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Michel Bourçon | [Dès le lever, le corps sent le vide autour]

Publié le 14 octobre 2016 par Angèle Paoli

[DÈS LE LEVER, LE CORPS SENT LE VIDE AUTOUR]

D ès le lever, le corps sent le vide autour et ses craquements d'articulations, ses bruits organiques qui retentissent en lui. La journée durant, il se tiendra à la lisière des autres avec, à l'intérieur, cette inclination à l'échappement, pour finir, au soir, dans le vague où les yeux fixent la lassitude qui est une étendue en expansion. Michel Bourçon,
Ce qui nous incombe se lève avec le jour, éloigne ce qui compte à nos yeux. Sans dépasser l'insupportable, la lumière devient un refuge où nul cri n'est de mise et, puisque il y a les livres, les mains ne sont jamais vides, l'essor viendra de l'intérieur. Pour le moment, le monde a disparu autour, on est bien, là, dans l'entre -deux, à durer dans la lecture.
Rien ne vient dans le jour figé où nous continuons sans plus savoir ce que nous poursuivons, tant de gestes qui se précipitent et fondent dans le vide, de masques retirés pour d'autres, suspendus dans le temps que jamais nous ne rattraperons. Au soir, nous ne rejoignons qu'une dépouille abrutie de fatigue que rien ne console, pas même le vin. Nous sommes avec les choses, avec tout ce qui demeure dans le mutisme, demeurons sans réponse à cela que nous nommons vivre.
Demeure de l'oubli, Éditions p.i.sage intérieur, Collection 3,14 gr de Poésie dirigée par Yves-Jacques Bouin, 2016, pp. 61-62-63.

Michel Bourçon  |  [Dès le lever, le corps sent le vide autour]


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