Magazine Humeur

A celle qui n’aime ni le corps ni l’art

Publié le 04 février 2016 par Legraoully @LeGraoullyOff

Je pense assez rarement à elle. Parfois je la croise au hasard d’une promenade en ville. Elle est encore pas mal du tout pour son âge et pour le nombre de portées qu’elle a soutenues. Elle a presque l’air sympathique. D’ailleurs, elle ressemble à ma patronne. Je n’ai jamais été un adepte des femmes mûres, des cougars, ou des « milf » pour reprendre l’appellation contrôlée, et elle n’échappe pas à la règle. J’éprouve même une franche antipathie pour elle, mais plutôt pour des raisons intellectuelles. De même que les athlètes tendent à oublier que le cerveau aussi est un muscle, nombre de mes congénères mésestiment l’importance de l’encéphale dans l’acte de chair. Enfin, ça dépend, des fois, on a aussi envie de niquer comme des bêtes que nous sommes restées. Mais là non, ça ne le fera pas.

Bref, si l’on voulait ne s’attacher qu’à sa bonne mine, on lui donnerait le bon Dieu sans confession. Le bon Dieu, c’est son dada, bien plus que la chair, au demeurant. Pourtant, quand on a donné à la France une progéniture si nombreuse, c’est qu’on ne doit pas détester ça tant que ça, la chair. On doit bien y trouver un petit goût de reviens-y pour fonder une marmaille qui pèse plus lourd sur les finances publiques (une autre de ses lubies) que deux RSA. J’ai calculé, vous pouvez me croire.

Alors, tant pour lui en faire rabattre que pour des raisons scientifiques, j’ai essayé de retracer en imagination la généalogie de sa culture de l’acte de chair.

Je l’ai imaginée s’offrir à seule fin de procréation, à l’issue d’une cérémonie de mariage en bonne et due forme devant le curé de service. Du moins, supposé-je que cela s’est passé dans le respect du rite le plus rigoureux, sans quoi ce ne serait pas la peine de nous casser les bonbons à longueur d’année avec la France blanche aux racines chrétiennes et tout le tremblement sans passer pour une hypocrite.

La cérémonie prend fin, les invités ont regagné leurs foyers ou bavassent autour d’un dernier cigare. Au loin, on entend des rires gras et des blagues de bon goût sur tout ce qui ne peut justifier d’un acte d’état-civil justifiant de son ascendance française sur au moins cinq générations. Mais elle n’y prête aucune attention. Les joues empourprées par le champagne, elle oscille entre l’appréhension de la douleur du dépucelage et la parfaite confiance en la réalisation du dessein divin. Son mari éteint la lumière, enlève sa ceinture, puis son pantalon tombe sur ses genoux. Elle ne peut pas voir qu’il soutient une érection babélienne, à faire ajouter au Tout-Puissant vingt patois de plus en Lorraine pour châtier l’infidèle d’avoir ainsi tenté de s’ériger vers les cieux.

Il n’est pas très sûr de lui non plus, mais tel l’agriculteur à la saison propice, il sait qu’il est temps d’ensemencer son champ. Ce n’est pas sexiste, la preuve, c’est marqué dans la Bible. Il lui introduit un doigt, lentement, puis un deuxième, et puis c’est marre, il lui fourre son bazar dans l’orifice idoine, se secoue frénétiquement la nouille, envoie la purée pour la plus grande gloire de Dieu, et roule sur le côté pour ronfler à son aise. Elle pleure un peu. Elle pense que Dieu ne s’est pas foutu d’elle, qu’il faut franchement être un sacré pervers pour en tirer du plaisir. Heureusement, après quelques samedis soirs de désœuvrement, elle finit par tomber enceinte. Alléluia, frères et sœurs en chrétienté, elle porte la vie, elle est sacrée, elle est la France. Pas comme ces bougnoules d’infidèles qui ne se reproduisent qu’à seule fin de répandre l’apostasie et l’assistanat.

Certes, accoucher est encore plus douloureux que de perdre sa pureté, mais c’est ainsi que le Divin l’a voulu. Encore et encore, elle se remet à l’ouvrage pour l’amour de sa religion et de son pays. Dans son plumard, à l’hôtel pendant les vacances, puis bientôt à chaque fois que sa sainte fertilité lui accorde un répit et une période de viduité. Ce n’est pas sexiste, la preuve c’est dans le Code Civil. Plus souvent qu’à son tour, elle serre les dents cependant qu’elle écarte les cuisses, réprimant les cris, les orgasmes et tout ce que le Diable peut inventer pour la mener à sa perte. Fréquemment, quand au faite de la possession, elle se surprend à gémir, elle pense à cette catin païenne de Christine Boutin qui avoue se promener chez elle dans le plus simple appareil et ne pas détester la gaudriole, et elle reprend ses esprits en attendant que Monsieur ait vidé sa demi-molle.  Mais Satan a plus d’un tour dans son sac, ce n’est pas pour rien qu’on le nomme le Malin, et il inventa l’hormone. C’est ainsi que même pendant ses innombrables grossesses, elle est parfois saisie de l’envie de se faire culbuter à même le tabernacle pendant la messe, et que même son très-croyant mari lui réclame parfois une gâterie pour moins s’emmerder devant le journal de Jean-Pierre Pernaut. Mais si Dieu a voulu que l’Homme soit le chef du foyer, c’est qu’Il avait ses raisons, alors elle s’exécute, trouve dommage qu’on ne puisse tomber enceinte par la bouche, après quoi elle ira prendre des notes pour tout raconter à son confesseur et expier ses péchés. Notes qu’elle passera immédiatement après par le feu pour ne point être tentée à nouveau.

Puis vient l’automne de la vie où la femme s’assèche et devient aussi stérile qu’une discussion avec un gauchiste dégénéré. Alors elle doit réorienter son énergie et son corps vers d’autres combats, pour le bien de Dieu, du Travail, de la Famille, et de la Patrie. Les écuries d’Augias sont pleines des fientes des chevaux de bataille qui mènent notre pays à la ruine, de l’Islam aux invertis qui veulent se marier en passant par l’insécurité, il y a de quoi s’occuper. Elle brigue un mandat, puis un autre, et comme au moins un tiers des électeurs messins et lorrains sont des débiles profonds comme elle en a croisé plein à l’église tout au long de sa vie, elle finit par les gagner. Un jour viendra où c’est elle qui dirigera la ville, puis la région en même temps qu’elle renouvellera son allégeance à son parti bas du Front pour redresser ce pays où tout va à vau-l’eau.

C’est ainsi qu’elle a pu faire condamner le Fonds Régional d’Art Contemporain pour une exposition qu’elle juge sur son site « blasphématoire » et « insoutenable », surtout pour les enfants qui, c’est bien connu, se précipitent dans les galeries dès qu’on a le dos tourné. C’est ainsi que plus récemment, elle s’est créée critique d’art, pour dire tout le bien qu’elle pense du spectacle Tragédie d’Olivier Dubois. En effet, le créateur n’aurait rien d’autre à proposer que de montrer des gens à poil sur scène. Pour montrer qu’elle est jeune, elle parle d’une « provocation à deux balles ». Pour montrer qu’elle s’y connaît en art, elle vante « l’acoustique exceptionnelle de l’Arsenal » et cite « My Fair Lady » qui passe en même temps à l’opéra-théâtre (et dont le titre est un singulier aveu de sa psyché). Pour montrer qu’elle est proche du peuple, elle voue aux gémonies ce spectacle de bobos élitistes qui gâchent l’argent public. Et pour montrer qu’elle à autre chose à foutre, elle invite les artistes à ne pas se mêler de politique. Le tout en avouant qu’elle n’a pas vu le spectacle.

C’est également ainsi que ses amis spirituels et politiques ont fait retirer son visa d’exploitation à Antichrist de Lars Von Trier, sous prétexte qu’il serait violent et pornographique, surtout pour les enfants qui, comme chacun le sait, se précipitent sur les œuvres du réalisateur danois à la première occasion. Eux en revanche ont bien du voir le film pour juger ainsi de son contenu. Bande de pervers.

Le pire c’est que tout ces braves gens se servent des armes de la République (la loi et les tribunaux) contre elle pour semer leurs délires paranoïaques et leurs propres névroses.

Alors, chère madame, permettez-moi de vous livrer ma critique de votre critique:

  • à l’exception des trois paragraphes suivants (hélas), ce texte est une œuvre de fiction moyennement pornographique -où je n’ai relaté qu’un infime échantillon des trucs dégueulasses qu’on peut faire avec son corps- dont je me suis plu à vous croire l’héroïne. Si comme vous le dites dans votre critique fouillée du spectacle d’Olivier Dubois, « Dame Nature est moins égalitaire que la République socialiste », c’est que vous avez dû quand même bien mater, vieille polissonne. (et dire « Dame Nature » quand on est catho, c’est un péché aussi). Puisque vous êtes versée dans les belles lettres, j’ose espérer que vous apprécierez l’hommage.
  • si vous ne goûtez pas l’art contemporain, n’en dégoûtez pas les autres. Je ne suis pas forcément un admirateur forcené de ce type d’œuvre, il n’empêche que je considèrerai toujours que l’argent public est toujours mieux employé à ce type de manifestation comme à n’importe quelle connerie dérisoire plutôt qu’à subventionner votre parti, votre Eglise ou qu’à vous rémunérer dans le cadre de vos mandats et de votre œuvre de rétablissement de l’Inquisition.
  • tout comme vous n’avez jamais vu Tragédie, en vous permettant tout de même d’émettre de savants avis à ce sujet, je n’ai jamais vu Dieu ni les « valeurs chrétiennes » de la France. Aussi puis-je vous assurer avec la même détermination que la votre que Jésus suce des bites en enfer pendant que Pierre Laval lui ramone le fondement. Et qu’il aime ça, le foutriquet.
ShareShare on Tumblr

Retour à La Une de Logo Paperblog

Magazine