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Pourquoi tu vas travailler ?

Publié le 16 novembre 2015 par Typhaine

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C’était un jour important pour Babychou, samedi. C’était la première fois qu’il était invité à dormir chez un copain. Ce matin là, il a vu nos tristes mines au petit-dej.

J’avais envie, j’avais besoin de regarder jouer ma fille, de lui moucher le nez, de soigner son gros rhume, de discuter avec mon fils de 4 ans de ses projets d’aller en Afrique en fusée, de marcher sur la Lune et de répondre à toutes les questions qu’il se pose sur les dinosaures. J’avais envie de les serrer dans mes bras et ne plus les lâcher. Besoin de rester dans ce cocon familial, de pas sortir, de faire comme si rien ne s’était passé.

Depuis la veille, je bossais d’une main. Et puis j’ai quitté ce cocon pour y aller, au boulot.

Et mon fils m’a demandé :

– Pourquoi tu vas travailler ?

– Parce qu’il s’est passé des choses très graves cette nuit. Et il faut le raconter.

– Il s’est passé quelque chose de grave ?

– Oui, des méchants ont tué des gens qui s’amusaient.

– Pourquoi ?

– …

– Pourquoi des méchants ont tué des gens qui s’amusaient ?

– … Je ne sais pas.

« Je ne sais pas ». Je n’ai pas su lui expliquer. Que dire d’autre à un enfant de 4 ans qui rêve d’être le premier pirate à marcher sur la Lune ? A un petit garçon curieux de tout, qui aime aller vers l’autre, gentil, sensible, dont la couleur préférée est le bleu, qui adore son pyjama où il est écrit « super-héros », ses chaussettes crocodiles, qui aime les câlins et son doudou-chat ? Un petit garçon qui parle à ceux qu’il ne connaît pas, qui est émerveillé par les aventures, les vraies, et qui dit aux inconnus qu’il a eu un vélo pour son anniversaire ? Je ne vais quand même pas lui parler d’intégrisme, de terrorisme, de haine, de barbarie, de l’horreur qu’a vécu Paris ce vendredi soir ?

Je voudrais le protéger de ça, les protéger de ça. Je voudrais que mes enfants n’aient pas à vivre dans un monde comme ça. Qu’ils n’entendent jamais parler de ça. Je voudrais qu’ils restent dans notre cocon, qu’on continue à raconter des histoires, à inventer des histoires dont Babychou est le héros, qu’on fasse de la pâte à sel, qu’il me demande de jouer avec lui aux voitures.

J’ai répondu : « je ne sais pas ».

Je suis allée travailler. Et Babychou est allé dormir chez son copain.


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