fumer une clope, de pleurer un peu, de rentrer à la maison surtout, de retrouver ma chambre chauffée par le soleil d'été et les post-its sur la fenêtre et tes doigts sur ma joue, nous n'aurions jamais du sortir. J'étais dans le métro je faisais des mots fléchés, j'étais sûre que tu allais t'asseoir à côté de moi et me souffler les réponses, j'avais un peu mal à la tête mais j'ai continué par peur de te rater, et puis quelqu'un d'autre s'est assis à ta place, un asiatique avec un sac de sport, et quand il est finalement descendu j'avais déjà rangé le cahier. Tu n'est jamais revenu. Je suis dérisoire sans toi. Les années passent comme les regards, à travers moi. Il n'y a jamais eu que toi pour me voir. Tu me manques et les gens ne comprennent plus, ça fait trop longtemps, ils se lassent du chagrin perpétuel et du spectacle de la veuve dans son petit étui de plastique, ils me répondent avec ce ton légèrement agacé, tu veux pas passer à autre chose ? En mon fort intérieur, dans mes murailles glacées, je dis : vous n'avez rien compris. Quel gâchis, cet amour comme une vague qui s'écrase toujours sur la même falaise et se reforme à l'infini, quel gâchis oui quand je vous vois trépigner, mordre et crier, vous jeter à terre, à quoi servait-il de l'écrire si ma peau est vouée à sécher sous le voile poussiéreux de celles qu'on ne déshabille plus. Qu'on m'en dépouille, de l'amour, je ne sais plus quoi en faire. Prenez tout. Ne laissez rien derrière. J'aurais accepté que tu en veuilles ou que tu n'en veuilles pas, que tu m'en veuilles, que tu fasses n'importe quoi pourvu que tu sois là pour jouer ta part. Mais pas le silence. Pas ce silence. Aujourd'hui il est un peu tard, j'ai toujours été vieille et désormais, je suis inhabitée. C'est le froid qui m'étreint, je veux rentrer à la maison. Chambre 112. La place rouge. Te retrouver. Ne plus sortir.


Retour à La Une de Logo Paperblog