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Dominique Labarrière | L’homme-nuage

Publié le 23 septembre 2016 par Angèle Paoli
« Poésie d’un jour

L’HOMME-NUAGE

Je suis l’homme-nuage
Jadis planté sur terre
À l’aube d’un jour levé.
Sur les spirales bavardes
Des bruissements cellulaires
Toujours j’ignore le repos.

Mon visage flotte sur
L’agitation mal rythmée
De ces ombres crispées :
Je suis le transparent
Qui traverse en silence
L’amer reflet des vagues du non-savoir
Et cela me déchire.

Je me mêle
Sans jamais me confondre :
Voilà la rigidité de mon corps
Et bafouillent de confuses excuses
Et s’éparpillent en ballet programmé.

Sans espoir ni désespoir,
Les yeux mi-clos,
Je me tiens immobile
Et on ne me voit pas,
Moi, l’homme nuage
Aux racines dissoutes.

Dominique Labarrière, « L’homme-nuage », Journal du Bout des Bordes, n° 4, in Visages, pour mémoire, Poèmes 1972-1987, coédition Le Castor Astral | Les Écrits des Forges, Collection Matin du Monde, 1988, rééd. 1992, pp. 53-54. Lavis de Colette Deblé (couverture et illustration).
Dominique Labarrière, Visages, pour mémoire



DOMINIQUE LABARRIÈRE

Dominiqie Labarrière

Source

NOTICE BIO-BIBLIOGRAPHIQUE (d’après une notice de Bernard Bretonnière)

Né à Paris le 5 août 1948, Dominique Labarrière (à ne pas confondre avec son homonyme écrivain Dominique Labarrière, dit aussi Jacques de Saint Paul, Tony Lengton ou Christian Laurac [pseudonymes communs à plusieurs auteurs], auteur prolifique de romans policiers, né lui aussi en 1948, le 18 février), est mort à Paris le 19 septembre 1991, seul dans une chambre d’hôtel, ayant vraisemblablement décidé de mettre fin à ses jours. Il a alors 43 ans.

Poète discret, doué d’une extrême sensibilité, il est notamment l’auteur de Nostalgie du présent (Éditions de l’Athanor, 1977 ; rééd. Le Nouvel Athanor, Les Cahiers du sens, 2002), du Sens du provisoire (Collection Inactualité de l’orage, Pierre Vandrepote éd., Paris, 1982), de La Pratique de l’émotion (Luneau-Ascot éditeurs, Paris, 1984), Une cure d’inefficacité (Mai hors saison éd., Bagnolet, 1986), Suite pour un absent (Brandes éd., Béthune, 1986), Visages, pour mémoire (poèmes 1972-1987, coédition Le Castor Astral et Écrits des Forges, 1988), Exploration de l’ombre (Unes éd., 1988), La Discipline des apparences (Unes éd., 1991), Une cure d’inefficacité (Mai hors saison éd., 1991), La Forme du vent (Karedys éd., Lodève, 1991), Éloge de Chet Baker : Dominique Labarrière, Rencontre sans lumière (Mai hors saison éd., 1991  ; revue Poésie - décembre 1991) et, publiés à titre posthume, Stations avant l’oubli (Mai hors saison éd., 1996) et L’Homme en guerre (entretiens de Dominique Labarrière, Hubert Lucot, Franck Venaille et Thierry Renard ; éditions Paroles d’aube, Vénissieux, 1996).

Proche de Jean-Yves Reuzeau, Dominique Labarrière donna de nombreuses et généreuses contributions, textes, poèmes, articles, entretiens et critiques (sur André Chabot, Franck Venaille, Frédérick Tristan, Danièle Givry, etc.) dans la revue internationale de poésie Jungle (1977-1999) et dans la revue Rue rêve (revue qu’il fonda avec Danièle Givry). En juin 2015, dans l’anthologie Ce qui est écrit change à chaque instant, 40 ans d’édition, 101 poètes, les éditions du Castor Astral ont republié son Élégie glacée (reflets d’avant le déluge) [Dérive n° 7/8, juin 1978], alternant vers libres et proses.

« Dominique Labarrière dévoile la souffrance de vivre "ces instants de grâce négative", cette mémoire volontaire de l’oubli, avec cette conviction — ô combien romantique — trop grave pour n’avoir pas à mentir… » (Serge Rigolet).




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