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5 choses que je détestais que mes parents fassent et que je fais à mon tour

Publié le 03 décembre 2015 par Roselayette

Quand on devient parent,on doit construire un autre soi, un soi un peu relou… Notre rôle étant de mettre un cadre à nos enfants, on a basculé du côté obscur de la force. Un jour, on se retrouve à utiliser les mots qu’on détestait tant quand on était nous-même enfant : « Babynoute, c’est MOI qui commande ici !!! Ote ce couteau de ta bouche !!!! »

Avant...

Voici les 5 choses que je ne comprenais pas que mes parents fassent petite et que je fais à mon tour.

1. Aérer les pièces, même s’il gèle à pierre fendre dehors

Je me souviens de dimanches matins où mon père ouvrait grand les fenêtres de toute la maison pour passer l’aspirateur. Je trouvais cela très déprimant : il faisait froid partout, alors que le dimanche matin, on a qu’une envie, c’est prolonger le douillet du lit à l’infini.
Mon père s’escrimait à nous répéter : « Il faut aérer, ça renouvelle l’air et ça tue les microbes… »
A l’époque, je m’en foutais de l’air et des microbes, je trouvais ça nase.

Aujourd’hui, je me retrouve à aérer l’espace vital de Babynoute tous les jours. Elle n’aime pas trop, parce qu’elle ne peut pas jouer dans son petit parc pendant ce temps. J’imagine tous ces petits microbes et miasmes que je condamne en laissant entrer de l’air extérieur. Tout est dans ma tête, mais ça me fait du bien.
Pendant ce temps, mon mec monte le chauffage en cachette et je lui assène que la température idéale, c’est 19°C, pas plus…. Je sors le classique « Mets un pull », le truc que disent les relous obsessionnels.

2. Parfois passer en urgence mon doigt humidifié sur la joue de Babynoute

Je me souviens de ces matins, où, devant la porte de l’école, ma mère m’inspecte une dernière fois. Ma tête est comprimée dans une cagoule en acrylique qui fait les cheveux électriques et je porte un sous-pull des années 70 qui m’envoie une décharge électrique à chaque fois que je veux l’ôter, c’est très désagréable tout ça, mais ça, je m’efforce de ne pas le faire vivre à Babynoute. Le regard de ma mère se pose sur ma tête de têtard moulée dans sa cagoule et je vois sa main s’avancer vers sa bouche, elle humidifie son doigt et me le passe sur la joue, pour enlever je ne sais quoi, par surprise. Je me débats immédiatement, pour moi c’est atroce.

Aujourd’hui, je me rends compte qu’on a parfois pas le choix, en tant que parent. Nous ne sommes pas parfaits et n’avons pas forcément une super lingette sur nous. Obligée d’employer les grands moyens naturels, particulièrement dans des situations d’urgence, je me suis retrouvée à humidifier mon propre doigt (avec ma propre salive mais j’ose à peine l’écrire) pour arranger le visage si parfait de ma petite fille chérie.

3. Faire croire que les trucs chiants sont superbement incroyables…

Je me souviens de ces purées de carottes (dégueus), de ce foie du mercredi, de ces siestes inutiles qui me donnaient juste envie de me lever en cachette pour jouer, de ces nuits débutées trop tôt, de ces promenades trop longues, et toujours et encore de ma frustration quotidienne…. « Ca rend aimable les carottes, c’est super », « Dormir ça fait grandir, c’est génial »… Et mon c**, c’est du poulet ?

Aujourd’hui, j’use des mêmes subterfuges, et le pire c’est que j’y crois vraiment. Je suis devenue parent, et je suis très motivée pour faire des purées carottes-potiron maison, lui faire tester tout ce qui ne contient pas trop de sucre et le goût du sain, je trouve qu’une bonne longue nuit / sieste, c’est génial. « Comme tu as bien dormi, c’est super !!! Tu as du guérir ton petit rhume et bien grandir !! C’est super de dormir, bravo ma chérie… » « Oh tu ne veux pas de cette purée navets-poireaux ? Pourtant ça fait du biiiien au corps, et ça rend intelligent les légumes…. »
Un jour peut-être, Babynoute perpétuera la tradition en faisant croire à son enfant que c’est hyper intéressant de manger des épinards.

4. Dire « NON » sans donner de raison.

Je me souviens de cette frustration de ne pas pouvoir faire tout ce que je veux tout le temps. « NON », je ne pouvais pas manger de chocolat à 19heures, ni me déguiser pour aller à l’école, ni faire pipi dans ma culotte, ni avoir tout de suite de Petit Poney, ni prendre les jouets de chez ma copine Valérie, ni me promener toute seule dans la rue, ni me coucher à 22heures.

Aujourd’hui, je commence à dire « NON », 20 fois d’affilée. Je sais que tout ce qui peut paraître excitant à un petit bébé qui marche à quatre pattes (les doigts dans la prise, mettre à la bouche une petite noisette qui pourrait l’étouffer, poser ses petites mains sur le four brûlant) est à prohiber, et tout ce qui peut lui faire du bien (jouer dans son parc avec un ourson en peluche) l’ennuie au bout de 10 minutes. Babynoute me regarde en tirant que une bouteille de vin posée dans une espèce d’étagère du salon « NON », et elle répète l’opération 10, 20, 30 fois en me regardant, attendant que je répète « NON, tu ne peux pas prendre cette bouteille de vin, CE-N’EST-PAS-POUR-LES-BE-BES. Et puis c’est moi qui décide, c’est TOUT. » Je redoute le moment où elle saura demander « Pourquoiiiiiiiiii? ».

5. Forcer bébé à dire bonjour et au revoir.

Je me souviens de ma grand-mère qui m’emmenait faire le marché le mercredi. Nous croisions énormément de personnes de sa connaissance, et j’étais timide et sauvage. Je me cachais derrière ses jupes et évitais de dire bonjour. Je me faisais sermonner une fois à la maison, et mentaliser avant que nous sortions « Si on croise Madame Michou, tu lui dis Bonjour hein, même si elle a de la barbe… » L’enfer sur terre.

Aujourd’hui,  j’insiste pour que ma fille soit au moins agréable avec les personnes de mon entourage et bien sûr, il y a la cérémonie du « Au revoir », que je fais en général toute seule (j’agite la main toute seule en articulant « Au revoiiiir », pendant que Babynoute s’en cogne et regarde ailleurs). Je pense qu’il n’y a pas d’âge pour commencer la politesse. Fort heureusement, les gens de sexe féminin que je connais n’ont pas de barbe…

paragraphe

Pour conclure, j’ai l’impression que cela va aller crescendo, et je redoute plus que tout l’adolescence, ce moment de supplice où il va falloir mettre un cadre pour permettre à mon enfant d’essayer d’en sortir, puis le remettre, et ce, à l’infini. Mais je JURE, sur la tête de Babynoute, que je ne la forcerai JAMAIS à porter une cagoule acrylique :)

Texte écrit par Emilie Pernet / Illustration de Florence Pernet


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