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Olivier Debré - Abstraction lyrique à Orléans

Publié le 15 mai 2008 par I_love_vintage
Grande Blanche Touraine,
1973, 189 x 309, collection particulière.


Demain s'achève au Musée des Beaux Arts d'Orléans une très belle exposition consacrée aux Paysages de Loire d'Olivier Debré. Un peintre qui m'est familier puisque son attachement au fleuve royal lui vaut une présence timide dans les musées de ma région (Tours, Orléans). A l'instar du chinois Zao Wou ki (cf. ci dessous), encore actif et installé dans le Loiret - dont d'emblée je préfèrais les grandes surfaces plus fortement constrastées, aux effets de matière plus sophistiqués que ceux de Debré.



J'avais oublié la puissance d'évocation quasiment romantique de la nature de l'abstraction lyrique. Puissance qui se révèle pleinement dans une face à face avec l'oeuvre et une contemplation longue et attentive. La structure de la toile se révèle alors, avec l'apparition progressive et mouvante de nuances de couleurs, imperceptibles au premier coup d'oeil, dont le jaillissement au regard exprime la grâce de la présence de la lumière qui baigne le monde (figuratif!) La démarche ressemble à un aboutissement de la quête romantique de la fusion de l'âme et du sentiment avec la nature majestueuse et splendide, dont un petit effet est capturé sur ces vastes toiles.
Peintre reconnu par ses pairs dès les années 40, Debré participe au groupe de l'Ecole de Paris et cotoie Serge Poliakoff, Nicolas de Staël, Pierre Soulages, dont l'influence se manifeste sur les oeuvres de jeunesse de l'artiste, très marqué aussi par sa rencontre avec Picasso et par l'influence des maîtres de l'abstraction lyrique (Hans Hartung).

Mais la pleine mesure de son talent et de sa sensibilité se déploie à partir de la fin des années 50, lorsque la recherche de l'artiste quitte le domaine du signe pour entrer dans poursuite de la transcription plastique de l'émotion néée du contact avec la beauté de la nature. Dès son plus jeune âge, Olivier Debré allait peindre et dessiner sur le motif au bord de la Loire, près de la propriété de sa famille en Touraine. Cette habitude ne le lâchera pas (il emmènera même ses étudiants des Beaux-Arts peindre à l'extérieur).



Ce besoin de se confronter physiquement à son objet (la nature) et à son outil (la toile, posée à terre) exprime la libération d'une peinture qui se conçoit comme un geste engageant la personne entière, corps et âme, dans son exécution, tout autant que les conditions météorologiques ! L'engagement corporel de l'artiste dans sa toile se traduit par un effet simillaire sur le corps du spectateur. Olivier Debré disait à ce propos
"Lorsque je peins par terre, il existe une adhésion physique, sensuelle, presque sexuelle"
Démarche qui ne lui est pas propre, mais qui manifeste une sérénité et une harmonie singulière - on est loin du combat entretenu avec le support par un Pollock ou un Alechinsky. Dans le cas de ses oeuvres moumentales, ci-dessous le rideau de l'opéra de Shangaï (1998, qui a bénéficié du mécénat du groupe LVMH), l'exécution lui demande de se promener sur l'immense toile: on imagine l'ivresse qu'il devait ressentir à de tels moments... Un beau reportage photographique de Marc Deville permet d'approcher le bonheur du peintre au travail.


Mort en 1999 à l'âge de 79 ans, le peintre est enterré à Noyers en Touraine.
Il y a une forme de jubilation muette et radieuse dans l'oeuvre d'Olivier Debré, une peinture sans exubérance qui manifeste la force lumineuse de la nature, et l'épanouissement du geste créatif - ou de celui du Créateur?


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