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Isabelle Stibbe Bérénice 34-44

Publié le 29 octobre 2015 par Pestoune

461591Brnice3444.jpgA-t-elle existé Bérénice ? Nous ne le savons pas mais son parcours a dû être celui de nombreux français de confession juive à cette triste époque de l’entre-deux guerre et de la seconde guerre mondiale.

Bérénice, nommée ainsi en hommage à l’héroïne de Racine, rêve de faire du théâtre depuis son plus jeune âge. Mais les comédiennes sont vues comme des femmes perdues dans la communauté juive. Alors du haut de ses quinze ans, elle brave tous les interdits et s’inscrit à la comédie française où elle est reçue première au grand dam de son père qui la met à la porte.  Elle vivra sa passion envers et contre tout. Grâce à Mme de Lignères qui lui donne son nom et se fait passer pour sa mère, elle devient donc Bérénice de Lignères. Elle commence à se tailler une belle renommée lorsque l’occupant envahit le pays. L’exigence d’épurer la Comédie Française de tous ses membres de confession juive tombe très vite. L’administrateur essaye de résister mais sous la pression, les juifs choisissent pour sauver la Grande Maison de démissionner. Tous sauf Bérénice ! Une passion peut-elle tout occulter ? Occulter la montée du nazisme, occulter ses origines (comme disait son père Maurice Kapelouchnik : « ça ne se choisit pas d’être juif, ça se porte »), occulter ses amours ? Mais l’histoire la rattrape et une dénonciation anonyme l’oblige à démissionner. Que faire de sa vie lorsque son seul but était le théâtre ? Que lui reste-t-il sinon se battre contre l’occupant ?

J’ai aimé ce roman. L’auteure a su nous transmettre l’enthousiasme de tous les personnages dont certains illustres que nous reconnaissons. Nous partageons leur amour, leur passion pour le théâtre, le travail que cela représente. Mais on découvre aussi à quel point la Grande Maison comme on appelle la Comédie-Française peut habiter les personnes qui la fréquentent. On lui donne tout, jusqu’à sa conscience.

Isabelle Stibbe nous montre aussi les limites de l’identité française. On peut avoir donné son sang pour le pays, on peut l’avoir servi à l’extrême, l’identité française ne représente plus rien face à l’appartenance religieuse dès lors que celle-ci est stigmatisée. Et cela reste toujours une réalité aujourd’hui.

Elle aborde aussi les enfermements familiaux qui veulent obliger ses membres à aller à contre-courant de ce que certains de leurs membres souhaitent pour rester dans une certaine bienséance aisée.

Un livre riche, à découvrir dont les personnages sont attachants et l’histoire passionnante.

Litterature


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