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L’échange blé – pain

Publié le 03 avril 2016 par Journalvernois

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L’échange blé-pain était une façon de procéder qui mettait en relation le paysan producteur de blé, le meunier et le boulanger. C’était en fait un droit dont disposaient les exploitants agricoles reconnus cultivant du blé sur leurs terres.
J’ai connu l’ existence de ce droit grâce à nos voisins avec qui nous faisions les gros travaux d’été. C’était dans les années 1970. J’ai toujours le souvenir de leurs gros pains et des couronnes sur lesquelles Nana traçait une croix de la pointe du couteau avant de les entamer. Ils faisaient encore valoir leur droit et nous exhortaient à faire comme eux pour le perpétuer. A l’époque ça ne m’intéressait guère et je ne m’en suis jamais occupé.
J’ai donc demandé à des anciens exploitants et boulangers des précisions à ce sujet. L’agriculteur livrait son blé chez le meunier de son choix. Celui-ci se chargeait de le transformer en farine et la livrer chez un boulanger désigné. Bien sûr ce n’était pas la propre farine du producteur, mais la quantité déclarée, faisant partie d’une livraison. 100 kg de blé donnaient 80 kg de farine pour le boulanger ce qui équivalait à 120 kg de pain pour l’agriculteur. Celui-ci ne pouvait pas livrer plus de 3 quintaux de blé par personne faisant partie du foyer fiscal. En général il livrait, si il le pouvait, du blé pour couvrir ses besoins en pain pour une année. Lorsqu’il allait à la boulangerie il ne payait rien. Tout le pain délivré par le boulanger était pesé et le poids soigneusement noté sur un carnet. L’ayant-droit devait quand même payer  « la façon » c’est à dire le travail du boulanger, ce qui se faisait en général au mois. Tout était répertorié, depuis le départ du blé de l’exploitation pour la minoterie ( il fallait un laissez- passer délivré par les débits de tabac ) jusqu’ au fournil. L’administration surveillait étroitement toutes ces transactions par l’intermédiaire du service de douanes. (les gabelous comme disent les anciens ) Tous ceux que j’ai questionné m’ont assuré qu’il fallait beaucoup de paperasse et de contraintes.
Dans la région cette façon de faire s’est perdue fin des années 1970
Si quelqu’un veut apporter des précisions ou des compléments d’information j’accepte volontiers tout commentaire.

A bientôt


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