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Le chevalier Lanval, aimé d'une fée

Publié le 10 mai 2017 par Perceval

Depuis les romans médiévaux jusqu'au récent naufrage du Costa Concordia , les hommes sont censés risquer leur vie pour sauver les femmes en détresse. Les hommes devraient également fournir de l'argent et des biens pour les femmes …Launfal-Tryamour-[Kinuko-Y.-Craft]

Dans ce lai (court poème narratif) : “ Lanval ”, Marie de France raconte l'histoire d'une femme, d'une héroïne, qui sauve un chevalier de l'isolement social et de la persécution injuste . Cette femme, ose exprimer un désir érotique, elle est également riche, et fournit au chevalier ce qui est nécessaire pour tenir son rang. Une autre femme, tente de séduire le même homme, et devant son refus, se venge.

A moins que l'on préfère annoncer ce lai ainsi: c'est l'histoire d'un chevalier d'Arthur, qui rencontre une fée d'une incomparable beauté et en tombe éperdument amoureux. Celle-ci exige, comme toutes les fées amantes du folklore, le respect d'un interdit. …

The Fairytales of George MacDonald

Sans doute, il est préférable, que vous vous fassiez votre propre idée. Je ne peux que vous engager à lire ce court récit, ou l'entendre raconter …

Si vous ne l'avez pas encore fait, ou ne le ferez pas … Bon, sachez que:

Le roi Arthur distribue à ses chevaliers des terres, de l’argent et des femmes. Mais il oublie Lanval. … Il n’est donc aimé ni du roi, ni d’une femme et par conséquent il est aussi 'oublié' par ses anciens compagnons, les chevaliers de la Table Ronde. Le chevalier désespéré quitte la ville. Au bord de la rivière, il se livre tout seul à sa mélancolie , et c'est le passage de la réalité et la merveille...

launfal et Guenièvre

Guenièvre et Lanval

Deux demoiselles d’une grande beauté, le conduisent auprès de leur dame, couchée dans une tente, et la plus gracieuse créature que le chevalier n’ait jamais vu. La mystérieuse jeune femme lui offre son coeur et ses richesses en échange d’une promesse : Lanval ne doit jamais dévoiler à quiconque qui est la gente dame qui a ravi son coeur, sous peine de la perdre à jamais.

De retour au château, le noble homme reçoit les avances de la Reine, mais celui-ci les rejette, n’ayant en tête que l’amour que lui porte sa tendre amie. Furieuse et déçue, la souveraine sous-entend que le chevalier préfère la compagnie des beaux jeunes gens, mais face à cette accusation Lanval s’emporte, avouant qu’il aime la plus belle femme du monde, modèle de courtoisie et de bonté. Lanval regrette aussitôt ses paroles, car par ces mots il vient de briser le serment fait à la demoiselle de la forêt. De plus, la Reine, se sentant humiliée par ces paroles, demande justice au Roi, qui ordonne à Lanval de prouver ses dires sous peine d’être brûlé ou pendu …

circlet (by N.C. Wyeth)


Lancelot, et Chrétien de Troyes sont bien plus connus, que Lanval et Marie de France. Les deux auteurs vivent à la même époque, mais leur vision semble s'opposer.

Marie de France, présente au travers de ses histoires, des versions plutôt critiques et opposées aux aventures traditionnelment racontées sur la cour du Roi Arthur. Là, les femmes apparaissent comme des biens, que le roi s'autorisent à donner aux meilleurs de ses chevaliers... Là des chevaliers sont “oubliés” alors que leur richesse s'épuise... Là, c'est une parodie de justice...

Lady Love (Minne) shoots an arrow on the Lover. Detail of a painting found on the inside a boxlid, Germany, c.1320.

Marie de France, confronte les défauts du monde arthurien ( et celui dans lequel elle vit) au fonctionnement idéal de l'Autre Monde féérique.

Dans le Lai de Marie, Merveilles et amour dominent, comme le pouvoir des femmes. Guenièvre ne craint pas l'adultère, et l'organise; puis quand Lanval rejette ses avances, elle se venge, en toute malhonnetété. Elle parvient à manipuler Arthur, et ses codes juridiques.

Cette fois-ci, c'est une femme ( aussi fée, soit-elle ) qui arrive sur son palefroi blanc, alors que le jugement semble défavorable, presque comme un champion chevaleresque dans un combat.

Lanval disparaît dans un monde intemporel, celui du désir assouvi et de la richesse illimitée, de la plus ancienne tradition celtique...  


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