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A l'automne John Keats

Publié le 22 septembre 2015 par Pestoune

Saison des brumes et du fruit accompli !

Amie la plus proche du soleil mûrisseur,

Tu complotes avec lui pour charger et bénir de fruits

Les treilles qui courent au long des toits de chaume ;

Pour courber de pommes les arbres moussus des verges,

Pour combler tous les fruits de maturité ;

Pour gonfler la courge et durcir la coque

Des douces noisettes ; pour offrir plus,

Toujours plus de fleurs tardives aux abeilles,

Jusqu’à les laisser croire à un éternel été,

Parce que la chaleur a gorgé toutes les ruches.

Qui ne t’a vue souvent arpenter ton domaine ?

Parfois quiconque sort et te cherche, te trouve

Assise sans manières, à même le sol des granges,

Les cheveux légèrement soulevés par le vent du vannage ;

Ou endormie sur un sillon à moitié moissonné,

Etourdie par les vapeurs des pavots, tandis que

Ta faucille épargne les fleurs mêlées du prochain carré :

Et parfois, pareille à une glaneuse, tu dresses droite

Ta tête chargée de gerbes pour franchir un ruisseau ;

Ou encore, près d’un pressoir à cidre, tu regardes,

Des heures durant, couler ses ultimes gouttes.

Où se sont-elles enfuies, les chansons du Printemps ?

Ne les recherche pas : toi aussi, tu as ta musique,

Tandis que des nuages striés fleurissent le jour

Qui doucement meurt, et vermeillent les toits de chaume ;

Les petites éphémères en chœur se lamentent

Parmi les saules de la rive, soulevés ou retombant

Au diapason du vent léger ;

Et les agneaux déjà sevrés bêlent sur toutes les collines ;

Les grillons des haies chantent ; et l’on entend

Le rouge-gorge siffler haut dans le pré,

Et les hirondelles rassemblées trisser dans le ciel.

   John Keats

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Poesie


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