Jerome Rothenberg | Poèmes des carnets du castor

POÈMES DES CARNETS DU CASTOR vieux castor homme -
LE DIEU

ce grand
transformateur

LES TUEURS langues noires de mouton - L'HABITATION six poteaux - LE FESTIN le chaudron se dilatait - LE CANNIBALE ce castor a tué - LE LEURRE de la viande de mouton entre - LE PLAN les pattes étaient des mains - LA FUITE enduisit de sang - LE CHANT " notre mère - LE MONDE baies sous - LE SIGNE une tête de loutre LE FESTIN nénuphars - LA MORT prit la mère - LA FIN comme des peaux de castor - Jerome Rothenberg, " 1/Castors ",
jadis mangeaient les hommes
une maison -
en forme de fourneau -
faite de terre grasse -
d'herbes et de branches
il ne pouvait pas -
tout manger
deux castors
ses jambes -
s'assit et attendit
les pieds étaient des rames -
les queues étaient des truelles -
les dents étaient des haches
ses raquettes
" vent et pluie -
" à midi -
" les jambes d'un homme
" notre père -
" vent et grêle -
" la nuit -
" le buste d'une femme
l'eau -
roses dans l'huile
champignons -
pommes de terre -
en paix - les fils
peu après
étalées sur la glace
Journal seneca, Éditions José Corti, Série américaine, 2015, pp. 29-30-31-32. Traduit par Didier Pemerle.