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"C'était alors, quand, les chaleurs passées..."

Publié le 02 septembre 2015 par Jcr3
"C'était alors, quand, les chaleurs passées..." "C'était alors, quand, les chaleurs passées..." "C'était alors, quand, les chaleurs passées..." "C'était alors, quand, les chaleurs passées..." "C'était alors, quand, les chaleurs passées..." "C'était alors, quand, les chaleurs passées..." "C'était alors, quand, les chaleurs passées..."

C'estoit alors, quand, les chaleurs passees, Le sale Automne aux cuves va foulant Le raisin gras dessoubz le pied coulant, Que mes douleurs furent encommencees...

On se les pelait, un peu, assez pour enfiler une petite laine à la fraîche, quand le soleil tombait à l'horizon. Mais soudain après la pluie brutale, s'est installée cette chaleur subite qui a déposé depuis deux jours une moiteur épaisse qui vous enveloppe et vous tient jusqu'aux os.

Elle pèse sur les gestes, ralenti les déplacements, c'est comme une marmaille en bas age accrochée à vos bras et vos jambes. Un véritable climat de crime - ou de sieste - crapuleux(-se) avec ses corps collants et de grandes auréoles sous les bras.

Puis le vent à tourné, chassant la chaleur et l'air épais. Depuis il fait beau, simplement beau comme en Bretagne. Avec des nuages et ce petit air vivifiant, comme diraient des parisiens sous la pluie.

Les réserves de flotte débordent de nouveau et en deux jours, à peine, la pelouse a retrouvé ses bonnes joues vertes et des touffes luxuriantes lui poussent un peu partout comme lui sortant des narines, des oreilles... ça lui fait des sourcils broussailleux et lui donne cet air négligé qui plaît tant aux pissenlits.

Évidemment comme toujours, il semble que l'urgence de vivre soit plus forte chez la bourrache que dans le reste du monde végétal - du moins sous cette latitude - on distingue à peine les petits épinards qui pointent entre les cotylédons épais de l'invitée.

Les semis d'été sont prometteurs si la météo reste clémente : choux branchus du Poitou, cottes de bettes, salades... les haricots foisonnent et les pommes tombent à apporter l'illumination aux philosophes si des fois il en passait dessous.

Coté patates, les cornes de Gattes, une ratte rose, sont prêtes à être récoltées, l'herbe à Nicot, aussi. Les Noires de Crimée ont donné le meilleur, grosses, douces, sombres... vivement l'an prochain - pensait-il naïvement comme le petit enfant en lui qui refusait de grandir, il y aura t-il seulement encore une année prochaine ?

La malédiction blanche s'est de nouveau abattue sur les topinambours, mais ne menace finalement que ces derniers. Amarantes et tournesols donnent un air de gigantisme à ce coin éloigné et un peu oublié du jardin, abandonné en partie aux topinambours.

Mais je tergiverse pour mieux retarder mon grand rendez-vous avec le destin. Car il est à la porte, le destin, avec des coulis de tomate, des compotes, et autres haricots verts plein les bras... Impossible de se défiler, je vais devoir sortir les Le Parfait et le bouilleur de chez Guillouard, qualité garantie depuis 1911, et faire des conserves.

Titre: C'estoit alors, quand, les chaleurs passees
C'estoit alors, quand, les chaleurs passees,
Le sale Automne aux cuves va foulant
Le raisin gras dessoubz le pied coulant,
Que mes douleurs furent encommencees.
Le paisan bat ses gerbes amassees,
Et aux caveaux ses bouillans muis roulant,
Et des fruictiers son automne croulant,
Se vange lors des peines advancées.
Seroit ce point un presage donné
Que mon espoir est desjà moissonné ?
Non certes, non ! Mais pour certain je pense,
J'auray, si bien à deviner j'entends,
Si l'on peult rien prognostiquer du temps,
Quelque grand fruict de ma longue esperance. ( Etienne De La Boetie)


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