Magazine Journal intime

J'ai testé un WE entièrement seule

Publié le 09 juin 2008 par Anaïs Valente
Et quand je dis "testé", ce n'est pas un choix totalement délibéré, of course, puisque le WE s'annonçait de la sorte, tout simplement.  Je n'aurais pas dit non à un WE thalasso (ah ben non, c'est le WE prochain la thalasso, youpiiiiie), à un WE gastronomique là oùsqu'on mange du foie gras, à un WE à la mer à déguster des gauf' ou, mieux, à un WE à Wimereux, petite ville de France que j'aime.  Mais non, ma bonne Dame, il était écrit que je passerais mon WE toute seule.
Ils sont rares les WE où je ne vois absolument personne, je ne parle à personne, je ne partage un repas avec personne.
Rares.  Mais ça arrive.  C'est ça être célibataire... ou célib-à-terre.
Pour couronner le tout, j'ai pris congé vendredi, histoire de prolonger ce long WE solo.  Nan, je rigole, deux jours m'auraient suffi, mais j'ai pris de bonnes résolutions : terminer un projet en cours (contrainte et forcée, j'ai des impératifs), commencer un nouveau projet, avancer dans un troisième projet et puis surtout, surtout, surtout, ranger l'intégralité de mon home sweet home transformé en musée des horreurs ces derniers mois.  
Me voilà donc livrée à moi-même durant 72 heures.  Trois jours.  Trois nuits.
Récit...
Vendredi.
Grasse mat' jusque presque 10h.  Entrecoupée de réveils angoissés "il est quelle heure, il est quelle heure ?"  Je rêve que je range.  Je suis dans une maison pleine de chambres d'enfants, et je range.  Tout est pourtant bien rangé, ce qui me rassure.  Puis je me réveille et je constate l'ampleur des dégâts ici.  Je viendrais à mourir, là, de suite, mes héritiers n'en reviendraient pas d'un tel foutoir.  C'est plus nin possip'.  Deux pancakes au sirop d'érable, je me mets au taf.  
Pour l'occasion, je ressors un CD plus écouté depuis presque dix ans, que j'avais acheté par amour.  J'achète souvent des CD par amour.  Enfin, "souvent", tout est relatif.  Lorsque je suis amoureuse, ce qui est somme tout relativement rare.  J'ai ainsi découvert Depeche Mode par amour, y'a un grand bail.  Et The Cranberries, par amour, y'a un petit bail.
Donc j'écoute Cranberries.  Zombie.  Je hurle en vaissellant (nouveau verbe censé rendre l'opération vaisselle plus attrayante).  No need to argue.  Je dois m'asseoir.  J'avais oublié cette chanson.  No need to argue.  Dieu sait pourtant combien de fois je l'ai écoutée, en boucle, inlassablement, repeat, repeat, repeat, repeat, repeat...  Cette chanson, j'avais à l'époque décidé qu'elle serait parfaite pour un enterrement.  Ne me demandez pas la raison, j'adore sélectionner des chansons pour les enterrements, et les écouter en prévision.  C'est sordide ?  C'est morbide ?  Peut-être, mais pour ma part, ça exorcise.  Mais ça n'empêche rien. La mort est viendue, et la chanson n'est pas passée.  Mais jusqu'à ma mort à moi, la mienne rien qu'à moi, cette chanson sera associée à mes ancêtres qui me manquent tant et tant.  
Le soir venu, je m'offre un petit film romantique en DVD, un spaghetti et des macarons.  Satisfaite de ma journée moi y'en a être.  
Samedi.
J'écoute la BOF de Sex & the City pour me booster, mais je suis bien moins motivée qu'hier.  Résolution : ranger durant l'entièreté du CD.  Au troisième morceau, j'abandonne.  Je me mets au PC et je bosse trois bonnes heures.  Durant une petite sieste, je rêve que je m'apprête à manger une pizza Docteur Oetker suivie d'une glace Haagen Dasz praliné & cream.  Je rêve aussi que j'ai un amoureux.  Je me réveille.  Cruauté de la vie : ni pizza dans mon frigo, ni glace dans mon congélo, ni amoureux dans mon lit.  Je me remets au travail et je range enfin quinze culottes et treize chaussettes orphelines.  Point-barre.  Pas motivée.
Ensuite, grande idée, fabuleuse idée, sublime idée : regarder tous les épisodes de Sex & the City.  Qui a dit que tout prétexte était bon pour échapper au rangement ?
J'ai envie d'aller au cinéma, au resto, de voir du monde.  Jamais contente.  Quand j'ai des trucs prévus, je rêve d'une soirée tranquille.  Et quand je glande chez moi, j'ai envie de sortir.  Contradiction faite femme, c'est moi...
Dimanche.
Petit sortie pour aller chercher mon 7dimanche.  Pancakes au sirop d'érable à nouveau.  Un chtit épisode de Sex & the City, saison 2 (même pas honte d'avoir maté toute la saison 1 la veille).  Une lessive.  Une sieste au soleil.  Une correction de texte.  Quelques billets pour ce blog.  Un dimanche sinistre.  Puis un dimanche de fête des pères.  J'aime pas la fête des pères.  Les dimanches de fête des pères, j'ai envie de redevenir une toute petite fille.  Toute toute petite.  Mais ça n'arrivera pas.  Alors je m'installe dehors, au soleil, et je lis "Shoe addict", un livre génial dont je vous parlerai bientôt.  
Zieutant mon programme télé, j'apprends que l'adaptation en télésuite de "Où es-tu", de Marc Lévy, passe le soir sur RTL.  Ce livre, je l'ai lu un vendredi 13 juin.  Un chouette vendredi 13.  Un des plus chouettes vendredi 13 de ma vie d'ailleurs.  Et vendredi, on sera le 13 juin.  Et ce soir je vais regarder "Où es-tu".  Sympathique clin d'œil du destin.
Je tchatte sur le net, je tente Meetic, pour changer.  Je tchatte sur MSN, y'a pas foule.  Et un RV de planifié, un.  Je bosse encore un peu, j'avais prévu d'écrire des dizaines de billets pour le blog, je n'en aurai écrit que quatre.  
Et mon rangement, me direz-vous ?  Oups... tout est relatif non ?  Nous dirons donc que, toutes proportions gardées, j'ai bien avancé.  Mais que, vu de l'extérieur, on n'en voit pas la trace, tant le bazar est encore apparent.  Tout est relatif, disais-je.
Voilà, c'était un WE entièrement seule.  Je bénis le ciel de n'être pas morte d'une rupture d'anévrisme jeudi soir.  Comme le disait Bridget, on aurait retrouvé mon cadavre en putréfaction à demi-dévoré par le rat, dans un bordel innommable.  Merci mon Dieu.
Et une illu de Marie qui colle parfaitement à mon WE...super-feignasse!

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