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La crise identitaire, évacuée par les affaires

Publié le 22 avril 2017 par Observatoiredumensonge

Une seule certitude : la France révoltée n'en fera qu'à sa guise.

La crise identitaire, évacuée par les affaires
La crise identitaire, évacuée par les affaires

La crise identitaire, évacuée par les affaires

Par Ivan Rioufol

Une seule certitude : la France révoltée n'en fera qu'à sa guise. À une semaine du premier tour de la présidentielle, les sismographes s'affolent. Ils laissent envisager un tremblement de terre. Dans un sondage publié lundi (Le Figaro), Jean-Luc Mélenchon passe en troisième position (18 %) devant François Fillon (17 %), tandis que Marine Le Pen et Emmanuel Macron se disputent la première place (24 %). Ce bouleversement redonne espoir à la gauche, affaiblie par la révolution conservatrice. Après avoir promu le leader d'En marche !, puis enterré le candidat des Républicains, des scénaristes se prennent à rêver, avec Mélenchon, de la victoire d'un populiste à leur goût. Ces feuilletonistes oublient que l'éloquent communiste, qui a troqué sa veste pour la vareuse Père des peuples, entend faire les poches des petits-bourgeois qui l'applaudissent. Il est peu probable que l'opinion rebelle se soumette à ces coups de théâtre préfabriqués. Si insurrection il doit y avoir, elle passera par un pied de nez à la domination médiatique.
Tout est fait, dans cette campagne, pour brouiller la vue de l'électeur furieux. Les polémiques annexes ont pris le dessus sur les débats de fond. Cette semaine, c'est la responsabilité de la France dans la rafle du Vél' d'Hiv' (1942) qui rallume les passions, après que Marine Le Pen a contesté, dimanche, la continuité de l'État dans le régime de Vichy. Cette prise de position, qui fut celle du gaullisme avant d'être corrigée par Jacques Chirac (1995), est prétexte à un déchaînement contre le passé frontiste. Un stupide procès en négationnisme est alimenté par la gauche. Mais elle-même s'est massivement déshonorée dans la Collaboration qu'elle dénonce. Les affaires, que juges et journalistes accrochent aux basques de Fillon et Le Pen, sont d'autres procédés qui rendent inaudibles leurs programmes. Ces diversions ont évacué la crise identitaire qui, partout en Europe, taraude les peuples fragilisés par la mondialisation. Il est peu probable que le déni des réalités fasse encore recette.
Plus la pression de l'islam apocalyptique s'accentue, plus s'épaissit le brouhaha organisé. L'attentat commis à Stockholm, vendredi, par un djihadiste ouzbek au volant d'un poids lourd (4 morts) n'a surpris que ceux qui démentent, contre l'évidence, l'échec du modèle multiculturel choisi par la Suède dès 1975. En Égypte, les carnages (45 morts) dans l'église Saint-Georges, à Tanta, et à l'entrée de la cathédrale Saint-Marc d'Alexandrie, lors du dimanche des Rameaux, n'ont guère ému sur le génocide des chrétiens d'Orient. Leur éradication annonce pourtant d'autres barbaries contre la civilisation occidentale. Les bombes contre l'équipe de football de Dortmund (Allemagne), mardi (un joueur blessé), sont des actes de guerre parmi d'autres. Si Mélenchon portait, lors de son meeting marseillais de dimanche, un rameau d'olivier à la boutonnière, le " président de la paix " s'est gardé d'évoquer ces morts et leurs assassins. La minute de silence qu'il a réclamée fut seulement destinée à la mémoire des immigrés qui font naufrage en Méditerranée.
Rien n'est plus universel que la lâcheté devant les crimes revendiqués. Celle qui s'étale ne peut que révulser les Français qui rejettent les enfumages du Système. L'islamisme est, après le communisme et le nazisme, le nouveau cancer de l'Europe, n'en déplaise aux pleutres et aux traîtres qui hurlent au fantasme. Ceux qui ne veulent voir d'antisémitisme que dans les rangs du FN laissent prospérer la haine antijuive produite par une culture coranique cadenassée. La marche blanche organisée dimanche à Paris en mémoire du docteur Sarah Halimi, juive défenestrée par son voisin, islamiste " déséquilibré ", s'est heurtée à de jeunes propalestiniens qui scandaient : " Nous avons nos Kalach. " Cette scène n'a pas été plus commentée que la note de la Direction centrale de la sécurité publique révélée par Le Figaro : elle alarme sur l'emprise salafiste dans les " quartiers sensibles "mais aussi dans des petites villes, comme Montluçon. Seuls Fillon et Le Pen abordent ces défis, qui ne passent pas la censure de la plupart des médias.
Les oubliés ont la clé
La gauche irénique refuse l'effort de lucidité sur l'état de la France. Il est vrai que son immigrationnisme, qui a déteint sur la droite honteuse, est au cœur des désastres. Il serait néanmoins surprenant que les " progressistes " tirent profit de leurs erreurs. Ceux qui voient Macron (1) à l'Élysée survendent la face attrayante du personnage : sa jeunesse, son optimisme, son agilité intellectuelle. Mais il y a trop de creux, de flou, de faux dans cet avatar du hollandisme. Il a été conçu pour recycler un bougisme sans repères. Quand le chéri des médias assure (Causeur) : " Je crois profondément que la France n'a jamais été et ne sera jamais une nation multiculturelle ", il applique la politique de l'autruche en œuvre depuis trente ans. Récuser le fait multiculturaliste, qui s'impose à qui a des yeux pour voir, revient à l'accepter. Les trucages du jongleur, porté par les propagandes anti-Fillon et anti-Le Pen, pourraient accélérer sa glissade entamée.
Les créatures médiatiques ont du mouron à se faire. Les forces qui soutiennent Macron sont celles qui ont été balayées aux États-Unis avec l'élection de Donald Trump. L'éviction de Hillary Clinton a aussi été celle des alliances entre le multiculturalisme et la Silicon Valley, l'antiracisme et Wall Street, la défense des droits LGBT et Hollywood, comme le remarque (Le Monde, 9 avril) la philosophe américaine Nancy Fraser. En France, un même mépris des élites pour le peuple attise un semblable ressentiment. Contrairement à ce que le leader d'En marche ! assure en disant vouloir dépasser le clivage gauche-droite, il est le candidat des privilégiés, à l'aise dans la mondialisation et le libéralisme sociétal. Seuls 15 % des électeurs issus des " classes défavorisées " voteraient pour lui. Ce sont ces oubliés des médias et des sondeurs qui détiennent la clé du scrutin.
L'hypothèse Macron-Le Pen
Reste la question qui dérange : en cas de duel final Macron-Le Pen, quelle sera l'attitude de la droite ? " Je ne partage pas la même vision de la société que Fillon ", a admis Macron, sur France 2. Dans son meeting Porte de Versailles, dimanche, Fillon l'a abondamment fait siffler. Mais la salle s'est gardée d'approuver les rares assauts contre Le Pen. Des ponts existent entre les deux électorats. Le nier ne servirait à rien.

La crise identitaire, évacuée par les affaires
IVAN RIOUFOL

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