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C’est fort, une maman ?

Publié le 01 décembre 2015 par Rosecommetroispommes

Petite, je ne me posais pas la question, mais il était évident que mes parents étaient très forts. Ils étaient là pour tout gérer : les courses, le planning, les repas mais aussi les coups dur. Ils étaient là pour me consoler quand j’en avais besoin, m’écouter, m’habiller et me nourrir. Et quelque part, même si depuis l’enfance j’ai appris que les adultes aussi avaient des états d’âme et des faiblesses, il m’était resté cette image du parent. Quelqu’un qui assure pour lui et pour ses enfants. Quelqu’un qui ne tangue pas. Une maman, un papa, c’est fort. 

Aujourd’hui, je suis maman à mon tour. Et peut-être que j’imaginais que mettre cette enfant au monde allait me donner une force inestimable, peut être que j’imaginais qu’alors je saurais faire face, à tout. Mais non, ou en tout cas pas seulement. La naissance de Rose m’a apporté à la fois une immense force, mais aussi une fragilité qui me déconcerte.

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Oui, c’est vrai, sans m’en rendre compte, j’assure. Après tout, je n’ai pas le choix, puisque je ne suis plus seule. Si je ne fais pas les courses, si j’ai la flemme de préparer à manger, ce n’est plus seulement moi que ça regarde. Et donc, le frigo est généralement plein, et le dîner de Rose toujours prêt à 19 heures tapantes. Au-delà des détails du quotidien, être mère m’impose d’être forte. Je suis là pour guider ma fille, j’ai une retenue, je suis un exemple pour elle. Je fais attention, naturellement, à mes paroles, mes attitudes. Je veille à son bien-être. Tout le temps. Et évidemment, je peux encaisser une grosse fatigue, une inquiétude immense, sans flancher. Lorsque Rose a été hospitalisée, j’avais envie de moi-même faire la petite fille. J’avais envie de me recroqueviller, de pleurer et qu’on prenne soin de moi. Mais en un instant, tout cela est balayé. J’étais guidée par une phrase « on a pas le choix, on va faire face, pour elle ». Je l’ai vu hurler, se débattre. J’ai vu les médecins le maintenir de force pour lui poser une perfusion douloureuse. Plusieurs fois. C’est toujours la même douleur dans mon ventre, je sens toujours les larmes monter me brûler les yeux. Mais non. Je le sais, je suis vraiment prête à tout pour elle. Je le sens au fond de moi. Je peux passer après elle, toujours. Je peux me dépasser. Je peux vaincre mes peurs, ma timidité, puisque c’est pour elle. Elle me donne l’élan que je n’avais pas quand j’étais seule.

Mais si la maternité a révélé ce courage elle a aussi provoqué une vulnérabilité. L’image qui me vient, la voici : c’est comme si j’avais une partie de moi, mais indépendante, que je ne pourrais donc pas tout le temps protéger. Et quand j’y pense, ça me file des frissons. Evidemment, je fais comme tous les parents, je n’y pense pas. Je ne pense pas, ou peu, à ce qui pourrait arriver à Rose. Je fais ma vie, sans me mettre face au fait que je ne peux pas tout contrôler, tout molletonner autour de ma fille.

Je me suis rendue compte que moi qui étais si friande de films d’horreur, de zombies, de romans dramatiques, je ne supporte plus rien de tout ça. Je suis devenue une chochotte, qui peut se mettre à pleurer devant n’importe quel film, et qui ne veut plus voir une once de violence. Les faits -divers me font horreur, je me vois bien plus sensible qu’avant. Et peut-être que c’est justement parce que je ne veux plus penser à tout ça, que ça me touche trop maintenant que je ne suis plus seule, maintenant que j’ai ce trésor auquel je tiens tant.

Je vis avec la peur. Elle est enfouie, contrôlée, muette, mais elle est bien là. Parce que du jour où le test de grossesse a affiché ses deux petits traits, je me suis fais du souci. La vague d’amour était mêlée d’inquiétude. Et elle est restée ainsi.

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Mais je trouve ça beau, ce constat. Une maman c’est à la fois immensément fort et immensément fragile. Et les deux sont liées, forcément. De l’inquiétude découle du courage, et inversement. Mais ce qu’on l’on montre à nos enfants, et ce qu’ils perçoivent de nous, c’est ce que je voyais de mes parents. Des grands qui protègent et savent. Parce qu’au jour le jour, c’est la force qui prend le dessus, et qui nous fait profiter du bonheur d’avoir des enfants.

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