Magazine Journal intime

Retour à Kigali

Publié le 28 janvier 2016 par Stella

Kigali

Depuis l’espace, m’est avis que la nuit, Kigali brille telle une constellation. C’est en effet dans une extraordinaire ville-lumière que j’ai débarqué samedi 23 janvier au soir en provenance de Bruxelles et via Entebbe, étrange escale où les quatre cinquièmes des passagers ont débarqué. Ne me demandez pas, d’ailleurs, la raison de cet engouement pour une modeste bourgade des bords ougandais du lac Kivu, je l’ignore. La brave femme que j’ai interrogée m’a répondu qu’elle allait photographier des lions… Et j’ai été stupéfaite d’apprendre qu’il y avait des lions en Ouganda, preuve que j’ai encore bien des choses à connaitre. Moi qui croyait que c’était un pays de gorilles et de forêts pluviales !

Bref, la Kigali du XXIème siècle est devenu une ville brillamment éclairée. À l’image de cet aéroport hyper-moderne dans lequel j’ai posé mes pieds fatigués, tout de marbre recouvert, avec des écrans plus que géants roulant en boucle de la publicité essentiellement destinée aux hommes d’affaire. Un système sophistiqué de contrôle d’identité, des guichets multiples et peu d’attente : il n’y a guère eu que la remise des bagages, empirique pour ne pas dire anarchique, qui laissait penser que l’on n’était pas (pas encore) dans un roman d’Orwell. Dehors, une voie rapide éclairée a giorno menait à la ville devenue moderne. La chaussée était même balisée de lumière, avec des LED vertes ou rouges pour indiquer les possibilités de stationnement. Rien de ce genre n’existe, à ma connaissance, en Occident.

Tour de verre et d'acier

La seconde surprise de la soirée a été de débarquer dans l’hôtel Okapi, un établissement où j’étais venue il y a plus de quinze ans, lorsque j’ai commencé mes reportages dans le Rwanda post-génocide. Rien, si ce n’est le décor du patio, n’avait changé. Pas même l’abominable salle de bain… En revanche, fidèle à sa réputation, il n’avait aucun insecte. J’en aurais presque regretté l’horrible comprimé qu’il me faut absorber chaque soir pour, parait-il, m’éviter le paludisme.

Le lendemain, je me suis offert une petite balade en ville. Une ville moderne, avec des tours de verre et d’acier, des panneaux publicitaires automatiques, des trottoirs propres et des magasins partout. Une petite visite au supermarché m’a donné l’impression d’être en Amérique, avec une profusion de produits variés, beaucoup en provenance du Kenya. Le gros matériel (télévisions, électroménager), était chinois. Les Chinois sont les bienvenus au Rwanda. Ils ouvrent des chantiers chaque semaine.

Centre-ville

Ce qui reste une survivance du passé, c’est le change qui se fait dans la rue plutôt que dans les kiosques ad hoc. Meilleurs taux, plus rapides, les petits changeurs tirent leur épingle d’un jeu pourtant dangereux car, de plus en plus, la police veille. Et les Rwandais lui obéissent. Les Chinois ont inondé Kigali presque autant que Cotonou de motos, dont la plupart sont des taxis. En revanche, les normes du pays doivent être draconiennes car… de toute évidence, il y a très peu de pollution. Et tout le monde, conducteur comme passager, porte son casque. Il n’y a pas plus de deux individus sur un même engin, et non pas trois, quatre ou même cinq, sans compter les bagages et ballots divers, tel qu’on le voit en Afrique de l’Ouest ou dans certains pays d’Asie. Il n’y a pas un seul papier à traîner par terre, malgré l’absence de poubelles publiques. Les sacs plastiques sont interdits dans le pays et les voyageurs, dès l’avion, sont invités à n’en pas faire usage y compris si, d’aventure, ils avaient bravé l’injonction dûment signifiée par l’ambassade rwandaise. Plus que jamais, le Rwanda mérite sa réputation de « Suisse de l’Afrique ». Le système Kagame a imposé sa loi partout, tous obéissent aux directives gouvernementales. Il n’y a pas de presse politique, les journaux en anglais se bornent à rendre compte des déplacements du président, l’essentiel des pages étant consacrées à l’économie et au sport, football en tête.

ville

Pas de musique dans la rue, pas de petits maquis ouverts tard la nuit où manger une petite brochette. On se couche tôt, on se lève tôt, on travaille. Même dans les quartiers les plus pauvres, l’ambiance n’est pas absolument détendue. Étonnant…


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